Sferen : la Maif envisage-t-elle de quitter la SGAM ?
Même si la décision n’est pas encore officielle, il semble de plus en plus vraisemblable que la Maif (qui confirme que la question est bien à l’étude depuis des mois) annonce avant l’été sa sortie de Sferen, la société de groupe d’assurance mutuelle (SGAM) qu’elle avait formée avec la Matmut et la Macif en 2009.
Dans un entretien au quotidien économique Les Échos du 22 avril, le directeur de la Maif, Pascal Demurger, rappelle que ce rapprochement s’était établi, à l’origine, sur une « logique de coopération ».
Or, aujourd’hui, explique-t- il, « nous sommes rattrapés par la transposition des nouvelles normes prudentielles de Solvabilité 2 en droit français ».
En effet, l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, véritable superviseur en la matière), dans son approche du nouveau dispositif, aura très certainement tendance à considérer les SGAM comme des groupes avec toutes les conséquences à en tirer en termes de gouvernance commune, de solidarité financière renforcée, de stratégie commune etc., c'est-à-dire à estimer qu’il convient de dépasser la démarche de simple coopération pour entrer dans un processus plus « intégrateur », à l’image de la SGAM Covéa constituée il y a quelques années par la MMA, la MAFF et la GMF.
Daniel Havis, PDG de la Matmut et président de Sferen, regrette la situation tout en reconnaissant qu’« il était évident qu’à terme, la SGAM allait entraîner un transfert de souveraineté ».
Dans ce contexte la Matmut et la Macif entendent bien renforcer leurs liens pour « continuer à construire Sferen dans l’esprit initial ». Les deux présidents s’accordent sur la nécessité de refonder Sferen.
« Jusqu’à présent, nous étions sur des accords techniques qui, en tant que tels, ne nécessitaient pas une SGAM. Là, il s’agit de faire confluer les stratégies des deux groupes, ce qui impliquera une structure faîtière », déclare Daniel Havis.
Entre la Matmut et la Macif, un axe « plus cohérent et plus fort » pourrait se dessiner, annonce Daniel Havis. Car, poursuit Gérard Andreck, « nos entreprises sont plus ressemblantes entre elles qu’elles ne le sont avec la Maif. Nos cibles sont les mêmes et il y a beaucoup de similitudes dans nos axes stratégiques », en évoquant les échanges déjà réalisés entre les deux maisons sur de nombreux dossiers (notamment dans le domaine de l’assurance vie) et le rapprochement déjà mis en place en assurance dommages aux biens et responsabilité civile sur les marchés des entreprises et professionnels avec la création de IME.
Cet épisode est symptomatique du remodelage du secteur de l’assurance induit par les nouvelles normes prudentielles, lesquelles entraînent fusions et rapprochements.