La RECMA, tel le roseau de la fable de La Fontaine, plie mais ne rompt pas.

La RECMA reste la publication académique de renom dans le domaine de l’ESS en France comme à l’international. Nous avons été confrontés à une situation inédite en 103 ans, une double crise financière et de gouvernance. La RECMA revient plus forte que jamais avec le soutien de nos financeurs habituels mais aussi de nouvelles institutions à l’exemple des Chaires de l’ESS, qui démontrent l’attachement fort tant du monde académique comme celui des praticiens.

Nous adressons ainsi un remerciement chaleureux en tout premier lieu à Jérome Saddier, président du Crédit Coopératif et de CoopFr pour son engagement indéfectible qui a permis de mobiliser les soutiens historiques que sont la Fondation du Crédit Coopératif et le Crédit Coopératif.

Nous remercions également la CGScop, Up, MATMUT, Coop FR. Mais aussi de nouveaux partenaires, comme l’association TZCLD, qui au-delà de leur soutien financier, contribuent à l’inscription dans un écosystème vivant permettant à la RECMA de jouer pleinement son rôle de revue académique pour construire une approche de l’ESS en réponse à la poly-crise.

De même, nos remerciements vont aux « acteurs académiques », tel le réseau ADDES, les Chaires ESS et en particulier celles qui ont initié le mouvement : Reims Champagne Ardenne, Gustave Eiffel - Marne La Vallée, Sciences Po Bordeaux, Le Mans, Lyon 2, Haute-Alsace, pour leur engagement à faire rayonner la revue.

À côté des manifestations scientifiques annuelles dont les colloques du RIUESS, la participation aux différents évènements comme le Forum de l’ESS, à Niort, les Journées Métropolitaines de l’ESS à Lyon ou encore la biennale Faire Autrement 2024 à Guise témoignent de l’attachement et de la vivacité de la RECMA. Enfin, et ils sont trop nombreux pour être cités, toutes les actrices, acteurs, chercheuses et chercheurs, qui ont par leur abonnement, évaluations et soumissions d’articles en France comme à l’international, font vivre la revue.

La ténacité du comité de rédaction qu’il faut remercier, engage une mue en 2024 avec l’arrivée de nouvelles personnes en son sein, composé d’experts renommés et de talents prometteurs, ainsi que le comité des parties prenantes de la revue qui continue de s’étoffer. Nous aurons également de nouvelles rubriques à venir, avec comme objectif éditorial de favoriser la recherche et la réflexion sur les différentes dimensions de l’ESS pour toujours mieux rendre compte la diversité de ses dimensions, de ses activités et de ses familles, de ses tensions et de ses transformations.

L’évolution de la gouvernance de l’association RECMA, assortie de la consolidation du modèle économique de la revue, sont donc les gages de la pérennisation. S’ancrer dans ses fondamentaux de revue académique pluridisciplinaire, ouverte aux débats d’idées et accessibles aux acteurs, s’adaptant à l’évolution des contraintes actuelles, demeure un challenge initié par Charles Gide et Bernard Lavergne, toujours plus d’actualité.

Agissez comme si vous ne pouviez pas échouer 

Claude Alphandéry, en nous quittant le 25 mars 2024, nous a lancé un appel au combat pour la paix et la justice, un message d’espoir. La RECMA, toujours plus nécessaire, reste un outil politique précieux pour contribuer à éclairer les ressorts du faire société, à penser des modes de coopération pour de nouvelles formes de vie sociale (Supiot, Meda, Eloi), de renforcer et remettre l’imaginaire pour repenser nos liens sociaux et liens au monde (Eloi, Cohen, Fleury), la bienveillance et l’optimiste (Morin, Callié) dans ce monde incertain et inquiétant. Elle doit continuer à s’ouvrir à des influences hors champs de l’ESS pour mieux faire dialoguer, éclairer et essaimer de nouvelles idées, des expérimentations comme réaliser une introspection régénératrice. Rien n’est acquis pour devenir la norme de demain et construire la République de l’ESS.

En tant que revue académique incontournable, il nous revient donc de déployer de l’audace et une prise de risque pour développer des innovations et de la créativité utopique afin de sortir de notre zone de confort et d’explorer de nouvelles idées, d’expérimenter des approches innovantes et d’envisager des collaborations inédites. Telle que souhaité par Gide dans une correspondance avec Walras, le projet d’une théorie de l’économie sociale, reste ainsi à construire.

Son rôle demeure plus que jamais essentiel dans la promotion et la diffusion des connaissances sur l’ESS à l’échelle internationale. Revue pluridisciplinaire, la RECMA couvre un large éventail de sujets liés à l’ESS, tels que l’entrepreneuriat social, la finance solidaire, l’innovation sociale, la gouvernance participative, l’impact social, etc. La diversité des articles publiés, permet d’explorer les différentes facettes de l’ESS et de favoriser les échanges entre chercheurs, praticiens et décideurs.

En tant que revue académique, elle suit un processus de sélection rigoureux, avec une évaluation par les pairs à l’aveugle, pour garantir la qualité des articles publiés. Ce gage de rigueur scientifique demeure notre marque de fabrique. Aussi, nous encourageons les enseignants-chercheurs, les praticiens et les étudiants de continuer à consulter la RECMA pour se tenir informer des dernières avancées dans le domaine, comme il demeure essentiel, d’y contribuer en soumettant des articles originaux et pertinents.

Expérimenter !

Ce numéro, consacre son dossier exceptionnel à l’expérimentation des « Territoires zéro chômeur de longue durée » TZCLD, coordonné par Timothée Duverger et Amélie Artis qu’on ne peut que féliciter pour ce dossier très complet. Nous les en remercions avec une pensée émue pour Danielle Demoustier qui participait au lancement de ce projet éditorial.

TZCLD, initié depuis 2016, est une initiative dont l’objectif vise à éliminer le chômage de longue durée dans certains territoires en France afin de permettre aux personnes concernées, de trouver une activité professionnelle, de développer de nouvelles compétences et de (re)gagner confiance en elles. Il consiste à créer des entreprises à but d’emploi pour offrir des opportunités de travail aux personnes sans emploi de longue durée, dans le but de lutter contre le chômage mais aussi de favoriser l’inclusion sociale. Tel que le développait Alain Supiot (2019) Le travail n’est pas une marchandise .

Notre dossier réunit ainsi différents auteurs et autrices, en France comme à l’étranger, pour rendre compte de ce dispositif comme l’explicite la contribution de Daniel Guillou. Cette expérimentation innovante qui s’étend maintenant au-delà de nos frontières, voire l’entretien de Pavlina R. Tcherneva et l’article de Julien Charles et Isabelle Ferreras, porte une autre vision du retour au travail. Les articles, ceux Claire Autant-Dorier et Camille Retsin et Francesca Petrella comme celui de Sylvain Vatan, Anne Fretel, Florence Jany-Catrice et Philippe Semenowicz éclairent les réussites et les défis rencontrés, soulignant les effets positifs sur les individus bénéficiaires incluant l’amélioration de leur condition de vie. Mais ils interrogent aussi les enjeux de durabilité financière de l’initiative, la question de la généralisation de ce dispositif comme de sa nécessaire adaptation aux différents contextes socio-économiques.

À ce titre, TZCLD est une innovation sociale qui réconcilie économie, social et sociétal pour réduire les inégalités et recréer société. Les articles mettent en perspective les questions que se posent les chercheurs dans une volonté de mieux comprendre les dynamiques socio-économiques afin de renforcer les dispositifs pour améliorer l’action des pouvoirs publics.

Fidèle à son devoir, ce dossier de la RECMA est donc une mise en perspective de cette expérimentation enthousiasmante pour la lutte contre le chômage de longue durée dans une conception de son déploiement et, dont la lecture, vous permettra de procéder à un état actuel des connaissances et d’approfondir votre compréhension de cette expérimentation innovante et prometteuse.

(*) https://shs.cairn.info/revue-recma-2023-4?lang=fr