Participatif
ACCÈS PUBLIC
27 / 11 / 2025 | 8 vues
Françoise Kemajou / Abonné
Articles : 16
Inscrit(e) le 18 / 07 / 2016

L’économie sociale n’est plus un figurant , elle avance en première ligne !

Il y a quelques semaines, Bordeaux accueillait le GSEF 2025. Un moment fort, mondial, où l’économie sociale s’est montrée pour ce qu’elle est réellement : un mouvement structuré, résilient, déterminé, et non un supplément d’âme dans les discours institutionnels. L’énergie y était immense, les acteurs et actrices engagé·es, les initiatives puissantes. Et pourtant, un constat s’est imposé avec force : l’écart béant entre les ambitions affichées et les moyens mobilisés. 



Car pendant que l’on proclame l’importance de l’innovation sociale, de la gouvernance démocratique ou de la transition juste, les politiques publiques se rétractent. Les budgets fondent, les structures administratives s’amenuisent, les partenariats internationaux restent timides. À Bordeaux, beaucoup l’ont dit — parfois à voix basse, parfois avec colère : l’économie sociale n’a pas besoin d’être célébrée, elle a besoin d’être soutenue. Maintenant. 



Et la question n’est plus simplement : l’Europe veut-elle faire de l’économie sociale un pilier ? 


La question est devenue : pourquoi s’obstine-t-elle à traiter l’économie sociale comme un sujet secondaire, alors que s’en priver relève aujourd’hui de l’autodestruction ? 


Parce que ne pas compter sur l’économie sociale, c’est se couper volontairement d’une force vive. 
Ne pas l’entendre, c’est affaiblir nos sociétés. 


Ne pas la mobiliser, c’est se priver d’un modèle robuste, résilient et profondément ancré dans les besoins des populations. 

 

Comme l’a rappelé une participante sur place : des événements comme le GSEF montrent que nous sommes là — et qu’il faudra désormais faire avec nous. 



Chez POUR LA SOLIDARITÉ–PLS, nous refusons les demi-mesures. Nous avons vu au GSEF des villes qui bâtissent des filières industrielles de réemploi, des coopératives qui redessinent les circuits alimentaires, des jeunes qui prennent la parole et réclament leur place dans les transitions. L’économie sociale n’attend plus. Elle agit pour défendre son espace. 

À l’Europe maintenant d’arrêter de la freiner — et de choisir clairement de la soutenir.

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Les Européen·ne·s plébiscitent l’économie sociale

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Un nouvel Eurobaromètre révèle que 75 % des Européen·ne·s reconnaissent le rôle essentiel de l’économie sociale pour le bien-être de la société. Ces organisations, centrées sur les personnes, les communautés et l’environnement, sont perçues comme des actrices clés face aux défis sociaux actuels.


Parmi les priorités exprimées : un meilleur soutien aux organisations de l’économie sociale (88 %), une sensibilisation accrue (86 %) et un appui financier direct des pouvoirs publics (80 %).


Fait marquant, 93 % des citoyen·ne·s souhaitent que les entreprises s’inspirent des valeurs de l’économie sociale, en intégrant des objectifs sociaux et environnementaux, une gouvernance démocratique et une redistribution équitable des profits.

 

En savoir plus:

Lire l’article complet sur le site de la Commission européenne

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Le modèle coopératif: un modèle à mieux valoriser en Europe

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Publié fin octobre 2025, un rapport de la Confédération européenne des coopératives industrielles et de services. (CECOP) met en avant la viabilité et la durabilité du modèle coopératif, capable de fournir des emplois de qualité dans les pays européens.

 

Contrairement aux entreprises traditionnelles, les coopératives mêlent performance économique et progrès social grâce à leur mode de gouvernance démocratique par les travailleur·euse·s.

 

Les coopératives comme garantes d’emplois de qualité

 

Reposant sur un modèle d’entreprise fondamentalement centré sur l’humain, la démocratie et la stabilité, les coopératives offrent une infrastructure interne solide, évolutive et adaptable, propice à un travail équitable et durable. Alors que l’Union européenne met en place sa feuille de route pour des emplois de qualité, les coopératives industrielles et de services démontrent qu’il est possible de concilier performances économiques et progrès social en s’appuyant sur des principes d’équité, d’inclusivité et de solidarité.

 

Au cœur du modèle coopératif se trouve la démocratie sur le lieu de travail. Ce point permet aux travailleur·euse·s de participer activement aux décisions, d’assurer leur propre dignité et de bénéficier d’une réelle appropriation des résultats de l’entreprise. A cela s’ajoute la stabilité de l’emploi avec de nombreux contrats durables et des écarts salariaux réduits. Selon le rapport, le modèle coopératif est un modèle résilient face aux crises. Beaucoup d’entre elles ont par exemple mieux résistées à la crise du Covid-19, en comparaison à d’autres types d’entreprises.

 

Par le biais des reprises d’entreprises par les salarié·e·s (Workers’ buyouts), les coopératives préservent à la fois des emplois, des savoir-faire et un tissu économique local.

 

Ainsi, elles représentent un modèle humain, durable et surtout aligné sur les ambitions européennes.

 

Des limites structurelles persistantes

 

Le rapport aborde également les freins à leur développement.

 

Le premier obstacle important est relatif à un manque de reconnaissance juridique et politique. Ceci s’explique par une fragmentation des cadres législatifs et une visibilité insuffisante qui rendent la compréhension du modèle coopératif plus compliqué.

 

Le manque de reconnaissance est aussi alimenté par des difficultés d’accès aux financements et une implémentation inégale du Plan d’Action pour l’économie sociale. En effet, les coopératives sociales, bien qu’essentielles à l’inclusion et aux services de proximité, restent souvent exclues des politiques de soutien aux PME et pénalisées par des règles de marchés publics centrées sur le coût plutôt que sur la valeur sociale.  De leur côté, les coopératives de travailleurs autonomes font face à une ambiguïté juridique et à des cadres administratifs relativement rigides qui ne reconnaissent pas leur nature hybride, les privant de fait de protections et d’aides adaptées.

 

Quelles recommandations?

 

La CECOP appelle donc la Commission européenne à reconnaitre pleinement le modèle coopératif comme un pilier réellement essentiel de la future feuille de route pour des emplois de qualité. Ses recommandations visent à lever les barrières légales, financières et institutionnelles qui freinent le développement des coopératives industrielles et de services tout en intégrant leurs valeurs de démocratie au travail, d’équité et de durabilité dans les politiques européennes.

 

La CECOP recommande de reconnaitre l’appropriation par les travailleur·euse·s comme forme d’emploi de qualité et d’adopter des cadres juridiques pour favoriser la création et la croissance des coopératives, y compris celles des travaielleur·euse·s autonomes.

 

A cela s’ajoute aussi l’accès à un financement adapté, un soutien à la formation et l’intégration d’indicateurs coopératifs (salaires équitables, démocratie au travail, cohésion sociale) dans la feuille de route.

 

Enfin, elle plaide pour une réforme des marchés publics fondée sur des critères sociaux et environnementaux renforcés afin de promouvoir des emplois durables et inclusifs.

 

Ainsi, le rapport de la CECOP montre explicitement que les coopératives industrielles et de services sont un levier essentiel pour bâtir une économie européenne plus juste, démocratique et résiliente.

L’Union européenne doit, en ce sens, mieux reconnaitre et soutenir ce modèle fondé sur des valeurs sociales et solidaires pour garantir des emplois de qualité. 

 

En savoir plus:

“Quality Jobs, the Cooperative Way” | Rapport de la CECOP, Octobre 2025

Les différents types de coopératives | SMART

Pas encore de commentaires