Organisations
Renault : accord compétitivité après 2 ans ?
Deux ans après la signature de l’accord de compétitivité et devant les excellents résultats présentés par Carlos Ghosn, la CFDT-Renault s’interroge sur les bénéfices obtenus par les salariés en échange de l’énorme effort qui leur a été demandé pour éviter les licenciements et les fermetures dramatiques d’usines en vue d’améliorer la compétitivité de la marque en France.
Dans le dossier spécial de douze pages qu’elle vient de communiquer aux salariés de Renault (en ligne sur le site), la CFDT rappelle le difficile combat qui a été le sien en 2013 pour alerter les pouvoirs publics des dangers qui menaçaient la marque en plein déclin industriel et obtenir de la direction la négociation d’un plan de redressement de l’entreprise*.
Le bilan à mi-parcours de l’accord de compétitivité
Dans ce dossier, la CFDT examine et analyse de façon détaillée les résultats très significatifs déjà obtenus par l’entreprise deux ans à peine après la signature de l’accord de compétitivité :
- affectations de nouveaux modèles et de volumes conséquents aux usines françaises, leur permettant de retrouver très vite un niveau de compétitivité,
- retour de l’attractivité des véhicules de la marque avec en corollaire une augmentation significative des ventes mondiales.
La CFDT observe avec satisfaction et amertume que les changements qui ont permis ce revirement aussi rapide des résultats de l’entreprise étaient revendiqués par ses militants depuis des années. Une politique éclairée des dirigeants de Renault en France aurait à l’évidence pu préserver les salariés des années très douloureuses et des nombreuses périodes de chômage technique qu’ils ont endurés depuis 2008.
Le prix de l’effort et de l’engagement des salariés
Pour la CFDT, ces bons résultats qui étaient à la portée de l’entreprise confirment la responsabilité et la stratégie inappropriée menée ces dernières années.
À travers l’accord de compétitivité, les salariés ont joué le jeu et se sont formellement acquittés de leur engagement :
- augmentation du temps de travail de 6,5 % dans toutes les usines sans compensation financière,
- 8 260 départs volontaires et donc des pertes de compétences et une forte augmentation de la charge de travail,
- une modération salariale subie par l’ensemble des salariés.
La baisse significative des charges, dans les comptes de résultats depuis 2013, correspond bel et bien à une part conséquente d’efforts et d’investissements des salariés dans l’entreprise.
Côté direction, des engagements restent à honorer.
Si le bilan de mi-parcours est globalement positif et la compétitivité de nos sites est sur la bonne trajectoire, la CFDT pointe néanmoins certains engagements du contrat en retrait des objectifs initiaux.
Il reste 18 mois pour les honorer ! En effet, la capacité et la volonté de co-construction par un dialogue social modernisé avec certaines directions locales laisse à désirer et est contre-productif, l’instabilité de l’ingénierie pendant deux ans a été une perte de temps et d’énergie considérable, et enfin l’absence de stratégie clairement affichée de la construction d’une véritable relation dans la filière automobile est dramatique pour les bassins d’emplois et dans l’optique d’une vision sur le long terme.
Se sont autant de sujets dans lesquels la dynamique managériale peine à se mettre en place.
La CFDT, signataire du « contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social en France », jouera pleinement son rôle pour défendre sa signature et assurer un avenir aux salariés de Renault.
* Se reporter au diagnostic « Renault en danger ! » publié à l’époque par l’organisation aux éditions de L’Harmattan et au film retraçant les deux années de combat syndical des militants CFDT pour obtenir de Carlos Ghosn un changement radical de sa politique en France.