Gérard Taponat, DRH connu pour les projets d’innovation sociale qu’il a menés, signe un ouvrage pratique, guidant les acteurs du dialogue social, DRH, cadres syndicaux et managers, vers la manière d’améliorer leurs relations : intelligence sociale, méthode et formation.

Extraits de ce livre paru en ce mois d’avril 2016.

« Il y a quelques années de cela, alors que j’avais pour mission, aux affaires sociales, de fermer différents sites industriels, je recevais, au cours de rencontres bilatérales, les leaders syndicaux de l’entreprise. Dans l’une de ces délégations, le délégué syndical central m'a fait certes part de ses demandes classiques dans un plan social mais m’a également expliqué comment notre analyse de compétitivité (qui avait été à l’origine de la décision de fermeture) n’avait pas pris le bon prisme. Quelque temps plus tard, pour deux des sites qui avaient été cédés, j’ai noté que le repreneur avait en quelques mois seulement retrouvé la rentabilité avec les mêmes équipes et les mêmes instances sociales mais dans l’approche qui m’avait été expliquée par le « vieux » syndicaliste (…)

L’intelligence s’éprouve plutôt qu’elle ne s’apprend

Si l’intelligence tout court repose sur certaines dispositions individuelles ou collectives, l’intelligence sociale s’éprouve plutôt qu’elle ne se décrète ou qu’elle ne s’apprend. Elle est cette faculté qui considère les rapports humains, donc sociaux, dans l’économie générale d’un projet. Elle est la capacité à expliquer que tel comportement individuel ou collectif, que telle mesure publique ou privée, que tel projet stratégique ou culturel est de nature à conduire à l’échec ou au succès, à la paix ou au conflit, à la cohésion ou à l’éclatement du corps social. (…)

La dimension sociale, appendice des questions économiques

Cette intelligence sociale, j’en ai fait l’expérience à l’occasion de rencontres singulières avec tel DRH ou tel leader syndical, sans pour autant constater d’emblée que c’était là ce qui servait de lieu commun et de référence à leurs fonctions respectives. Or, la dimension sociale a pu être parfois considérée, soit comme un domaine complètement indépendant de la dimension économique, jusqu’à en justifier des idéologies, soit comme un appendice des questions économiques, une simple résultante en somme.

Pourtant, ces questions sociales sont en premier lieu éminemment politiques, quand on observe l’effet de toute forme de mouvement social sur les événements politiques dans le monde. L’oubli ou l’écart d’avec la dimension sociale se rappelle tôt ou tard aux dirigeants et aux gouvernants de toutes les cultures, souvent malheureusement dans la violence ».

Méthodes et outils pour former et développer les compétences des acteurs du dialogue social

En rédigeant ce livre, nous avons souhaité exprimer et partager nos réflexions fondamentales sur la formation sociale mais aussi permettre de tirer les leçons d’une expérimentation vécue durant des années et dans différents milieux d’entreprise. Il ne sert à rien de se lamenter sur un état des lieux pourtant indispensable du dialogue social en France. C’est pourquoi il débouche immédiatement sur des propositions de méthodes, d’approches, de postures et d’outils pratiques pour chaque acteur du dialogue social.

Le fil conducteur de l’ouvrage, qui vise à être un guide pratique, est de fournir au lecteur les clefs d’un dialogue social de qualité : méthode d’évaluation, référentiel de compétences, valorisation du parcours des mandatés, accompagnement et formation des représentants du personnel, des managers et des animateurs des relations sociales etc.

À chacun ensuite de s’en saisir et de les appliquer à son échelle, pour le bien-être de ses collaborateurs et des performances de son entreprise.

Extrait de l’ouvrage : Dialogue social : former et développer les compétences des acteurs de Gérard Taponat et Philippine Arnal-Roux, paru en avril 2016 aux éditions de Boeck supérieur, 136 pages, 22 euros.