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L'hôpital public en état de Grèce
La procédure imposée à l'hôpital est similaire a celle que le Fonds Monétaire International (FMI) et l'Europe imposent à la Grèce depuis 2008. L'austérité serait la seule solution pour résorber le déficit. Casser l'outil service public pour le livrer naturellement au secteur marchand.
L'objectif poursuivi par le pouvoir en place (les banques [1]) permet de transformer le citoyen utilisateur de services publics financés par la solidarité nationale en consommateur de services payants payés par l'utilisateur et financés par les banques et assurances privées.
Des pans entiers de l'hospitalisation publique sont ainsi abandonnés aux lois du marché. Le malade devient le consommateur de soins prisonnier de dépassements d'honoraires et de frais divers toujours plus élevés.
Une année sombre
Dans le cadre des règles de financement des hôpitaux, (toujours applicables sous le gouvernement en place), l'augmentation de l'activité d'un hôpital a pour curieuse conséquence de déclencher presque mécaniquement une diminution de ses tarifs facturés.
Pour les baisser de 0,84 % en 2013, la Ministre de la Santé a tablé ses calculs sur une hausse prévisionnelle d'activité de 2,8 %. Or, « aujourd’hui, la FHF constate, selon les informations dont elle dispose, que l’activité prévue et sur laquelle l’évolution des tarifs s’est basée est loin d’être au rendez-vous. Au mieux, elle serait étalée et pourrait, selon toute vraisemblance, être au même niveau que l’année dernière en fin d’exercice », écrit Frédéric Valletoux à la ministre [2].
Sans coup de pouce tarifaire rapide, le président de la FHF pronostique une fin d’année sombre avec « déficits hospitaliers importants », « difficultés de trésorerie préjudiciables aux fournisseurs » et « mesures d’économies drastiques pouvant toucher à l’emploi et à la qualité des soins ».
Nous y sommes...
Comprenons : l'enveloppe nationale de dépenses de l'assurance maladie (ONDAM) est une enveloppe fermée qui évolue d'environ 2 % par an. Si une épidémie de grippe s'abat sur le territoire et provoque une explosion des dépenses (comme la dernière pandémie - 1 milliard d'euros), alors les autres dépenses de santé devront être réduites en conséquence.
Par ailleurs, comme nous venons de le voir ci-dessus, du fait de l'augmentation de l'activité hospitalière, les tarifs diminuent. C'est la logique de la tarification à l'activité dans le cadre d'une enveloppe fermée que le gouvernement actuel observe avec dépit.
- La réalité sur le terrain
Pour pratiquer des actes de soins, chirurgicaux ou de réanimation etc., des personnes qualifiées et en nombre, des ressources énergétiques et des moyens matériels adaptés sont indispensables.
Ces dépenses subissent une inflation plus ou moins importante. L'électricité, les charges sur les salaires qui augmentent forment des coûts réels qui s'imposent. À l'hôpital, ces coûts, fixés au plan national, ne tiennent aucun compte des évolutions réelles.
Aucune entreprise ne pourrait survivre si elle était obligée de facturer un produit à un prix inférieur à son coût de production. C'est pourtant ce qui est imposé à l'hôpital.
Il se voit contraint de réduire ses effectifs, l'entretien de ses équipements, ses investissements, d'abandonner la qualité qui a fait sa réputation pour laisser place à des procédures dégradées qui sont désormais communément admises des directeurs jusqu'aux ministres.
La réduction des moyens consacrés à l'hôpital public est une volonté politique et il est pathétique de voir les bourreaux se pencher sur le sort de leurs victimes lorsque, ça et là, un bébé décède, un agent hospitalier se fait agresser, une personne âgée meurt seule et abandonnée.
Donner les moyens aux missions du service public hospitalier, c'est assurer l'égalité de tous face à la maladie, la souffrance et la mort.
Il faut 1,5 milliard pour les hôpitaux, soit 0,5 % de prélèvement sur les grosses fortunes.
- Or, aujourd'hui, selon la fédération FO des services de santé, il manque un peu plus d'un milliard d'euros par an pour que les hôpitaux publics puissent fonctionner dans de meilleures conditions. Mais c'est la crise, répond le gouvernement. L'austérité est incontournable !
Dans le même temps, d'après le classement de la revue Challenge, les 500 plus grosses fortunes françaises cumulent un patrimoine de 330 milliards d'euros en 2013, un chiffre en augmentation de près de 25 %. Les dix premiers du classement ont vu leur fortune croître de 30 milliards en douze mois, à 135 milliards (40 % du total).
[1] Au nom de la loi, je vous endette
[2] La FHF demande la revalorisation des tarifs des hôpitaux dans un courrier adressé à Marisol Touraine (site FHF), publié le 28 juin 2013.