Acte II - Ambition 2013 : le projet de fusion des maisons de champagne du groupe LVMH
Parce qu’il s’agit des plus beaux fleurons français que recèlent la Champagne (Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Ruinart, Krug…) et la région de Cognac (Hennessy). La météo sociale n’y est pas forcément favorable actuellement et personne ne peut dire quel en serait l’impact sur l’image du groupe lui même. En ces temps de crise, la prudence est de mise.
Parce qu’il s’agit de circonscrire les dégâts collatéraux d’une telle opération à l’intérieur du groupe et d’éviter que d’un débat interne on en fasse un débat public qui interpellerait la responsabilité sociale d’un capitaine d’industrie qui doit beaucoup à l’Etat français notamment quand il s’est agit de reprendre à un prix défiant toute concurrence le groupe Boussac sans lequel l’aventure LVMH n’aurait jamais eu lieu.
Aujourd’hui, la proie est belle pour qui veut continuer de jouer les premiers rôles dans l’univers des vins et spiritueux.
- « Vache à lait », comment peut-on appeler autrement la branche Moët-Hennessy du groupe LVMH ?
Avec des taux de marge opérationnelle supérieurs à 30 % depuis près de 10 ans, personne ne peut décemment soutenir que nous sommes là dans une activité en grande difficulté. La somme des profits dégagés se compte en milliards d’euros. Et pourtant !!! Dans un groupe côté en bourse cela ne suffit pas, il faut continuer de grossir, continuer de dégager du cash, continuer de rationner l’emploi…. continuer de réorganiser.
Ambition 2013
C’est l’objet du projet Ambition 2013 que de fusionner purement et simplement nos maisons au sein d’une nouvelle entreprise au « doux » nom mais sans aucune signification de MH Champagne & Services.
Pendant toute la procédure d’information-consultation on a voulu nous faire croire, que dans cette affaire, le seul objectif des actionnaires était de simplifier l’organigramme juridique des activités champagne.
- Les experts du cabinet Méric qui nous ont assisté tout au long de cette procédure, ont estimé l’économie annuelle à moins de 100 000 euros. Autrement dit une goutte d’eau dans un océan de profit.
Comment le groupe peut-il, à un moment où toutes les énergies devraient se concentrer sur nos marchés et ainsi faire face au recul de la production, semer le trouble chez les salariés pour 100 000 euros d’économie ?
Il est clair que chacun jugera de la pertinence des arguments avancés et il est tout aussi clair que cela ne contribue pas à jeter les bases d’un dialogue social qui soit à la hauteur d’un groupe qui revendique le leadership mondial dans les industries du luxe.
Malheureusement, entre temps, l’intégrité des maisons de champagne qui a permis de construire le succès que l’on connaît aujourd’hui aura été mise à mal.
Quelles en seront les conséquences sur la filière champenoise ? Comment notre territoire va-t-il digérer cette nouvelle restructuration ? Quelle spirale infernale cela peut-il avoir sur les autres maisons concurrentes qui vont chercher elles aussi, à leur tour, à répondre à une telle offensive ?
La profession semble se tenir à l’écart de cette opération croyant certainement pour certains en tirer partie et pour d’autres passer entre les gouttes.
On voit bien que le passage à l’acte… de vente de notre branche pourrait avoir de graves conséquences localement.
- Pour nous, les salariés, elle annoncerait une gestion à l’anglo-saxonne de quoi faire retourner dans sa tombe Dom Pérignon et de quoi inquiéter les salariés sur l’avenir de leur statut.
A suivre… Acte III : Et si les salariés avaient réussi à imposer une alternative ? La mise en place d’une Unité Economique et Sociale de la branche Champagne.