Comment améliorer la qualité de vie au travail avec la démarche « entreprise en santé » ?
La démarche de santé et qualité de vie au travail est une démarche canadienne adaptée aux entreprises françaises. Elle propose d’intégrer, sur le long terme, la promotion de pratiques organisationnelles favorables à la santé en milieu de travail dans les stratégies d’entreprises. Le concept de santé est ici compris dans une perspective globale de santé physique, psychologique et sociale. L’objectif est d’implanter de manière opérationnelle des actions en faveur de la santé globale qui auront un effet sur les performances de l’entreprise et l’engagement des collaborateurs.
Richard Lavergne, directeur du développement de Psya, rappelle quelques chiffres important.
- Le stress lié au travail coûte aux entreprises américaines plus de 30 milliards de dollars par an (Pazzanese, C. « The high price of workplace stress », Harvard Gazette, 2016).
- 1 travailleur sur 5 se sent extrêmement stressé en raison du travail ou de ses finances. (Lockton Retirement Services, « Finding the links between retirement », Stress and Health, 2016).
- 1 travailleur sur 4 se déclare stressé en Europe. (Rapport commun EU-OSHA et Eurofound publié en 2014).
- 22 % des salariés en France déclarent être régulièrement confrontés à un ou des comportements hostiles : marques de mépris, dénis de reconnaissance ou atteintes dégradantes (analyse DARES, juin 2010, enquête Sumer 2010).
- 50 % des infarctus seraient dus aux stress (source Lancet 2012).
L’affaire de tous
Au Canada, la santé globale est bien comprise par l’entreprise comme par le collaborateur. C’est une action volontaire qui, pour l’entreprise, augmente sa productivité et donc sa rentabilité et, pour le collaborateur, diminue les risques de maladies chroniques ou non et améliore son bien-être.Pour accompagner l’entreprise dans cette démarche « vertueuse », il existe au Québec une norme « entreprise en santé », la norme BNQ. Cette norme est un guide de bonnes pratiques à mettre en place sur 4 sphères d’intervention identifiées : les habitudes de vie, les pratiques de management, l’équilibre vie privée/vie professionnelle et l’environnement de travail. Les entreprises sont ensuite labellisées selon l’atteinte des objectifs dans chaque sphère.
Répondre aux obligations légales
« En France, c’est bien la réglementation et l’obligation faites aux entreprises qui les ont incitées dans un premier temps à prendre en compte les risques psychosociaux et la santé mentale de leurs collaborateurs », souligne Valérie Combette-Javault, responsable du pôle audit-conseil de Psya et psychologue du travail. L’entreprise agit sur l’activité de travail, les conditions de travail et d’emploi, répondant ainsi à la réglementation. Sa responsabilité est alors engagée.Si au Canada (et plus particulièrement au Québec), les entreprises agissent dans un premier temps sur les habitudes de vie (alimentation, activité physique, addictions…), en France on se saisit du sujet plutôt par les pratiques de gestion et le dialogue social. L’objectif final étant bien la santé globale sous tous ses aspects. Cela implique alors des pratiques quotidiennes favorisant le bien-être des collaborateurs en milieu professionnel et l’engagement de tous, entreprise et collaborateurs.
Les performances économiques intimement liées aux performances sociales
Quels bénéfices tirer de cette démarche ?Une diminution : de l’absentéisme, du renouvellement, des cotisations d’assurances de santé et de sécurité au travail (mutuelle, taux d’accident du travail en France), des assurances collectives (prévoyance en France), des effets du présentéisme, du nombre de griefs et de conflits de travail (dossiers contentieux internes et recours aux conseils de prud’hommes en France).
Une augmentation et/ou une amélioration : du climat de travail, de la motivation, de l’engagement, de la qualité du service aux clients et/ou aux citoyens, de la créativité, de la qualité des décisions.
Au Québec, le groupe Entreprises en santé suit les nouvelles études canadiennes sur le sujet et évalue le retour sur investissement de 1,50 à 3,80 dollars canadiens par dollar investi.
Afnor : une énergie volontariste
Laurence Breton-Kueny, DRH de l’AFNOR, embrasse la démarche québécoise depuis de nombreuses années, convaincue que la santé en entreprise est essentielle pour tous. Elle a mis en place une démarche globale de santé et bien-être au sein même du groupe Afnor en s’appuyant sur :
1. l’engagement de la haute direction,
2. l’implication de tous les partenaires,
3. une démarche structurée et intégrée,
4. des objectifs du programme liés à ceux de l’entreprise,
5. des communications efficaces,
6. l’évaluation du programme,
7. et un budget suffisant.
Outre l’engagement fort de la direction, un comité de santé piloté par la DRH a été mis en place, composé de la médecine du travail (médecin et infirmière), de représentants des instances représentatives du personnel (2 membres du CHSCT et 2 membres du CE), de personnel du groupe (2 managers de directions différentes) et de la responsable des ressources humaines.
S’inspirant de la norme québécoise, un dispositif structuré et bien intégré a été constitué pour chaque sphère d’intervention : un ou plusieurs animateurs, un budget, des objectifs liés à ceux de l’entreprise, un plan de communication et une évaluation.
Exemples :
- Dans la sphère « habitudes de vie » : promotion de la semaine « fraîch’attitude » touchant à l’alimentation pour petit à petit donner une connaissance des habitudes de vie saines.
- Dans la sphère « équilibre vie privée /vie professionnelle » : horaires variables, télétravail, co-voiturage, présence d’une assistante sociale et don de jours aux aidants…
Dans sa conclusion, Valérie Combette-Javault insiste sur quelques différences culturelles : « En France, il faut avant tout avoir travaillé le socle RPS avant de parler de qualité de vie au travail. De plus, notre attachement à nos libertés individuelles impliquent et imposent une confidentialité totale, l’anonymat des réponses aux différents questionnaires que nous administrons dans la phase d’audit et une participation basée sur le volontariat ».
Les intervenants Psya sont certifiés par l’Afnor compétences « consultant SQVT » et accompagnent les entreprises dans le déploiement de cette démarche.
- Santé au travail parrainé par Groupe Technologia
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