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25 / 05 / 2011 | 13 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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La Poste en flagrant délit de baisse de qualité

Le nombre de réclamations adressées à la direction de La Poste par des usagers mécontents a plus que doublé entre 2007 et 2010.

Les réclamations auprès de la direction postale sont passées de 417 237 à 862 538 de 2007 à 2010, selon l’Autorité de régulation de La Poste et des Télécommunications (ARCEP), soit une hausse de 106 %.

C’est en 2010, année du changement de statut de l’ancienne administration publique en société anonyme, que le nombre de réclamations a le plus augmenté.

L’ARCEP constate une « baisse marquée de la qualité du service universel postal » en 2010, dans un communiqué du 6 mai.


Trois jours plus tôt, le 3 mai, La Poste avait annoncé la création d’un nouveau système de courrier « rapide » à deux vitesses. L’usager devra payer 60 centimes à partir du 1er juillet (au lieu de 58 actuellement), s’il veut que sa lettre (de moins de 20 grammes) soit acheminée à J+1.

À partir d’octobre, il pourra trouver des timbres à 57 centimes, mais sa lettre mettra alors 24 heures de plus pour arriver à destination. Cette nouvelle offre vient s’ajouter au tarif économique de 53 centimes déjà existant, dont on peut craindrebdu coup la disparition prochaine. En clair, elle sert à masquer l’augmentation du prix du timbre.

Mais la direction de La Poste insiste sur l’aspect « plus économique et plus écologique » de cette nouvelle formule, arguant que les lettres à 57 centimes ne seront pas transportées par avion, sauf pour la Corse et les DOM.

Michel Pesnel, de la fédération FO Com, explique : « On peut s’interroger sur la pertinence de l’argument écologique car ce qui ne sera pas transporté par avion le sera par camion, ce qui entraîne un autre type de pollution, plus directe, et un risque accru d’accidents ». La ficelle est si grosse que l’ARCEP elle-même a dû lancer une mise en garde en déclarant que « la livraison à J+2 ne doit pas se traduire par une dégradation de la qualité du service de la lettre prioritaire », le J+1 étant imposé par la loi.

  • La direction de La Poste invoquant les aléas climatiques pour justifier les mauvais résultats de 2010, le régulateur a annoncé qu’il examinerait, avec la direction de l’entreprise, « dans quelle mesure ces aléas expliquent la baisse constatée de la qualité de service et quelles sont les autres causes ».


Le personnel, lui, sait depuis longtemps de quoi il retourne. Le 29 mars dernier, lors d’une grève nationale, la fédération FO Com, dénonçant la course effrénée à la productivité et à la rentabilité, revendiquait l’arrêt des réorganisations des services et des suppressions d’emplois (11 700 en 2010, 6 000 prévues en 2011) et l’arrêt de la « sécabilité » pour les facteurs.

Ce système d’organisation du travail, mis en place en 2007, permet à la direction de ne plus remplacer les facteurs absents et de répartir leurs tournées entre ceux qui restent.

À Bondoufle, dans le sud de l’Essonne, une grève de deux jours, les 10 et 11 mai, à l’appel notamment de FO, a permis que le projet de fermeture du centre de tri soit gelé et que les négociations reprennent. Le transfert du tri sur le pôle industriel de courrier (PIC) de Wissous (au nord du département) entraînerait des centaines de suppressions d’emplois et des retards dans l’acheminement du courrier, en particulier dans la zone rurale du département.

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