Les arguments inexacts, tronqués et dénaturés de SEIU contre Sodexo
Le 26 janvier dernier, un article intitulé « Les dessous de la nouvelle offensive de SEIU contre Sodexo » a été publié sur Miroir Social. Cet article apportait des éléments intéressants, permettant de comprendre les manœuvres de SEIU. Il décryptait notamment, sur un point précis, la manière dont ce syndicat utilise un rapport de TransAfrica forum pour distiller des éléments à charge contre Sodexo. La campagne de SEIU fait écho à l’adage « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ».
- Pour appuyer sa dénonciation unilatérale de la supposée politique de l’entreprise, il s’appuie depuis près de deux ans sur une grosse demi-douzaine d’exemples précis (sur 380 000 collaborateurs dans 80 pays), toujours les mêmes, et sur un certain nombre d’affirmations, répétées en boucle, le tout habillé en « enquêtes » ou en « rapports », affublés des vertus d’une rigueur quasi scientifique...
Méthode abusive
Pourtant, au-delà de la méthode, pour le moins abusive, les affirmations et arguments utilisés par SEIU sont largement inexacts, tronqués et dénaturés, quand ils ne sont pas simplement mensongers.
Reprenons dans l’ordre… SEIU tente de relancer ses attaques en s’appuyant sur de soi-disant « nouveaux » éléments de preuves à charge d’un « nouveau » rapport publié par TransAfrica le 20 janvier dernier, fruit d’une « nouvelle » enquête menée par des investigateurs que l’on suppose ne pas être les mêmes que les précédents.
Le président de TransAfrica est par ailleurs très officiellement lié à SEIU. Ce rapport s’apparente largement à un copier-coller de ceux déjà produits à l’instigation de SEIU depuis plus d’un an. Il porte sur les mêmes cinq pays, sur la même demi-douzaine de situations isolées.
- Avec une grande rigueur, le rapport met par exemple en avant le cas de la Guinée, où les « enquêteurs » auraient recueilli les témoignages de 25 salariés de Sodexo, alors que l’entreprise n’y emploie que 19 collaborateurs au total.
Concernant les différentes allégations sur lesquelles se fondent le rapport : « le versement de salaires de misère partout dans le monde ». Dans tous les pays, Sodexo verse des salaires toujours au moins égaux au minimum légal. Plus précisément, par exemple aux États-Unis, plus de 90 % des salariés horaires ont une rémunération supérieure au salaire minimum obligatoire et le salaire moyen des employés de restauration et de services est supérieur de 40 % au salaire minimum fédéral.
« Non-paiement de certaines heures de travail »- Sodexo paie toutes les heures supplémentaires déclarées dans tous les pays du monde. Il existe dans la majorité des pays un système de pointage signé du salarié qui permet de constater le nombre d’heures effectuées. Et ce système est en développement dans les pays qui n’en sont pas encore équipés afin d'éviter tout litige.
- Sodexo a toujours reconnu le droit de se syndiquer et le droit de négocier collectivement. C’est l'une des valeurs du groupe depuis sa création. Par exemple aux États-Unis, Sodexo a plus de 300 accords collectifs avec 33 syndicats. Le taux de syndicalisation de ses salariés aux États-Unis est supérieur à 15 %, soit plus du double de la moyenne nationale.
Le rapport avance également des conclusions absurdes.
- En Guinée, des salariés de Sodexo déclarent que tous les employés guinéens doivent manger dans une cafétéria séparée de celle des Européens et des autres étrangers à la mine de Simandou. Or, Sodexo ne fournit aucun service de restauration sur le site de Simandou. La restauration est y est assurée par une autre société, avec laquelle Sodexo n’a aucun lien. Sodexo ne gère pas et n’a jamais géré les cantines sur ce site.
- En Colombie, il serait aujourd’hui demandé aux candidates à l’embauche qu’elles passent des tests de grossesse. Si cette pratique est effectivement légale en Colombie, Sodexo l’ayant en effet appliquée sur certains postes dans le passé, le groupe y a mis définitivement fin il y a plus de dix ans.
Des salariés de Sodexo travaillant à la mine d’or de Pueblo Viejo en République Dominicaine ont déclaré qu’ils gagnent à peine 244,30 dollars par mois, alors que dans tous les pays, Sodexo verse des salaires toujours au moins égaux au minimum légal.
Par exemple en République Dominicaine, toute personne ayant été dans l’entreprise 3 mois avant les augmentations a bénéficié d’une augmentation de 5 à 10 % de son salaire.
Un groupe ne peut prétendre à la perfection en tout lieu et à tout instant
Les exemples pourraient être multipliés pour, sur chacune des situations prises en exemple par SEIU, apporter des preuves concrètes de l’inexactitude sinon du caractère mensonger des informations qu’ils avancent.
- Un groupe de 380 000 collaborateurs sur 39 000 sites dans 80 pays ne peut prétendre à la perfection en tout lieu à tout instant. Des erreurs et des manquements isolés peuvent et pourront toujours être trouvés, cela ne fait pas une politique. En deux ans de campagne et malgré les moyens considérables qu’il y consacre, SEIU n’a d’ailleurs su en identifier qu’un nombre infime. Il en existe même sans doute plus.
En revanche, le groupe se fait un devoir de contrôler et d’évaluer le mieux possible le respect du droit du travail dans chacune de ses filiales et dans chacun des pays où il est présent. Chaque fois qu’une défaillance est identifiée, elle est immédiatement corrigée et, le cas échéant, sanctionnée.
Alors pourquoi cette campagne ?
Celle-ci ne s’inscrit pas dans le cadre d’un conflit social, mais d’une bataille syndicale. SEIU cherche à obtenir une position syndicale dominante sur le secteur de la restauration aux États-Unis, qui lui donnerait notamment accès à des revenus financiers considérables : c’est pour eux un investissement. En tant que leader américain, Sodexo est pour eux le terrain privilégié de cette bataille.
- Mais ce syndicat est confronté au rejet des salariés eux-mêmes : ils n’ont pu obtenir de représentation à l’occasion d’aucune des 12 élections syndicales organisées sur les sites américains de Sodexo en 2010.
Leur revendication première consiste donc à obtenir de Sodexo la reconnaissance de la procédure du « card check », pour accéder à la représentativité voire à l’exclusivité syndicale. Une procédure qui leur permet de s’affranchir du vote à bulletins secrets en lui substituant une procédure consistant pour le syndicat à obtenir les signatures à visages découverts des salariés. Et pour obtenir ces signatures, tous les moyens sont bons… Face au refus de Sodexo de renoncer à la liberté de vote de ses collaborateurs, SEIU a engagé cette campagne de dénigrement à travers le monde pour faire pression sur le groupe afin qu’il accepte le « card check » aux États-Unis.
Au final, les collaborateurs de Sodexo, eux, ne s’y trompent pas : selon le baromètre mené par un cabinet indépendant, 85 % d’entre eux jugent Sodexo meilleur employeur que ses concurrents.