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16 / 08 / 2011 | 1 vue
Brigitte Font Le Bret / Membre
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L'hôpital entre la vie et la mort

Ce qui c’est passé au Centre des Urgences de l’hôpital de Bayonne amène des réactions bien légitimes dans les médias et vient nous interpeller individuellement dans notre propre rapport à la mort. Il semble à ce titre que les soignants et les familles méritent tout notre soutien mais un soutien dans la modestie, la pudeur et exempt de tout jugement. À mon avis, c’est en réfléchissant  collectivement que nous avancerons. C’est la question même de l’humain qui est au cœur de cette problématique : oui comment, à ce jour, notre société traite-t-elle un être de sa naissance à sa mort ?

Une souffrance éthique

Le médecin est à plusieurs reprises à la croisée de ce destin car chaque être humain est unique, porteur d’une histoire singulière, familiale, sociale et historique. Le médecin et, de manière plus large, notre système de santé possèdent-ils  encore tous les moyens pour exercer cette mission? Pour avoir travaillé moi-même en service d’urgences psychiatriques, ma réponse est claire : Non, nous n’avons plus les moyens de bien faire notre métier et la souffrance éthique partagée par de nombreux confrères et soignants mérite une analyse fine et une réponse rapide, au risque de voir se multiplier les formes cliniques de la souffrance au travail. Il y a à ce jour suffisamment de burn out, de tentatives de suicides, de suicides pour ne pas crier au secours.

La nouvelle gouvernance à l’œuvre dans notre système de soins est-elle compatible avec un accompagnement digne entre la vie et la mort ? La solitude du soignant, la vitesse d’exécution de son activité de travail, la rentabilité exigée ne permettent plus les échanges en équipe sur les modalités de prise en charge, les supervisions qui permettent à chaque soignant de mieux travailler, en évitant les conséquences psychiques du rapport à la souffrance au patient.

Tempo de la bourse

Alors parler de Bayonne, c’est s’interroger sur l’évolution de notre système de soins, la réduction drastique du nombre de personnel, la fermeture d’unités, le turn-over du personnel, l’organisation du travail et les tâches demandées à chacun. Il est urgent de remettre l’humain au cœur de nos préoccupations alors que le tempo médiatique de ces dix derniers jours aura été celui des places boursières. Notre système lui-même ne produit-il pas la mort ? Combien à ce jour d’êtres humains sont-ils entre la vie et la mort ?

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