Organisations
La confiance entre les acteurs, clef d'un dialogue social performant pour l'entreprise et ses parties prenantes...
Les entreprises sont en permanence confrontées à de nombreux défis pour rester dans la course, maintenir ou adapter leurs activités ou encore créer de nouvelles activités en particulier liées à la transformation numérique. On parle souvent d'agilité, de réactivité et le dialogue social, qui nécessite un peu de temps, peut alors être perçu comme facteur de lenteur ou vécu comme une course d'obstacles.
Pourtant, le dialogue social peut aussi être un facteur de performances et un formidable levier d'accélération, moins visible, pour embarquer tout le monde notamment dans des périodes plus « chahutées » pour l'entreprise et ses parties prenantes internes.
Toutefois, le dialogue social et ses différents vecteurs d'exercice que sont les processus d'information-consultation des instances de représentation du personnel ou de plus en plus et selon les cas de négociation ne peuvent fonctionner et produire des résultats utiles pour tous que si les acteurs se font confiance et se respectent en vitesse de croisière.
Au pied du mur...
C'est malheureusement là que, plus ou moins ouvertement d'ailleurs, le bât blesse. Que n'entend-on pas pour louer les vertus du dialogue social, alors qu'au pied du mur des actes moins vertueux, plus expéditifs, résultant dans le meilleur des cas d'une méconnaissance, de la confusion entre vitesse et précipitation et, au pire, d'un manque de considération voire de mépris sous-jacent entre les acteurs.
C'est alors la France de la société de défiance, où chacun se méfie de l'autre, qui resurgit et s'exprime selon des postures, avec des situations conflictuelles larvées plus ou moins inextricables et chronophages.
Dans ce type de situation, il faut parfois accepter de tourner la page d'histoires co-construites dans l'affrontement dont on oublie l'origine, comme dans la querelle des Montaigu et des Capulet, pour repartir d'un bon pied et accepter aussi quelques imperfections de part et d'autre.
Le dialogue social s'use lorsque l'on ne s'en sert pas au quotidien.
À la différence des piles électriques au slogan longtemps célèbre, le dialogue social s'use lorsque l'on ne s'en sert pas au quotidien, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. C'est un outil et un choix de régulation, pour les adaptations des statuts et contrats collectifs notamment, qu'a fait notre pays avec une voie médiane exigeante, différente de celle de nos voisins allemands avec la cogestion ou de l'approche des pays anglo-saxons.
Pour bien fonctionner dans les périodes ou les passages de caps exigeants, les acteurs doivent se faire confiance, éviter les postures enfermantes, savoir se parler, partager des diagnostics et mesurer jusqu'où ils peuvent aller ensemble dans des stratégies qui donnent la priorité au compromis et maximisent le bien commun.
La confiance clef d'un dialogue social performant, c'est-à-dire permettant de faire progresser le plus grand nombre avec l'objectif central d'embarquer tout le monde se construit dans la durée et sur la base de pratiques vertueuses.
Pour l'entretenir, il faut envoyer des signaux au plus haut niveau de l'entreprise, relayés au sein des différents niveaux de la ligne managériale et jouer la carte d'acteurs compétents et bien formés qui auront un haut niveau d'exigence dans les informations qui leurs sont fournis et dans la façon de problèmatiser tel ou tel sujet.
De ce point de vue, les grandes centrales syndicales ont aussi un vaste défi à relever en termes de GPEC dans les années à venir, pour assurer la relève, attirer les plus jeunes et professionnaliser leurs représentants et les entreprises ont tout intérêt à les accompagner pour réussir cette mutation et ce défi qui les attend.
Un certain nombre d'outils sont sur l'établi avec la loi Rebsamen qui permet déjà de dynamiser de nouvelles approches dans l'organisation et le rythme du dialogue social ainsi que le traitement de ses acteurs au cours de leur vie professionnelle. Il y a une certaine urgence à s'en emparer dans des approches innovantes et constructives à froid pour renforcer chaque jour un peu plus la confiance.
Chronique initialement publiée chez les Acteurs de l'économie.