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Les compliments de Ryanair pour Charleroi ont un arrière-goût amer
Il n’aura peut-être pas échappé aux lecteurs réguliers du Miroir Social, que tout est loin d’être rose pour le personnel de la compagnie aérienne low-cost Ryanair, en Belgique. En l’espace de quelques mois, il a été question de tests de dépistage abusifs, de grève et de campagne syndicale contre Ryanair. Et pourtant, si l’on en croit le dirigeant de Ryanair, Michael O’Leary, Charleroi est le « meilleur élève européen ».
Le pire ? Il n’y avait aucun sarcasme dans ses paroles. Comme si le PDG était parfaitement conscient que les méthodes peu orthodoxes et difficilement recommandables de sa compagnie étaient vouées à lui attirer des ennuis. Effectivement, de l’Espagne à l’Angleterre en passant par l’Italie, il n’y a peu de pays d’Europe de l’Ouest où vole Ryanair sans être l’objet de controverses.
Si l’on en croit le rapport (en français) récemment publié par le cabinet britannique Air Scoop, le modèle économique de Ryanair est voué à lui attirer des ennuis. La compagnie s’est structurée autour d’une réduction des coûts tous azimuts, marchandant ses avions, sa maintenance, ses employés, au mépris des convenances et parfois même du droit. Si les passagers sont à la base des revenus de Ryanair c’est surtout grâce à leur volume. Ryanair « vend » le potentiel économique que représente ses clients à des annonceurs et des aéroports.
Et c’est bien là l'un des paradoxes majeurs de la compagnie. Ryanair, entreprise quasi-extrémiste dans son ultralibéralisme tire plus du cinquième de ses revenus de subventions publiques qu’elle touche par le biais d’aéroports régionaux. En somme, les contribuables européens paient pour une compagnie qui se moque royalement des pouvoirs étatiques et se fait régulièrement pincer pour contournement du droit social.
Le rapport d’Air Scoop est avant tout une analyse très « business » du fonctionnement de l’entreprise. Mais en lisant entre les lignes, transparaît dans le modèle économique de Ryanair une certaine idée du capitalisme ultralibéral européen. Une idée qui fait froid dans le dos.