Un peu plus de deux années après notre initiative « Et voilà le travail », qui avait réuni plus de cinq cents militants de terrain des syndicats de l’Union syndicale Solidaires en mars 2010, issus du privé comme du public, de petites et de grosses entreprises, qui avaient ainsi pu échanger et débattre de leurs conditions de travail, de la santé au travail et du travail, où en sommes-nous aujourd’hui ?

Du côté des travailleurs, la situation a continué de se dégrader de manière forte. Le modèle libéral à l’œuvre depuis plus de trente ans et l’accentuation de la crise et de ses conséquences ont accru l’intensification du travail, la mise en concurrence des salariés à la fois entre entreprises mais aussi en leur sein même. Précarité, sous-traitance, plans sociaux, révision générale des politiques publiques, c’est  sous une pression constante que les travailleurs du public et du privé essayent de faire face et tentent comme ils le peuvent de faire « leur » travail.

Les exemples sont nombreux et la situation de dégradation s’est étendue aujourd’hui à l’ensemble du salariat, y compris celui du public présenté par certains comme protégé. Quelques cas récents soulignent la gravité de la situation. À Montpellier, une enseignante s’immole par le feu en pleine cour de récréation devant l’ensemble de la communauté éducative. Dans le Nord, un inspecteur du travail, après une première tentative de suicide l’été dernier, est retrouvé pendu.  Ces dernières semaines, plusieurs postiers ont attenté à leurs jours. Ces derniers mois, plusieurs douaniers utilisent leurs armes de service pour mettre fin à leur vie.  Malheureusement, nous pourrions poursuivre et multiplier cette comptabilité macabre.     

• Pendant ces deux années, nous ne sommes pas restés l’arme aux pieds et avons continué de construire un réseau de militants autour des questions centrales de la santé au travail. Ce réseau existe en interne avec une multiplication de formations syndicales, des outils pratiques mis à disposition avec un bulletin régulier, des fiches pratiques pour les militants et les travailleurs. Il existe en externe aussi avec de nombreuses associations, des chercheurs, des médecins, des ergonomes et des professionnels de ces questions.

Dans de nombreux secteurs, l’action s’organise, dense et féconde, à l’inspection du travail, à l’Office national des Forêts, à la Poste. Ces premières batailles sont considérables après ce premier moment de stupeur qui nous avait tous frappés. Il s’agit pour nous désormais de les faire converger et s’amplifier pour ne plus perdre notre vie à la gagner.     

L’ampleur des dégradations est considérable. Les suicides ne sont que la partie visible d’une situation de plus en plus inacceptable. Pour les équipes syndicales, l’essentiel aujourd’hui est d’organiser la riposte à la fois en engageant des batailles globales mais aussi en multipliant « sur le terrain » la reconstruction des collectifs de travail… La construction d’un syndicalisme de terrain, à l’écoute des salariés reste pour Solidaires un axe central…

Plus d'informations sur notre bulletin mensuel « et voilà » :  http://www.solidaires.org/article40423.html