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29 / 11 / 2010 | 9 vues
Pascal Pavageau / Membre
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D'« administration.gouv.fr » à « déshumanisation.org »

Lors du conseil des ministres du 24 novembre, le gouvernement a fait un point, naturellement positif, sur le développement de « l'administration numérique ».

Force Ouvrière rappelle tout d'abord que ce chantier répond à plusieurs des 524 mesures décidées dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Son but est bien de tenter de justifier la suppression de missions et d'emplois publics dans les domaines de l'accueil et du renseignement des usagers, en premier lieu au sein des services et administrations de l'État.

  • Un portail unique des données publiques, intitulé « Étalab », devrait être créé. Sans évaluation préalable, sans expression des besoins réels (s'il y en a), sans cahier des charges, il est censé favoriser la réutilisation des données publiques par des acteurs privés. Sa gestion par une structure privée est déjà envisagée !

  • Pour les usagers, cette « modernisation » rime avec déshumanisation.

Comme l'a récemment indiqué un rapport du Médiateur de la République : « Pas un jour, ou presque, sans que le Médiateur ne reçoive de réclamation concernant l'utilisation de sites internet ou de serveurs vocaux ». Avec ces outils, n'avoir que les touches proposées par un serveur vocal ou un site internet lorsque l'on est dans une situation complexe, d'échec ou de souffrance est vécu comme un abandon supplémentaire. C'est éloigner encore plus l'usager du service public et ainsi affaiblir encore davantage la qualité et les prestations de ce dernier.

  • Pour les agents publics, cette « modernisation » rime avec destruction.

Le stress des usagers, leur colère légitime à ne plus trouver personne ni obtenir de réponse, viennent aggraver la souffrance au travail des personnels du service public et la perte de sens et de valeurs qu'ils ressentent du fait des mesures de la RGPP.

Cette déshumanisation, cette individualisation forcenée, imposées tant aux usagers qu'aux agents publics conduisent à des drames humains (accidents par manque d'information, abandons de demandeurs sociaux ou d'emplois, arrêts maladie, suicides).

Cette dématérialisation intitulée « mon.service-public.fr » est en fait une destruction « NON.service-public.fr », symbolisant à nouveau l'attaque contre les fondements et les valeurs de la République.
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