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10 / 12 / 2015 | 3 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Salariés, entreprises, institutions publiques : les 3 acteurs de l’ouverture des données sociales

Quel est le champ de la donnée sociale ? Mon travail, mon lieu de travail, ma rémunération globale, mes expériences, mes formations, mes certifications, mes promotions, ma condition de travail… Toutes ces données sont utilisées par les salariés, les entreprises et les institutions publiques.

Fait nouveau : les salariés portent de plus en plus eux-mêmes leurs données sociales en les partageant sur des réseaux sociaux plus ou moins professionnels. Les 380 millions de membres (dont 10 millions rien qu’en France) de LinkedIn considèrent avoir à gagner professionnellement à partager quelques tranches de données sociales. Même si la priorité de LinkedIn est d’optimiser les rapprochements de profils, la somme des données recueillies donne matière à éclairer les parcours professionnels avec des modèles prédictifs à la clef. De quoi chambouler le modèle des instituts d’études statistiques… Chez LinkedIn, 500 salariés travaillent exclusivement sur le traitement des données.

De quoi alimenter des dossiers en justice pour les salariés et de quoi prédire des évolutions pour les employeurs.En matière de santé, le citoyen connecté veut suivre l’évolution de ses paramètres physiques. Ces données pourront ensuite être analysées pour nourrir les services d’accompagnement proposés par les acteurs de ce marché naissant. Des employeurs, accompagnés par leur assureurs, n’hésitent déjà pas à proposer des solutions de « coaching de santé » à leurs salariés. Quid des règles dans l’utilisation des données recueillies ? De quoi alimenter des dossiers en justice pour les salariés et de quoi prédire des évolutions pour les employeurs.

Les syndicats ont un rôle à jouer sur cette question des usages des données produites volontairement par les salariés. Pour éviter les dérives mais aussi pour s’en servir comme levier d’accompagnement avec des services spécifiques.

En attendant, les utilisateurs ne peuvent pas agréger et partager librement les données qu’ils sèment sur différentes plates-formes sociales qui ont un caractère propriétaire. Quid de la capacité de ses réseaux sociaux à voir l’intérêt de rendre publiques certaines données sociales en mode open data ?

Tels sont les sujets qui seront abordés lors de la première séquence de la journée OpenData Sociale que Miroir Social organise le 15 décembre à Paris. Découvrez le programme, ses intervenants et participez aux échanges en vous inscrivant.

L'entreprise comme productrice de données sociales : les forces à l'oeuvre

Encore faut-il que les données sociales se voient accorder la place qu’elles méritent dans les conseils d’administration.Après avoir vu le rôle central que prend le salarié/citoyen comme producteur volontaire de données sociales, il s’agit de s’intéresser à la place de l’entreprise comme productrice de données sociales. Sur les 110 milliards d’euros de l’épargne salariale, 15 sont gérées sur des produits  labellisés par le comité intersyndical de l’épargne salariale qui sort entre 30 et 40 % des sociétés sur des critères extra-financiers. C’est l’illustration du chemin qu’il reste à parcourir pour que les représentants du personnel se saisissent du levier que représentent les indicateurs extra financiers. Un sujet difficile à manier et propice à l’instrumentalisation mais une responsabilité pour les syndicats que de pousser les directions à donner le plus de sens possible aux indicateurs rendus publics. Encore faut-il que les données sociales se voient accorder la place qu’elles méritent dans les conseils d’administration. Les représentants des salariés ont les moyens de mettre les discours en phase avec la réalité des pratiques. En commençant par diffuser publiquement des données sociales sur lesquels les directions préfèrent faire l’impasse.

Le périmètre des entreprises concernées par les exigences en matière de reporting extra-financier va considérablement s’étendre à partir de janvier 2016. Ce sera une contrainte mais aussi l’occasion pour certaines directions de faire bouger des lignes en affirmant le caractère compétitif d’une prise en compte du reporting social au même titre que le strict reporting financier. Un enjeu de compétitivité étroitement lié à la capacité que de prévenir les situations à risques en pilotant au mieux et donc sur un mode partagé des indicateurs sociaux pertinents, avec la dimension publique du rendre compte.

Des institutions publiques bousculées

La dernière séquence de cette prochaine journée sera enfin l’occasion de prendre le recul nécessaire pour voir à quel point les données des institutions publiques architecturées en silos atteignent leur limite pour expliquer la complexité des enjeux socio-économiques. Le besoin de diagnostic territorial sur l’emploi, les conditions de travail ou encore la santé est bien réel. Malgré les freins, la dynamique se met progressivement en place alors que le plan de santé au travail identifie l’hétérogénéité des données comme un frein aux démarches de prévention. C’est tout le sens du défi de l’observatoire national du suicide mis en place en septembre 2013. À terme, ces données publiques pourraient de plus s’enrichir de celles portées par les entreprises et par les salariés eux-mêmes.

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