Organisations
AP-HP : 8 000 manifestants le 21 mai pour sauver ses RTT
À l’appel d'une large intersyndicale AP-HP, 8 000 agents se sont rassemblés devant le siège de l'AP-HP, dont environ 800 manifestants venus de La Pitié-Salpêtrière, 500 de Saint-Louis, 300 de Lariboisière et 400 d’Henri-Mondor (Créteil). Le taux de grévistes dans les hôpitaux avoisinait les 50 %.
Les agents se mobilisent contre le projet de réorganisation du temps de travail de la direction de l'AP-HP. Les sept syndicats de l'AP-HP forment une intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, SUD et UNSA car l'administration souhaite revenir sur l'accord RTT signé en 2002.
Les agents de l'AP-HP travaillent en fait 38 heures par semaine et le différentiel avec les 35 heures leur donne 18 RTT par an. C'est lié à la nécessité d'avoir un temps de chevauchement entre les trois équipes soignantes qui travaillent en 7h36 le matin et l'après-midi et en 10 heures la nuit.
Réduire le nombre de RTT, c'est réduire la durée quotidienne du travail. Or, les soignants n'ont aujourd'hui que 20 mn de chevauchement pour assurer les transmissions, soit moins d'une minute par patient. Descendre en dessous serait une perte de chance pour les patients.
Depuis dix ans, la durée moyenne d'hospitalisation a été divisée par deux : c'est un progrès important pour les patients. Mais inversement, la charge de travail a donc été doublée pour les infirmiers. Seuls les patients les plus lourds sont hospitalisés. Les autres sont traités en ambulatoire, en alternative à l'hospitalisation, en soins de ville.
- Les audits ont montré que les soignants de l'AP-HP font en moyenne 15 mn de bénévolat par jour, car ils restent au-delà de leurs 7h36 réglementaires pour finir les soins. Avec 75 000 agents, ce temps ni récupéré ni rémunéré correspond à l'équivalent de 420 équivalents temps plein pour l'AP-HP.
Si l'on diminue encore la durée quotidienne de travail « officielle », les soignants accepteront-ils de rajouter encore 30 mn de bénévolat ? L'AP-HP croit-elle que les infirmières d'aujourd'hui sont des bonnes sœurs ? Le slogan des infirmiers est pourtant « ni bonnes, ni nonnes, ni connes ».
Confrontés chaque jour à la maladie et à la mort, les soignants ont besoin de se ressourcer. Or, faute d'équipe de suppléance adaptée, les soignants doivent régulièrement revenir sur leurs jours de repos pour remplacer des collègues arrêtées. Avec de telles conditions de travail, le taux d'absentéisme quotidien est 9 % à l'AP-HP. Chaque année, 20 % des 18 000 infirmières quittent l'AP-HP. Jusqu'où irons-nous dans ce gâchis humain ?
Les statistiques publiées par la Caisse de retraite des hospitaliers prouvent :
- que 20 % des infirmières et 30 % des aide-soignantes partent en retraite avec un taux d'invalidité,
- et que l'espérance de vie d'une infirmière est de sept ans inférieure à celle d'une femme en France (78 ans au lieu de 85).
Le personnel de l'AP-HP refuse l’aggravation des conditions de travail, de la vie personnelle et de famille déjà fortement malmenée du fait du manque d'effectif. Il réclame des moyens supplémentaires pour maintenir la sécurité et la qualité des soins.
Pour cela, il a prévu une nouvelle journée d'action le jeudi 28 mai, avec une manifestation à 11h00 devant le siège de l'AP-HP.
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