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06 / 02 / 2018 | 60 vues
Elsa Fayner / Membre
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« La mécanique burn-out » : un documentaire sur France 5 pour aller voir derrière ce nouveau mot

De plus en plus fréquent, l'épuisement professionnel (ou « burn-out ») n’a pourtant pas d’existence médicale. Pour comprendre cet effondrement professionnel et personnel, j'ai réalisé un documentaire qui donne la parole à ceux qui l’ont éprouvé dans leur chair et dresse un état des lieux alarmant du monde du travail.

« Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait ». « J’allais droit dans le mur ». « Et le mur, je l’ai pris en pleine poire »… Ils sont cadres bancaires, cuisiniers, assistantes sociales, bergers ou encore responsables associatifs et le travail qu’ils aimaient a fini par les mettre à terre. « C’est comme si on traversait un feu. On ne voit rien extérieurement mais à l’intérieur on est dévasté », explique Brigitte. Ce mal qui ronge les salariés, c’est l'épuisement professionnel. Pour Danièle Linhart, sociologue du travail, « c’est un effondrement, une remise en question tellement importante de soi, de la confiance que l’on peut avoir en soi, de ce que l’on représente et de la valeur que l’on a. Elle est si violente qu’on ne peut plus retourner au travail ».

Afin de comprendre l’origine, les étapes et les caractéristiques de cette dépression particulièrement brutale liée au milieu professionnel, j'ai recueilli (en tant que journaliste) les témoignages de cinq « machines de guerre » au travail qui se sont effondrées : Brigitte, Hélène, Thierry, Frédéric et Jacques. Avec pudeur, chacun revient sur le jour où son cerveau a dit « stop » et tous évoquent un état d’épuisement profond. Ils racontent leurs symptômes (troubles de mémoire, problème de concentration, perte de poids soudaine, anxiété…), les conséquences sur leur santé et leur lente et difficile reconstruction. Ils essayent aussi de saisir les causes de leur chute et soulignent une surcharge de travail mais aussi des problèmes d’organisation ou managériaux, un manque de reconnaissance ou encore un conflit de valeurs.

Des méthodes de management toxiques

Cette souffrance psychique qui touche des salariés d’entreprises de secteurs et de tailles différentes n’est-elle pas aussi révélatrice de dysfonctionnements et de l’évolution des méthodes de management ? « On rend l’expérience et les compétences des salariés obsolètes par la pratique du changement permanent. On restructure sans cesse les services. On recompose les métiers sans arrêt. On change les logiciels. On impose des mobilités systématiques, des déménagements. On externalise. On réinternalise. Bref, on crée un mouvement perpétuel qui brouille tous les repères et qui fait que toute l’expérience constituée auparavant ne sert plus à rien […] C’est une logique qui est véritablement stratégique, pour faire en sorte que les salariés ne puissent pas s’opposer ou résister à ces nouvelles manières de travailler qui ont été concoctées par des cabinets d’experts et qu’ils soient obligés de se conformer strictement à la manière dont on veut qu’ils travaillent. Parce que c’est cela qui reste l’enjeu fondamental de la mise au travail capitaliste », condamne Danièle Linhart.

Depuis 2002, l’employeur a pourtant l’obligation de « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». Mais alors que l'épuisement professionnel est souvent vécu comme une véritable crise existentielle pour le salarié, peu d’entreprises acceptent de remettre leur organisation en question.

Documentaire diffusé mercredi 14 février 2018 à 20h50
Durée : 70 minutes
Auteur-réalisatrice : Elsa Fayner
Production : La Générale de Production, avec la participation du ministère du Travail et de France Télévisions
Pour en savoir plus : www.francetvpro.fr.

 

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