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15 / 05 / 2012 | 131 vues
Audrey Minart / Membre
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Jeunes et syndicalisme : l’équation à multiples inconnues


« Les jeunes se syndiquent peu, voire très peu », affirme Sébastien Grollier, sociologue spécialisé dans les relations professionnelles. Manque de culture syndicale, précarité de la « génération Y » à laquelle ils sont mal préparés, modes d’action jugés désuets ou organisation pyramidale trop stricte… Les pistes ne manquent pas pour expliquer pourquoi peu de jeunes têtes blondes ont rejoint les rangs des syndicats français. Certains ont néanmoins franchi le pas.

R.P. évolue à la CFDT à temps plein depuis trois ans. Élu du personnel à la Poste, en charge du dossier « jeunes » en Aquitaine, il fait partie des rares syndicalistes de moins de 30 ans (il en a 29) à cumuler autant de mandats. « J’ai la chance d’être dans une entreprise où le syndicalisme est inscrit dans les mœurs et n’est donc pas pénalisé », concède-t-il.
 

Début de carrière


Car en effet, la crainte de se retrouver catalogué aussi jeune semble être l’un des principaux obstacles à l’action militante. Notamment dans le secteur privé. Jérémie Giono, 25 ans, est syndiqué à la CGT. Il a mené plusieurs combats contre la direction du Quick des Champs Élysées, qui l’emploie. Mais il ne s’agit pas de son véritable métier. « J’ai dû abandonner mes études, et commencer à travailler. Mais j’ai tenté les concours pour devenir rédacteur territorial, je compte candidater dans l’Isère », raconte-t-il. Compte-t-il s’y syndiquer ? « Pas sûr ».

Elsa, 26 ans, contractuelle dans une mairie parisienne et active chez Sud 75, ne milite sur internet qu’à travers un pseudo (lien article « web »). Vincent Laurent, adhérent chez Asso (un nouveau syndicat affilié à l'Union syndicale Solidaires créé en février 2010 pour combler un déficit de syndicalisation dans un milieu associatif qui regroupe 1,8 millions de salariés), a lui aussi hésité à évoquer ses appartenances syndicales à ses supérieurs, même s’il entretient « de très bonnes relations » avec eux. « Je n’ai jamais caché mes activités au sein de Jeudi Noir et de Génération Précaire ». Il a finalement sauté le pas, mais reconnaît que ce n’est pas évident pour tous. « Les jeunes veulent avant tout se faire une place dans l’organisation. Ils ne prennent pas le temps de se sensibiliser ». Notamment lorsqu’ils ne sont pas en CDI.

 

 

Le frein de la précarité


« Difficile de défendre les jeunes en contrat précaire. Ils ont souvent beaucoup d’activités à côté : formations, hobbies, nous avons du mal à les ‘attraper’. Eux-mêmes se disent « de passage » », constate Elsa. Une interprétation que confirme Sébastien Grollier (lien interview), auteur d’une thèse sur le syndicalisme des intérimaires : « Les syndicats ont de réelles difficultés à rencontrer les jeunes en contrats atypiques, même si l’on a pu constater certains progrès pour l’intérim. La CFDT a cherché à recruter des « développeurs » et la CGT des antennes spécifiques dans les unités locales, comme la « CGT Jeunes », mais ce sont souvent des coquilles vides ».

 

 

 

 

Un choc des générations ?

 

 


Ceux qui se sont lancés partagent souvent un point commun : ils ont baigné enfants dans une certaine culture syndicale. « Je suis le produit d’un héritage familial. Mon père était à la CGT », sourit Elsa. Même schéma pour Vincent Laurent, dont la mère travaille dans le même syndicat. Mais si, a priori, la culture syndicale semble se transmettre au biberon, du moins en partie, ces jeunes syndicalistes ont néanmoins nombre de critiques à formuler. « On retrouve les jeunes syndicalistes essentiellement dans les syndicats de jeunes », affirme Vincent Laurent, qui partage l’opinion de sa mère envers les « méthodes archaïques » de certains syndicats classiques. Ce qui n’est pas le cas d’Asso, selon lui.

S’il défend la CFDT comme étant l’un des syndicats comptant le plus de moins de trente ans, Rudolph Puech ne mâche pas non plus ses mots. « Nous avons un fonctionnement où les informations remontent de la base, ce qui explique certaines lenteurs. Mais ailleurs, c’est pire : les « bien penseurs » transmettent unilatéralement leurs messages aux militants », concède-t-il. Et d’ajouter : « Il y a de meilleures méthodes que de simplement battre le pavé ! Le « buzz politique » est plus moderne… Mais pour cela, il faut convaincre les anciens ».

Autre critique : le système pyramidal. Elsa remarque : « Rien ne se fait sans l’accord du pouvoir central. C’est-à-dire de personnes qui sont éloignées du terrain. Le risque est de perdre du temps et de faire prendre des risques aux salariés. Même si celui-ci fait partie du jeu, ça reste regrettable ».

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