Faire compter notre temps de cerveau
Nous passons aujourd’hui un temps considérable devant des écrans, pour nos loisirs, notre vie sociale, notre travail. Certains disent que nous sommes devenus des “crétins digitaux” et sommes victimes de nouvelles addictions. Faisons-nous face à un scandale sanitaire induit par les technologies numériques ? Serait-il pertinent d’optimiser la manière dont nous allouons notre temps de cerveau ?
Mesurer ce temps permettrait de mettre en place des régulations pertinentes pour accompagner la transition numérique de nos sociétés.
Romain Bey et Albertine Devillers, Ingénieurs des mines, se sont penchés sur ces questions et livrent leurs réflexions dans le dernier numéro de la Gazette de la société et des techniques, (*) Publication des Annales des Mines avec le concours du Conseil général de l’Économie et de l’École de Paris du management.
Quel usage faisons-nous de notre temps ?
En une trentaine d’années, les technologies numériques ont profondément modifié notre quotidien. D’après Médiamétrie, les Français passent en moyenne 4 heures 37 minutes par jour à regarder des vidéos . Les écrans sont aujourd’hui omniprésents, au travail, à notre domicile, ou lorsque nous nous déplaçons.
Après la diffusion de la télévision, l’émergence d’Internet, des ordinateurs portables et des smartphones a fait émerger de nouvelles pratiques : vidéo à la demande, réseaux sociaux, messageries instantanées, etc.
Rares sont ceux qui souhaiteraient bannir le numérique. Ses bienfaits sont reconnus et désirés.
Pouvoir se connecter à Internet est considéré comme essentiel, et une politique publique volontariste a permis de favoriser une large couverture du territoire par les réseaux de télécommunication.
Comme toute transformation, la transition numérique a néanmoins été accompagnée de nouveaux problèmes.
Assez tôt, les débats ont porté sur les contenus véhiculés : contenus violents, sites pornographiques, propagande étrangère, etc.
De nouvelles régulations sont en train d’être mises en place pour limiter les effets néfastes liés à ces types de contenus. Elles portent par exemple sur la modération des réseaux sociaux ou l’accès au contrôle parental. Mais les problèmes issus des usages numériques ne sont pas uniquement liés aux contenus. En particulier, l’adoption massive des pratiques numériques a profondément modifié l’allocation de notre temps.
Certains considèrent que la durée ou la fréquence de nos pratiques numériques sont excessives et induisent des effets néfastes.
Certains auteurs parlent de « crétins digitaux », ou comparent notre capacité d’attention à celle d’un poisson rouge. Un vif débat porte sur la notion d’addiction comportementale, à Internet, aux jeux vidéos, aux réseaux sociaux.
Il semble donc pertinent de traiter un nouvel ensemble de problèmes, qui portent non plus sur le contenu numérique, mais sur le temps de cerveau que nous y consacrons.
Une nouvelle forme d’addiction ?
Sommes-nous face à un scandale sanitaire, les écrans devenant une nouvelle drogue ?
(*) Pour aller plus loin :