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30 % des salariés de Canal+ vont bouger en quelques semaines
Ils seront plus de 800. Non, ce n’est pas un remix de la chanson de Jacques Brel, ni du nombre de salariés remerciés en 2013. Il s’agit simplement des salariés qui vont être concernés par un déménagement dans les prochaines semaines.
On adore déménager à Canal+. Au sens propre comme au sens figuré, Canal+ déménage de plus en plus fort, de plus en plus vite, comme sur un manège devenant fou. Le tourbillon des mouvements risque d’en emporter plus d’un vers des abîmes du mal-être ou, pire, vers le « burn-out », un phénomène qui tend à se généraliser à tous les étages, dans tous les secteurs.
Car, à y regarder de près, si certains de ces déménagements sont justifiés lorsqu’ils consistent à regrouper des équipes éparpillées (Canal OTT par exemple), ils constituent souvent un alibi trop facile pour déstructurer des équipes ou décourager de nombreux salariés. Dans le cas présent, 30 % des salariés de Canal+ vont bouger en quelques semaines. Une folie !
Raisons d'économies bien sûr encore. Nous rendons à leurs propriétaires quelques baux, comme le bâtiment Eiffel 2. Mais si le bail disparaît, les salariés, eux, restent… Enfin normalement et ils vont tenter de survivre.
Entassons… La promiscuité n'est-elle pas source de créativité et de découverte de ses collègues ? De la place, nous allons en gagner. Certains services vont en effet voir leur espace vital chuter de moitié, passant de 10 m2 en moyenne par salarié à 4 ou 5 m2. C’est le cas par exemple de certains services de la finance : en traversant la Seine, ces salariés vont baigner dans la sérénité et la volupté.
Une dégradation de l’environnement de travail que de trop nombreux salariés subissent déjà. Il suffit de jeter un œil à certains étages du site Arcs-de-Seine pour comprendre. Aucune intimité, votre parole, vos communications téléphoniques sont partagées en permanence par tous ceux qui vous entourent.
Chacun peut ainsi, sans réserve, vous couper la parole, prendre part à la conversation en cours. Une véritable avancée sociale !
Conséquences : du stress supplémentaire, de l’énervement permanent, une incapacité à se dégager un espace d’intimité pour des communications qui le nécessitent... Des conditions de travail bien éloignées des règles administratives qui imposent un minimum de surface de survie dans ces « open-spaces ».
- Que disent les textes en la matière ? Les normes AFNOR NF X 35-102 prévoient un minimum de 10 m2 par salarié, y compris pour les espaces collectifs et de 15 m2 si l’activité des salariés est fondée sur des communications verbales. C’est-à-dire une grande majorité de salariés de Canal+.
- L'Inspection du Travail a d'ailleurs rappelé cette recommandation à la direction du groupe, le 2 décembre dernier. En visitant les locaux d’Arcs-de-Seine, elle avait formulé cette demande auprès du CHSCT de Canal+, complétant ce courrier par cette injonction : « vous veillerez à m’indiquer les mesures que vous comptez prendre pour répondre à ces problématiques... »
Depuis le 2 décembre 2013, rien n’a encore bougé. Mais soyons sereins, nous n’imaginons pas qu’une injonction de l’administration ne soit point respectée…
Les prochains déménagements programmés vont aggraver cette situation et contribuer à dégrader un peu plus les conditions de travail de centaines de collaborateurs.
La réduction des surfaces de bureau va-t-elle également concerner les plus hautes sphères de l’entreprise ? Rien n’est moins sûr. Si le petit peuple de salariés peut et doit faire des efforts, l'exemplarité n'est pas encore une règle partagée. Il faut attendre et espérer.
Décidément, cette nouvelle année démarre en fanfare : suppressions de postes, licenciements, réorganisations généralisées, climat social tendu et maintenant déménagements à tous les étages...
Que nous manque-t-il pour être totalement heureux et sereins ?
- Santé au travail parrainé par Groupe Technologia
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