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14 / 10 / 2024 | 49 vues
Dominique Dorgueil / Membre
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IA et Casinos : l'avenir des métiers reste central

La réflexion sur l’avenir de nos métiers reste central tant les changements et les déclarations s’enchaînent dans notre secteur d’activité. La valeur ajoutée de nos métiers réside dans l’accueil, le service et la maîtrise de ces petites astuces que seule l’expérience permet d’acquérir (mais même le mot expérience est devenu une injure aujourd’hui !).


Certes, il en faut pour tous les goûts, mais oublions les décors clinquants et les dépenses matérielles excessives !


Si les salarié(e)s des casinos et clubs de jeux bénéficiaient de conditions de travail et de rémunération dignes, les établissements retrouveraient leur éclat et la clientèle pourrait se divertir en toute confiance et sécurité.


Avec un turn-over officiellement à 23 % en 2023, on ne peut plus simplement attribuer cette désaffection aux changements générationnels. Le discours « Les jeunes ne veulent plus travailler ! » a bon dos. Après tout, qui sont ces jeunes qui refusent de s’épuiser jour et nuit, week-ends et jours fériés, pour un SMIC à peine amélioré ? Ils osent réclamer de bonnes conditions matérielles et salariales ? Quelle idée !
 


Et voilà où l’IA apparaît


Poser la question de l’intérêt de fidéliser, rémunérer et former des employés qui risquent d’être écartés à court ou moyen terme par les changements à venir (comme l’arrivée des jeux en ligne ou des conditions de DSP - délégation de Service Public (1) plus souples) revient déjà en partie à y répondre !

 

Le fait qu’une grande partie de notre clientèle soit captive permet de l’influencer pour adopter certains comportements ou préférer tel jeu plutôt qu’un autre. Cette approche cynique, justifiée par la concurrence commerciale, n’est encore limitée que grâce à une réglementation qui, pour l’instant encore, encadre les excès et protège les joueurs.


Mais qu’en sera-t-il quand les algorithmes et les machines auront presque totalement pris la main sur nos métiers ?

 

Outre les répercussions sur les emplois (la réduction des effectifs a déjà commencé à bas bruit), qu’en sera-t-il des clients réguliers ? Quelle sera l’option retenue si les jeux en ligne venaient à être autorisés ? Qu’est-ce qui permettrait de garantir aux communes ayant mis en place des DSP que la fiscalisation du PBJ (2) serait respectée et optimale ? Qu’en serait-il du projet JADE (3), porté par l’ensemble des exploitants ?

 


On le voit, les craintes côtoient les incertitudes.


Et ce n’est pas l’accélération actuelle de la casse des acquis sociaux qui tend à rassurer le plus grand nombre ! Forts de ces constats, et volontaristes dans nos revendications, nous avons mis sur pied un programme de rencontres avec les autorités de tutelle afin de les sensibiliser sur les projets en cours, y compris en leur rappelant les récentes publications traitant de l’application incomplète de la fiscalité du produit des jeux par les communes, publications qui émanent directement de la Cour de comptes... A suivre !

 

 

A qui profitera l’IA ?


L’IA est maintenant entrée en collision avec le secteur des jeux d’argent et de hasard, comme avec la quasi-totalité des autres secteurs.


Nous relèverons sarcastiquement qu’il paraît étrange de parler d’intelligence artificielle à l’heure où l’intelligence « naturelle » tend à devenir un bien rare et précieux… S’il est illusoire voire inconséquent de s’opposer aux progrès de la science et des techniques, on peut tout de même se demander à quoi
bon utiliser davantage de puissance de calcul pour créer des oeuvres d’art ou de magnifiques images quand il semblerait plus urgent de dégager du temps pour réduire la charge de travail !

 

L’inverse semblerait avoir, de prime abord, beaucoup plus de sens. Oui mais voilà, la course effrénée au profit fait perdre la tête et le sens commun à bien des gens, tels ceux qui veulent absolument substituer, jusqu’à l’absurde, la dimension humaine dans le domaine des jeux d’argent et de hasard.

 


(1). La délégation de service public est « un contrat par lequel une personne morale de droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée au résultat de l’exploitation du service. »
Dans les communes autorisées à ouvrir un casino, ce dernier ne peut être exploité en régie ou par un marché public : une délégation de service public est donc imposée.

(2). Le Produit Brut des Jeux (PBJ), représente le montant des mises sur lequel ensuite sont déduits les rétributions versées par l’opérateur aux joueurs. C’est donc la part des mises empochées par les sociétés de jeu.

(3) Le dispositif, baptisé « JADE » (pour « jeu expérimental à distance »), consiste à associer à l’établissement son « jumeau numérique » avec la mise en ligne d’une offre équivalente à celle déjà proposée par le casino. Cette expérimentation, qui serait supervisée par le ministère de l’Intérieur et l’Autorité nationale des jeux, serait soumise à évaluation. Le PBJ généré par cette régulation hyper-contrôlée apporterait, par ailleurs, des recettes fiscales aux communes touristiques accueillant les casinos physiques.

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