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Serge Dassault « débloque » le dossier d’Altis à sa façon
« La situation traînant, j’ai donc décidé de saisir à bras-le-corps ce dossier et de me rendre sur place en Russie pour savoir si oui ou non les Russes avaient l'intention de reprendre cette entreprise. J’ai donc demandé à Vladimir Poutine, le premier ministre, une audience.
Une audience qu’il m’a accordée et qu’il a prolongée d’une courtoise invitation à dîner », explique en toute simplicité Serge Dassault, le sénateur maire UMP de Corbeil-Essonnes, dans le magazine municipal « Vivres à Corbeil-Essonnes » où est localisé le site de production de semi-conducteurs Altis (1400 emplois directs, 3000 avec les indirects) que le tandem d’actionnaires IBM et Infineon cherche à céder depuis près d’un an au groupe russe AES/GIS. Un dossier suivi de prés au ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi qui cherche à verrouiller les risques d’un plan social post rachat avec transfert au passage du savoir-faire…
Un précieux dossier traduit en russe
« J’ai pu vérifier leur intérêt pour les technologies d’Altis », précise d’ailleurs le sénateur qui précise sa méthode : « Tout juste rentré de ce voyage, j’ai fait établir en collaboration avec la direction d’Altis, un dossier très complet sur le potentiel de cette entreprise, dossier que j’ai fait traduire en russe. ». Surprenant que cela n’ait pas été fait avant. Toujours est-il que le précieux dossier est remis à François Fillon qui le remet à son tour à Vladimir Poutine lors du séminaire franco-russe de Sotchi du 19 septembre. A noter qu’avant le 13 septembre, date de sa rencontre avec Serge Dassault, Vladimir Poutines ne connaissait pas le dossier Altis.
Modeste, Serge Dassault prend soin de préciser que « rien n'est encore définitivement gagné mais que le dialogue est aujourd'hui renoué » tout en rappelant avoir « réussi, déjà en 1995…à assurer la pérennité du site, alors que cette société souhaitait déjà partir car elle ne voulait plus travailler avec l'ancienne municipalité communiste. »
Pas de vagues
Et le sénateur d’inviter les syndicats à ne pas faire trop de vagues. En écrivant, « l’un de leurs responsables syndicaux m’a remercié de mon implication et m’a fort gentiment assuré que j’étais le seul à pouvoir « peser d’une manière décisive dans ce dossier » », Serge Dassault participe, à sa façon, à la division syndicale puisque la CFDT s’est désolidarisée du mouvement de grève déclenché par la CGT, FO et la CFTC le 1er octobre.
Vendredi 10 octobre, les syndicats d’Altis ont été reçus au ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi pour avoir des assurances sur la pérennité du site. L’occasion pour le ministère d’annoncer que le repreneur russe et un nouveau partenaire passeraient sur le site le 13 octobre. Et là, ce sont la CFDT et Franck Marlin, le député maire UMP d’Etampes qui revendiquent l'obtention de ce rendez-vous.
A la différence de Serge Dassault, Franck Marlin est passé soutenir les grévistes le 1er octobre. Une grève motivée par la sauvegarde du site. « Afin d'éviter un pillage des I.P (brevets), les O.S. ont demandé que les conditions établies dans le contrat de vente, garantissant une production sur le site, soient maintenues, ceci afin de sécuriser les emplois », souligne la CFTC. Depuis 2006, Altis se restructure avec récemment une nouvelle organisation de la production en continue permettant de faire plus avec moins de salariés. Une grève également motivée par des revendications salariales. Et certains contributeurs du blog de la CFTC d’Altis de ne pas apprécier le mélange des genres. « La priorité n'est pas le plan salaire mais la pérennité du site. Une fois que cette affaire sera réglée nous nous attaquerons au plan salaire », estime ainsi un salarié tandis que d’autres regrettent qu’il faille assister aux assemblées générales pour avoir des informations : « Y'a aussi les blogs, les tracts, les panneaux d'affichage...et y'a pas besoin de faire grève pour lire tout ça. »