Organisations
Santé au travail : Coluche aurait dit : « les enfoirés »
Tout le monde se félicite du troisième plan de santé au travail adopté à l’unanimité. Un plan fédérateur rassemblant une ambition partagée par l’État, la Sécurité sociale et les interlocuteurs sociaux qui préconisent essentiellement de développer la culture de la prévention, d’améliorer la qualité de vie au travail et de tout faire pour maintenir le salarié dans son emploi. Tout ceci pour protéger les salariés de tous les traumatismes du travail (« les traumatismes du travail » désignent tous les troubles physiques ou psychiques dont sont victimes les salariés).
En effet, en 2014, le travail a provoqué 620 000 accidents, 51 000 maladies professionnelles et 530 décès. Ne parlons pas des traumatismes subis par les 3,3 millions de salariés sur des emplois précaires ainsi que les accidents ou suicides liés au travail qui ne sont pas déclarés ou qui ne sont pas reconnus par l’employeur et/ou la Sécurité sociale. Si l’on ajoute à cela les 3 millions de victimes potentielles de l'épuisement professionnel, on peut se rendre compte combien les mauvaises conditions du travail peuvent porter atteinte à la santé et à la sécurité des salariés.
Quelle protection pour les salariés ?
Pour observer et prévenir ces traumatismes du travail, un peu moins de 5 000 médecins du travail d’une moyenne d’âge de 55 ans et dont 40 % d’entre eux ont plus de 60 ans. Aucun remplacement n’est anticipé. On peut même dire que le gouvernement veut tuer la médecine du travail. Par exemple, sur 94 médecins en exercice à Paris qui postulaient pour devenir médecins du travail, seuls 21 ont été retenus. La fédération FO santé avait déjà soulevé le problème pour l’université de Poitiers où l’emploi du seul professeur de médecine du travail était menacé.
Or, pour entreprendre des actions de prévention, il faut observer. Le meilleur outil d’observation est celui qui est alimenté par les médecins du travail par la voie de la visite. Annuelle jusqu’en 2004, bisannuelle aujourd’hui, le gouvernement actuel s’apprêtait à la porter tous les 5 ans. La réforme du Code du travail El Khomri parle désormais de la supprimer pour ne la réserver qu’aux seuls salariés exposés à des risques graves.
« Cela ne réglera pas la question du déficit démographique des médecins du travail. Mais surtout, en cette période d’explosion du mal-être au travail, il est impensable d’affaiblir le premier instrument de prévention des risques professionnels », s’insurge Jocelyne Marmande, secrétaire confédérale FO. Pour elle, « Tous les salariés doivent bénéficier d’un examen médical périodique fréquent et complet ».
En résumé, le salarié n’aura quasiment plus la possibilité de rencontrer son médecin du travail.
Le double discours du gouvernement
D’un côté, il dit lutter contre les risques professionnels ; de l'autre, il massacre tous les outils collectifs qui pourraient lui donner une chance de mieux travailler.
La politique menée par ce gouvernement est désormais claire. Libérer l’entreprise de toutes les contraintes (programme du MEDEF).
- La médecine du travail n’est pas toujours d’accord avec l’employeur : il faut la tuer.
- L’inspecteur du travail gène la liberté du chef d’entreprise. Il faut délégitimer le contrôle des entreprises, réduire le nombre d’inspecteurs et leurs prérogatives (loi Macron), 2 300 inspecteurs pour 18 millions de salariés et 1,8 millions d’entreprises).
- Le CHSCT impose des expertises et retarde des projets : il faut supprimer le droit à l’expertise et contourner le CHSCT.
- Les conventions collectives nationales et les accords des branches professionnelles empêchent le patron d’imposer des accords moins contraignants : alors, le gouvernement veut privilégier les accords d’entreprises délaissant ainsi 80 % des salariés qui n’ont pas de représentants du personnel.
- Le Code du travail protège trop les salariés : il faut que le chef d’entreprise soit libéré du maximum de contraintes.
Etc.
Il est encore temps de réagir. Chacun doit prendre sa part.
- Santé au travail parrainé par Groupe Technologia