Paris 2024 : jeux pour les uns, mal-logement pour les autres
Parisien et demandeur de logement, c'est un sport de combat et d'endurance. Alors que la capitale se porte candidate pour des Jeux Olympiques qui exigeront des milliards d'investissements, une partie de la population parisienne vit dans l'enfer du mal-logement, sans plan d'urgence, sans solution pour obtenir le respect de ses droits.
Soixante mal-logés ont donc manifesté bruyamment, bloqués par les CRS à quelques pas de la Philarmonie de Paris, où Anne Hidalgo présentait le projet de candidature de Paris, cette seule candidature coûtant quelques 100 millions d'euros. Aux environs de 16h00, d'importants renforts de police nous ont évacués jusqu'au métro, alors que commençait la cérémonie : le mal-logement qui touche des centaines de milliers de Parisiens ne doit pas figurer sur les cartes postales officielles (voir la vidéo).
Mais il n'y a qu'une solution pour éviter d'avoir des mal-logés en lutte sur les photos : un logement pour tous.
Paris a apparemment les moyens de sa candidature si elle est retenue, le coût estimé des Jeux Olympiques se situerait en 4,5 et 6 milliards d'euros au minimum.
Six milliards d'euros, c'est le double de l'investissement annoncé sur la politique du logement jusqu'en 2020.
La ville monde pour tout le monde !
La ville monde pour tout le monde !
Pourquoi comparer ? Pour des centaines de milliers de Parisiens, le logement n'est pas une option, c'est une nécessité absolue. Près de 150 000 candidatures attendent dans les fichiers de demande de logement social et chaque rejet est un drame humain intolérable.
En matière de droit au logement, personne ne respecte les règles, ni l'Etat, ni la Ville. Chaque année, des gens meurent dans la rue alors que leur droit est inscrit dans la Constitution.
À deux pas de la Philarmonie et de la ville-prestige, le mal-logement fait rage.
On peut programmer et financer du rêve, mais seulement quand on fait déjà le strict nécessaire. Quand tout le monde a un logement décent, on peut construire des piscines géantes et un village pour athlètes de 17 000 places aux portes de Paris.
Mais aujourd'hui, une partie des Parisiens s'entasse à trois générations dans des appartements minuscules ; une partie des Parisiens est hébergée dans des hôtels à 40 km de Paris, une partie des Parisiens est menacée d'expulsions à cause des congés pour vente. Une partie des Parisiens ne mange pas à sa faim et ne se chauffe pas pour pouvoir payer un loyer privé hors de prix. Nous refusons l'inégalité affolante qui s'est développée et la Ville à double vitesse qui se construit sous nos yeux : s'il y a de l'argent pour des opérations de prestige ou pour les Jeux Olympiques, il y en a forcément pour les urgences sociales.
Les Jeux Olympiques à Paris font rêver. Mais si la politique du logement social ne change pas, si les élus parisiens continuent de faire beaucoup trop de logement intermédiaire et pas assez de logement très social, les Jeux Olympiques peuvent aussi devenir un cauchemar : celui d'une augmentation des prix de l'immobilier à cause des opérations urbaines qui auront lieu, comme cela a été le cas dans bien d'autres villes du monde. Actuellement, après des années de production de PLS en surnombre, le nouveau parc a des niveaux de loyers bien plus élevés que l'ancien. Petit à petit, le logement social devient moins social. Alors se loger en 2024 sera devenu encore bien plus difficile qu'aujourd'hui.
Si Paris peut faire les Jeux Olympiques, alors Paris peut loger tous les Parisiens.
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