Organisations
L'armement est incompatible avec le statut d’agent de sécurité privée
Les organisations CGT de la prévention/sécurité et de la Police Nationale sont viscéralement opposées à l’armement des agents de sécurité.
Depuis le 1er janvier 2018, suite au décret n°2017-1844 du 29 décembre 2017 relatif à l’exercice de certaines activités privées de sécurité avec le port d’une arme, l’armement des agents de sécurité peut se généraliser.
Par décret, le ministère de l’Intérieur délègue aux préfets le droit d’autoriser des agents de sécurité à être armés. 10 000 sont déjà prévus.
Pour nous, les agents de sécurité n’ont pas à se substituer aux forces de l'ordre et nous considérons par conséquent que cet armement est incompatible avec le statut d’agent de sécurité privée.
Cette décision est la conséquence idéologique de la « casse » du service public (ici des forces de l’ordre) des gouvernements successifs.
Nous avons constaté un glissement des missions régaliennes de l’État d’abord vers les municipalités et maintenant vers des entreprises de sécurité sous prétexte d’économies, sans tenir compte du rôle de chaque catégorie de personnel.
La Police aux Frontières a déjà été remplacée par les agents de sûreté privée dans les aéroports et dans les ports par les agents chargés des visites de sûreté (ACVS). Comme les marchés sont toujours signés avec les entreprises le « moins disant », il n’est pas étonnant qu’il y ait des problèmes d’habilitation. Là, ces agents ne sont pas armés !
- Dans le transport maritime, depuis 2016, près de 1 000 agents de sécurité sont armés sur les navires sous pavillon français.
- Suite à l’attentat de Charlie Hebdo puis du Bataclan, 200 agents de sécurité renforcée (armés) ont été mis en place en urgence chez Charlie Hebdo et 50 chez Eurodisney.
- Sans compter que la Surveillance Générale (SUGE) pour la SNCF et le Groupement de protection et de sécurisation des réseaux (GPSR) pour la RATP sont armés depuis 2001. Ces entreprises sont de moins en moins des services publics mais dans entreprises privées avec une logique de maximisation du profit.
En plus du danger pour la sécurité publique, ce décret fait courir aux agents eux-mêmes des risques accrus.
Les agents de sécurité, déjà au premier plan lors des attentats au stade de France ou au Bataclan, ont prouvé leur courage et efficacité sans armes.
La généralisation de l’armement va faire des agents de sécurité (qu’ils soient armés ou non) des cibles pour les terroristes et les délinquants qui, dans le bénéfice du doute, commenceront par leur tirer dessus.
En cas d’utilisation de l’arme, qui sera responsable en cas de « bavure » : l’agent ou son entreprise ?De plus, qui va former les agents de sécurité privée ? Est-ce que le niveau sera comparable à celui de la police nationale ou municipale ? Quel sera le suivi des agents, aussi bien psychologique qu’en formation continue ? En cas d’utilisation de l’arme, qui sera responsable en cas de « bavure » : l’agent ou son entreprise ?
La sécurité privée est déjà considérée comme un métier au rabais, avec des salaires tout juste au-dessus du SMIC, une profession déjà à risque avec 90 % de renouvellement. Une profession mal protégée avec un comble de 10 jours de carence pour maladie avec des nuits et des dimanches majorés à seulement 10 %. Comme si cela ne suffisait, on veut maintenant mettre la vie des agents en danger en ajoutant le risques de mort.
À la CGT, nous refusons que des agents deviennent des cibles et nous souhaitons que la profession d’agent de sécurité reste dans le cadre de la loi de 1983, à savoir la protection des gens avec un rôle d’acteur civil affecté à la prévention et la sécurité.
La voie publique ne devrait être réservée qu’aux forces publiques de l'État malgré ce qu’augure la Police de sécurité du quotidien (PSQ) d'Emmanuel Macron et Gérard Collomb, qui veulent faire passer le plus possible de responsabilités de l’État au privé.
Le Code pénal réprime l’activité de mercenaire mais ce décret transforme les agents de sécurité en miliciens armés aux services de maires, d’entreprises, voire de particuliers fortunés.
Après l’armement des agents de sécurité, sera-ce au tour des particuliers de pouvoir s’armer ?
Nous refusons la généralisation de l’armement des agents de sécurité et demandons le retrait de ce décret.
La multiplication des armes ne peut qu’engendrer un plus grand nombre de morts violentes.
Le rêve américain a de bons côtés mais nous préférons regarder les westerns au cinéma plutôt que de les subir en bas de chez nous sous prétexte d’économies budgétaires.
Jean-Paul Horville
DSC CGT Securitas
06.61.43.70.31 / organisationcgtsecuritas@gmail.com
Site internet : http://cgt-securitas.fr/
Alexandre Langlois
Secrétaire général VIGI. Police Nationale CGT
06 22 77 85 43 / a.langlois@vigimi.fr
Site internet : www.vigimi.fr
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