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24 / 02 / 2022 | 244 vues
Didier Forno / Membre
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Salaires et inflation : la colère s’installe dans le pays

Les prix à la consommation des ménages s’envolent. Le taux de croissance annuelle des prix (pour l'année 2021) a été de 2,8 %. Ce phénomène est mondial. Dans la zone euro, le taux d’inflation a atteint son plus haut niveau en 25 ans en décembre 2021, à 5 % sur un an, toujours propulsé par la flambée des prix de l’énergie, selon une première estimation publiée par Eurostat. le 7 janvier.


L'inflation ronge le pouvoir d’achat des ménages : la situation devrait perdurer en 2022.
 

Les premières victimes de cette situation sont les salariés. Ceux-ci doivent faire vivre leur famille avec toujours moins d’argent.

 

« Palmarès » des principales hausses en 2021

Indice des prix à la consommation 2021 :

  • indice d’ensemble : +2,8 %
  • gaz : +45,4 %
  • essence sans plomb : +18,7 %
  • gazole : +20,7 %
  • fioul domestique : +37,6 %
  • transports ferroviaires de voyageurs : +11,2 %

 

Structure de la consommation type d’un ménage en France :


Cette forte inflation a un effet très lourd sur les dépenses courantes des ménages. Ainsi, un ménage consacre en moyenne 44 % de ses revenus à l’alimentation, le logement, le chauffage et le transport. Le chiffre est conséquent, laissant peu de marge de manœuvre pour le reste.

 

Des demandes d’augmentation de plus en plus vives dans les entreprises


On ne compte plus les mouvements sociaux et les revendications sur les salaires. Revue de presse de cette situation…


Des mouvements sociaux ont essaimé dans la distribution à la fin de l’année 2021. Les syndicats pressent pour des hausses de salaire face à l’inflation et à la perte de pouvoir d’achat. Depuis la mi-décembre, des débrayages, barrages filtrants et blocages d’entrepôts ont visé Carrefour et Auchan. Plusieurs centaines de salariés de Cora se sont mis en grève, le 30 décembre 2021.


Les négociations annuelles obligatoires (NAO) portant sur une hausse des salaires dans le secteur du transport routier de marchandises se sont soldées par un échec, ont déploré la CGT, FO et la CFE-CGC le 6 janvier 2022.


La grève au sein de l’usine Dassault Aviation d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques) s’est durcie le 7 janvier 2022, au cinquième jour de mobilisation, avec 300 ouvriers grévistes paralysant le site de production, pour réclamer une revalorisation salariale, selon les syndicats.


« La CFDT ne signera pas l’accord sur les salaires de 2022 chez Essilor International (3 000 salariés) de même que les autres syndicats car elle attendait mieux au vu des résultats records de 2021 du groupe et de l’inflation de 2,8 % en 2021 (...) L’intersyndicale a décidé de suspendre toutes les négociations actuelles tant qu’aucune proposition acceptable et décente de hausse des salaires ne sera mise sur la table par les employeurs », a indiqué l’intersyndicale des métiers de la coiffure (FO-CGT-UNSA-CFDT), qui représente 106 000 salariés en France, dans un communiqué du 20 janvier 2022.


« Les représentants du personnel de Nestlé en France dénoncent l’attribution d’augmentations de salaire très nettement en dessous de celles du secteur de l’agroalimentaire et ridicules au regard des moyens du nº 1 français de l’alimentation », selon un communiqué de presse de l’intersyndicale daté du 2 février. En effet, à l’issue des NAO, « malgré des résultats 2020 et 2021 excellents, aucune augmentation de salaire n’a atteint le niveau de l’inflation de 2,8 % », souligne notamment le communiqué.


La quasi-totalité des organisations syndicales de la RATP appelle à une journée de grève le 18 février, premier jour des NAO sur les revalorisations salariales, pour demander une revalorisation substantielle, vu le contexte économique et l'l’inflation.


Un débrayage d’une heure sur l’ensemble des sites français de l’équipementier automobile Valeo se préparait pour le 22 février, ont annoncé le 21 les organisations syndicales, qui dénoncent des revalorisations salariales trop faibles dans le cadre des négociations annuelles obligatoires.

 

L’inflation est devenue le sujet numéro un de l’actualité.
 

L’inflation est devenue une préoccupation majeure pour les dirigeants d’entreprises dans le monde, selon une enquête du centre de recherche économique Conference Board, publiée le 13 janvier 2022. La hausse des prix arrive en deuxième position des défis auxquels les 917 dirigeants sondés s’attendent à faire face en 2022, derrière les perturbations liées à la pandémie de covid-19. L’an passé, l’inflation n’arrivait qu’en 22e place de ce même classement.


Depuis vingt ans, « trop de revenus sont reliés au capital et pas assez au travail », a dénoncé Éric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, sur BFM TV, le 16 février. Estimant que « le capitalisme est déréglé », il a loué la période des Trente Glorieuses (1945-1975), « où les salaires évoluaient assez rapidement ». Selon le dirigeant de la Caisse des dépôts (bras financier de l’État, gérant 1 200 milliards d’euros), les rendements de plus en plus élevés exigés par les investisseurs se font au détriment des salariés. « Dans la période qui s’ouvre, on aura deux raisons de distribuer du pouvoir d’achat » : l’inflation et la transition écologique, qui nécessitera de payer certains services de base plus cher. Source AFP.

 

La colère ne change rien au comportement de certains dirigeants et actionnaires.


La colère des salariés est tangible. La question du partage de la valeur ajoutée créée par les entreprises est à nouveau sous de feu des projecteurs. La situation changera-t-elle pour autant ? On peut en douter : selon les chiffres compilés par Vernimment.net. Les entreprises du CAC 40 ont rendu près de 70 milliards d’euros aux actionnaires en 2021, sous la forme de dividendes ou de rachat d’actions. Soit une hausse de 15 % par rapport au précédent record historique de 2007.


Ce n’est plus la période des révolutions et ceux qui se dopent aux dividendes le savent bien. Car, oui, être accro à l’argent dans de telles proportions relève d’un comportement addictif. En effet, percevoir plusieurs dizaines de millions d’euros de rémunération par an n’a aucun sens, sauf à considérer que les salariés ne créent aucune valeur ajoutée dans l’entreprise et que la réussite de celle-ci ne repose que sur le génie d’un seul homme, au sommet de l’Olympe…

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