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28 / 01 / 2009 | 12 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Manif, mode d'emploi

« Ensemble face à la crise, défendons l’emploi, le pouvoir d’achat et les services publics », voilà pour le slogan de la banderole de la première ligne du « carré de tête » du défilé parisien du 29 janvier. Et pour le sous titre : « Arrêt des suppressions d’emploi et augmentation générale des salaires ». C’est sur le texte de cette banderole que les huit syndicats qui appellent à manifester le 29 janvier à Paris ont commencé par se mettre d’accord. Un exercice de style très consensuel pour ne fâcher personne à défaut de ne pas vraiment plaire à grand monde. Chaque mot est pesé. Impensable par exemple pour François Chérèque de défiler sous une banderole qui appellerait à l’interdiction des licenciements... D’autres auraient voulu une accroche revendicative plus offensive mais seul SUD appelle clairement à une grève générale.

A chacun sa place

« Il s’agit de s’entendre sur les règles d’une compétition équitable où chaque syndicat cherche à affirmer sa présence » - Jean-Paul Plottu, CFDT Il a ensuite fallu s’entendre sur l’ordre de la première ligne du défilé composée de deux représentants de chaque syndicat, soit 16 personnes. Après délibération, ce sera de la droite vers la gauche : CFTC, CFE-CFC, Unsa, CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaire. Les places centrales étant bien entendu les plus courues pour capter un maximum d’images. « Il s’agit de s’entendre sur les règles d’une compétition équitable où chaque syndicat cherche à affirmer sa présence », déclare Jean-Paul Plottu, le secrétaire régional de l’union régionale Île-de-France de la CFDT en charge d’organiser la manifestation parisienne. C’est à qui sortira le plus gros ballon à hélium (deux heures de gonflage pour les plus gros) à ses couleurs pour accrocher les caméras et accessoirement servir de repère pour les rassemblements. A Marseille, L’Unsa mise aussi sur sa sono qui est la plus puissante du département...

 

Mais les tractations commencent vraiment pour décider de l’ordre des cortèges qui suivent le carré intersyndical de tête. A Paris, FO a obtenu la première place. Suivent ensuite la CFTC, la CGT, la CFE-CGC, la FSU, la CFDT, Solidaire et l’Unsa. A Marseille, derrière le carré de tête, défileront dans l’ordre déterminé par les résultats des élections locales prud’homales, la CGT, suivie de FO, la CFDT, la FSU, l’UNSA et Solidaires. L’image de joyeux bordel qui colle à la plupart des manifestations cache ainsi une chorégraphie dont les règles se déterminent au cours de négociations qui confinent au marchandage.

Ensuite, chaque syndicat organise son carré comme il l’entend avec, là encore, une ligne de tête.  « Les revendications de la banderole de tête sont forcément consensuelles. Nous avons tout de même obtenu que l’augmentation des salaires soit générale. L’interdiction des licenciements sera en tous les cas à l’affiche chez nous », déclare Gabriel Gaudy, le secrétaire de l’union départementale de Paris pour FO.

La manifestation est-elle ringarde ?

" La question n’est pas de savoir si le défilé est ringard ou non. On ne retiendra que le degré de mobilisation » - Jean Grosset, UnsaMais le sempiternel défilé syndical ne commence-t-il pas à être un peu ringard ? Comment capter l’attention des médias ? Pas facile de trouver une alternative. Des actions « commando » seront bien organisées dans la matinée sur des sites automobiles mais la manifestation de masse reste le moyen d’expression plébiscité par les adhérents. « Multiplier les actions d’agitprop qui ne peuvent s’organiser qu’avec un nombre restreint de personnes présente le risque de marginaliser le collectif qui défile. Faire un coup médiatique avec 15 000 personnes est beaucoup plus compliqué », explique un militant. À quand la première « foule éclair » (flash mob) syndicale ? Selon Jean Grosset, « la question n’est pas de savoir si le défilé est ringard ou non. On ne retiendra que le degré de mobilisation. »

Il appartiendra d’ailleurs aux services d’ordre (SO) des différents syndicats de procéder au fameux comptage maison généralement au moins trois fois supérieur à celui effectué par la préfecture. Des militants du SO, identifiables à leurs brassards,  souvent équipés de protections individuelles, comme des coquilles et des gants, qui se rassemblent périodiquement pour s’entrainer à des extractions et autres blocages de rues. Pas de matraque, ni de bombe lacrymogène dans la panoplie officielle. Priorité à la prévention avec une attention particulière sur les jeunes...« C’est quand le cortège est immobilisé au départ, pendant et à la fin de la manifestation qu’il y a des risques d’échauffourées. Notre rôle est d’éviter cela, mais il faut sensibiliser les lycéens qui aiment faire des sittings », explique Jeannot Felden, secrétaire régional PACA de l’UNSA, en soulignant que le renouvellement générationnel conduit à repenser les modes d’action.

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