Organisations
Éprouvés par les crises, les salariés restent engagés au travail
Selon les résultats de la 3ème édition de Perspectives RH, une étude OpinionWay pour Lamy Liaisons, Karnov Group.
- Le télétravail concerne désormais une entreprise sur deux.
- Le télétravail et le flex office sont devenus des critères d’attractivité pour les entreprises (selon 81% des DRH).
- Des réticences apparaissent principalement chez les plus de 50 ans et chez les hommes, qui vivent dans le télétravail une source d’inégalités et de surcharge de travail.
- Les crises à répétition (Covid, Ukraine, climat, inflation) pèsent concrètement et fortement sur l’état de santé psychique et mental des salariés selon 3 DRH sur 4.
- Outre le salaire, les salariés mettent de plus en plus l’accent sur l’équilibre vie pro/vie perso
1. Les nouvelles organisations du travail
Trois ans après le premier confinement, le recours au télétravail s’est généralisé dans les entreprises françaises. Il s’est imposé partout où l’activité le permet. 51% des entreprises font du télétravail permanent ou hybride. Un bouleversement perçu positivement par les DRH : il permet d’accélérer la transition écologique (83%), de fidéliser les collaborateurs (82%), d’attirer de nouveaux talents (81%) et d’améliorer la cohésion interne en améliorant l’ambiance générale (77%). Cependant, les DRH sont aussi lucides : le télétravail permet également de faire des économies, notamment sur l’immobilier (87%). Si certains salariés se considèrent comme les grands gagnants de ces mutations, d’autres se sentent lésés. Cette nouvelle organisation du travail provoque un rejet chez 74% des collaborateurs des entreprises, ils subissent un sentiment d’injustice (71%), une surcharge de travail (68%) ou de la désorganisation dans le suivi des dossiers (66%).
2. Un climat général anxiogène
Si le développement du télétravail répond aux attentes de nombreux salariés, les DRH notent néanmoins une baisse de moral due au climat général que connaissent des pays comme la France. La succession de crises graves minent les équipes qui peuvent perdre de leur entrain ou de leur motivation. La crise du Covid puis la guerre en Ukraine, la montée de l’inflation et la crise climatique créent une ambiance générale négative qui agit sur chacun selon les constatations de 74% des DRH. Ce climat pesant sur l’état de santé psychique et mentale (pour 88% des DRH), tend à augmenter les exigences des collaborateurs en matière de conditions de travail (88%), contribue à des manifestations plus fréquentes d’épuisement (86%), impacte négativement l’ambiance générale (84%), nuit à la productivité (82%), et décourage les salariés (81%).
3. Des collaborateurs engagés malgré tout
Il faut néanmoins nuancer ce jugement des DRH qui peut apparaître pessimiste sur l’état d’esprit des salariés dont ils ont la charge. Ils constatent qu’en dépit de ce climat anxiogène, leurs collaborateurs restent attachés à leur entreprises (pour 86% des personnes interrogées), restent motivés (85%), s’épanouissent dans ce qu’ils font (82%), ont plaisir à venir travailler (82%) et ne voient pas le temps passé au travail (78%). Les DRH constatent dans leur écrasante majorité (86%) que les salariés font au mieux pour s’adapter face à tous ces bouleversements.
4. Les outils préférés des DRH pour suivre le moral de leurs collaborateurs
L’absentéisme est le premier point d’attention qui peut alerter sur une démotivation des salariés. Ce désengagement ne semble pas concerner une catégorie de collaborateurs plus que d’autres. Afin de mesurer l’engagement de leurs collaborateurs, les DRH privilégient plusieurs indicateurs clé : indicateurs chiffrés (pour 47% d’entre eux), échanges informels avec les collaborateurs et les managers (43%), entretiens annuels (41%), remontées formalisées des managers (36%).
5. De nouvelles aspirations
Les motivations des salariés changent : la crise du Covid a joué comme un électrochoc. Les confinements ont été l’occasion pour de nombreux collaborateurs de s’interroger sur le sens de leur travail et les priorités qu’ils voulaient se donner. La rémunération reste le critère numéro un à la disposition des RH pour améliorer l’engagement des salariés. Faute de reconnaissance manifestée par une rémunération satisfaisante, les salariés peuvent facilement perdre leur motivation. Mais de nouvelles aspirations apparaissent fortement. La qualité des relations humaines et l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle ne sont plus des préoccupations périphériques, les DRH constatent qu’elles deviennent centrales parmi leurs salariés.
6. Le rôle central de la fonction RH
Tous ces enjeux rendent cruciale la fonction RH dans les entreprises. Elle doit être capable de détecter les signaux faibles, d’accompagner le changement, de revoir les règles et les usages pour motiver les collaborateurs, de réfléchir aux modalités et aux conséquences des nouvelles organisations du travail. Voilà pourquoi les fonctions DRH et RHH sont dans un état d’esprit plus positif qu’en 2022 (67% vs 21%) quant à l’avenir de leur métier.
Méthodologie de l’étude :
Cette étude OpinionWay a été réalisée auprès de 303 fonctions RH travaillant dans des entreprises ou organisations de 50 salariés et plus et auprès de 1000 salariés issus d’un échantillon national représentatif des salariés français, public et privé. OpinionWay a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252. Les interviews ont été réalisées entre le 2 et le 18 mai 2022. La marge d'incertitude est de 5,7 points au plus pour un échantillon de 300 répondants et de 3,1 points pour un échantillon de 1000 répondants.