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17 / 01 / 2025 | 30 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Assurance & Post-croissance, comment protéger à l’aune des limites planétaires 

Les risques environnementaux qui se développent sous des formes les plus diverses,  avec des phénomènes dont l'ampleur et la fréquence ne cesse d'augmenter ,  fragilisent les systèmes financiers dont dépend l’activité des assureurs et interrogent légitimement...Emmanuel Petit Directeur RSE du Groupe Matmut, a bien voulu répondre à mes questions et faire le point sur l'approche du groupe sur ce sujet...

 

Comment appréhendez-vous aujourd'hui le caractère assurable des risques environnementaux ?

 

Le rôle de l’assurance est de protéger les acteurs (individus et organisations) qui composent notre société, ainsi que leurs activités et leurs biens. Pour cela, les assureurs gèrent les risques, en lissant sur des périodes longues et mutualisant entre un grand nombre d’assurés, les conséquences financières d’événements dommageables et incertains qui seraient trop lourdes à supporter par un agent seul.

 

Or, le changement climatique et le dépassement de six des neuf limites planétaires identifiées à ce jour remet en question le caractère assurable des risques environnementaux. Leur croissance tendancielle menace leur assurabilité puisqu’ils pourraient devenir trop imprévisibles, trop dommageables ou trop répandus pour maintenir les couvertures assurancielles telles qu’elles sont aujourd’hui pratiquées. Leur augmentation rapide et continue met en échec les dispositifs actuels de modélisation du risque fondés sur les données passées. Alors que l’exceptionnel deviendra la norme, les assureurs devront certainement, pour assurer la continuité de leurs activités, apprendre à anticiper des risques jusque-là considérés comme des anomalies statistiques.

 

Par ailleurs, les risques environnementaux fragilisent les systèmes financiers dont dépend l’activité des assureurs. Un constat qui faisait dire au PDG d’AXA dès 2015 qu’un « monde plus chaud de 4 degrés sera impossible à assurer ».

 

Dans ce contexte, quelles sont les réponses que l'ont peut imaginer ?

 

Dans cet environnement sous contrainte confronté à un contexte environnemental en pleine évolution, où la fréquence et l’intensité des évènements climatiques ne cessent d’augmenter, la demande de protection sera plus importante que jamais. Dès lors, l’assurance doit se réinventer.

 

Une étude menée sur 18 mois par le cabinet Prophyl et la Fondation Seabird Impact et soutenus par de nombreux acteurs de l’assurance dont la Matmut a permis d’éclairer la question de « Assurance et post-croissance, comment protéger à l’aune des limites planétaires ? »

 

Sur la base d’une recherche académique et de nombreux interviews de professionnels, l’étude explore le rôle crucial des assureurs dans la transition vers un modèle économique plus durable, face aux défis environnementaux et sociaux actuels.

 

Les auteurs soulignent que la croissance traditionnelle n'est plus viable. L'étude propose que les assureurs deviennent des agents de transformation vers une économie dite « post-croissance », où la croissance perdure mais dans le respect des limites planétaires et des planchers sociaux.

 

Pour se faire, les assureurs sont des acteurs clés pour favoriser la mutualisation des risques, encourager l'innovation et accompagner la transition écologique.

 

L'étude recommande une approche pragmatique basée sur trois axes : l’Adaptation (réduire l’exposition et la vulnérabilité des risques aux nouvelles réalités climatiques), l’Atténuation (agir sur l’aléa pour réduire les impacts négatifs) et la Restauration (restaurer les écosystèmes endommagés et mobiliser des solutions fondées sur la nature).

 

Les assureurs sont invités à développer une culture commune fondée sur des faits scientifiques, collaborer entre acteurs publics et privés, investir dans la recherche et le développement.

 

C’est en relevant ces défis que les assureurs ont l'opportunité de jouer un rôle central dans la transition vers une économie post-croissance plus résiliente et respectueuse des limites planétaires.

 

Pourquoi avoir été partenaire d’une telle étude ?

 

Le rôle de l’assurance est de protéger les individus et leurs biens dans tous les aspects de leur vie. Cette notion de protection fait partie intégrante de l’ADN du groupe Matmut. Dans un monde perçu comme de plus en plus instable et face au sentiment de vulnérabilité accru chez nos concitoyens, elle est d’ailleurs ressortie comme un élément majeur lors des travaux menés par le groupe pour formaliser sa raison d’être.

 

Alors que 6 des 9 limites planétaires ont été dépassées, les entreprises doivent se questionner et réfléchir à un nouveau modèle qui réconcilie la rentabilité économique et le bien commun. Cette notion de durabilité qui irradie l’ensemble des activités est au cœur du nouveau plan stratégique du groupe Matmut. Notre engagement est déjà soutenu avec de nombreuses mesures en faveur de la prévention, de la sensibilisation de nos parties prenantes et de l’acculturation de nos collaborateurs aux enjeux du développement durable.

 

La particularité de cette étude prospective est d’une part d’être dédiée au secteur de l’assurance et d’autre part d’être très concrète et pragmatique sur les leviers à notre disposition pour contribuer, nous l’espérons, à l’émergence d’un nouveau modèle pleinement respectueux du vivant.

 

Notre participation à ces travaux permet de prendre de la hauteur, de nous projeter et de nourrir nos propres réflexions sur les grandes problématiques auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés.

 

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