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19 / 11 / 2010 | 3 vues
Trouillet Michel / Membre
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La face cachée de SEIU

Le syndicat américain Service Employees International Union (SEIU) poursuit sa guerre de communication contre Sodexo. Les récents propos de Michel Landel, patron du groupe, illustrent clairement cette « corporate campaign » : « Nous sommes face à une lutte d’influence syndicale, pas à un conflit social ». Une lutte d’influence dont l’objectif est principalement financier. Pour cela, SEIU utilise tous les moyens dont il dispose, même les plus litigieux. En effet, si le syndicat américain reproche à Sodexo une différence entre ses discours et ses actes, la même critique peut être apportée à SEIU. Entre les discours et la réalité des actions de SEIU se distingue en effet une nette ambivalence digne de Dr Jekyll et Mr Hyde.

Une position dominante qui passe par Sodexo

SEIU cherche à acquérir une position dominante aux USA. Cette stratégie passe par l’obtention d’un accord syndical avec Sodexo. Pour cela, le syndicat cherche à détruire la réputation du groupe afin de le forcer à céder à ses revendications. SEIU s’attaque notamment aux trophées sociétaux du groupe et affirme que Sodexo a développé une politique hostile aux syndicats.

Il est toutefois moins connu que SEIU est également accusé de pratiques anti-syndicales. Un récent rapport du National Labor Relations Board (NLRB), agence fédérale indépendante garantissant les droits des employés, dénonce et dévoile les sanctions que SEIU a appliquées à deux de ses adhérents qui voulaient se désaffilier pour adhérer à un syndicat rival. Ce dernier, le syndicat Unite Here, est le traditionnel interlocuteur de Sodexo au sujet des questions syndicales. De ce fait, il est également l'une des cibles de SEIU qui cherche à tout prix à s’emparer des employés de Sodexo affiliés à Unite Here.

Enjeux financiers

SEIU n’hésite pas à parasiter les fonds provenant des syndicats rivaux, comme l’a reconnu un juge fédéral dans l’affaire SEIU – United Healthcare Workers (UHW). De nouveau, il s’agit d’accaparer les ressources des adhérents afin de continuer la politique expansionniste de SEIU.

SEIU est également accusé de ne pas défendre l’intérêt de ses adhérents. L’exemple des employés du State Compensation Insurance Fund est révélateur des arrangements pris par le syndicat allant à l’encontre des intérêts des employés qu’il représente. Il est intéressant de noter que ces salariés ont entamé une procédure afin de se séparer de SEIU.

  • L’intérêt de SEIU dans la défense des employés de Sodexo réside essentiellement dans la masse salariale qu’ils représentent. Les nombreux employés du groupe aux États-Unis représenteraient en effet une source de revenus extrêmement importante. Dans la moitié des états américains, si la moitié des salariés veut se syndiquer, l’autre moitié est automatiquement obligée de cotiser également malgré son refus ! Sachant que la cotisation approche les 300 dollars par an et le nombre d’employés de Sodexo, la logique économique apparaît plus clairement que les revendications syndicales.

Que deviennent les ex-SEIU ?

Plus symboliquement, l’actualité professionnelle de l’ancien patron de SEIU est emblématique des réalités et des préoccupations principales du syndicat américain allant à l’encontre de ses discours officiels. Alors que SEIU a toujours mis sous surveillance critique le secteur du private equity, Andy Stern, ancien patron de SEIU siégeant au conseil de SIGA Technologies, travaille désormais main dans la main avec la firme MacAndrews & Forbes, actionnaire de SIGA Technologies. La réalité entre les revendications et les critiques des salaires de Sodexo et les 25 000 stocks options, dont Stern a bénéficié, est de nouveau illustrée.

En outre, il est intéressant de noter que SEIU, qui a largement milité en faveur de la loi sur la santé d’Obama, réclame désormais d’être exempt de l’application de cette loi. Si cette manœuvre attire à nouveau l’attention sur le double discours de SEIU, l’accord qui a été donné à ce syndicat montre également la puissance d’influence qu’à SEIU sur les démocrates. Car si SEIU fait tout son possible pour installer des démocrates au pouvoir, ceux-ci récompensent ensuite les éminents membres de SEIU en leur garantissant un poste élevé. Patrick Gaspard, ancien de SEIU est ainsi désormais « director of the office of political affairs » de l’administration Obama.


Les exemples qui écornent l’image de SEIU sont nombreux. Entre manipulations économiques et tractations politiques, la réalité de SEIU est donc bien différente de celle qu’elle tend et cherche à montrer.

  • Il apparaît clairement que SEIU raisonne comme une entreprise : logique financière, parts de marché de la représentation des salariés, lutte contre les concurrents etc.

La guerre de communication contre Sodexo relève d’une stratégie militairement appliquée et non d’un militantisme syndical classique. SEIU cherche à internationaliser son combat sur différents territoires, dont la France. Il sera intéressant d’observer les relations qu’entretiendront les syndicats français et le syndicat américain au regard de telles différences de moyens et d’objectifs.

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