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94 agressions dans les agences de la Macif ces trois derniers mois : que fait la direction ?
Une agression grave avec menaces de mort et intervention de la police a eu lieu à l'agence de Bobigny vendredi 15 octobre. Les salariés sont sous le choc. Une agression parmi tant d'autres. Malgré cela, la direction maintient l'agence ouverte la journée, avec un vigile pendant une semaine et une formation d'une heure aux incivilités. C'est honteux et scandaleux. Parallèlement, une réunion santé et sécurité au travail se tenait.
Voici la déclaration de la CGT :
Il est prévu que nous abordions ce jour un point sur le suivi des agressions externes en point d’accueil physique (PAP). Le 8 octobre, vous nous avez adressé un tableau faisant état de 94 déclarations d’agressions dans les PAP de la Macif sur les trois derniers mois et seules 5 d’entre elles ont donné lieu à une déclaration en accident du travail.
Depuis la mise en place du CSE unique il y a plus d’un an, nous n'avons eu de cesse de vous demander de nous transmettre les déclarations d’agressions complétées par les collègues dans les 48 h, comme c’était le cas auparavant, ainsi que les déclarations d’accident du travail. Pourtant, rien n'y fait ; vous vous obstinez à ne pas communiquer en dehors des réunions de la CSSCT, ces informations pourtant essentielles à l’exercice de nos mandats.
Nous sommes effarés par le nombre grandissant de déclarations d’agressions ainsi que par l'augmentation de la violence de ces dernières. Nous sommes également très inquiets par la pauvreté des actions que vous mettez en place, bien loin d’être à la hauteur de la gravité de la situation. Parfois même, la direction agit de telle sorte qu’elle peut contribuer à aggraver le risque d'agression en PAP.
Par exemple : un salarié que la direction laisse seul dans un PAP, un temps d’attente lié à des plannings de rendez-vous chargés bloquant la gestion du flux spontanée parce que des objectifs élevés de prises de RDV en centre relation clients (CRC) ou en PAP sont imposés, la disparition de la fonction sinistre en PAP, la pression croissante des objectifs poussant à assurer tout et n’importe quoi, l'augmentation des cadences de travail, la chasse au temps morts, les interruptions de tâches, l’aménagement des PAP sans réfléchir à l’aspect sécurité...
Nous traversons une crise économique avec une baisse du pouvoir d’achat, l’inflation qui augmente, de nombreuses entreprises qui ferment ou qui font des plans de licenciement, entraînant de fait des problèmes sociaux auxquels nos sociétaires sont confrontés. Dans un contexte comme celui-ci, un refus d’assurance, un refus de paiement de sinistre, un reste à charge important ou des refus de remise en cours suite à impayés sont évidemment encore plus mal perçus par les sociétaires.
Rajoutez à cela le peu de disponibilité de certains conseillers qui se retrouvent trop souvent en sous-effectif à devoir gérer un nombre de tâches incroyables : le flux spontané, les rendez-vous, les appels sortants, le « web call back », le courrier, les contacts « back up », les contacts au CRC ou à la gestion, les formations à distance, les relances, les objectifs, les tableaux/rapports pour justifier les chiffres, les accompagnements, la pression et, en prime, les entretiens vidéo viendront se rajouter demain. Avec le sourire s’il vous plaît même si t’as mal, t’as qu’à faire semblant, voyons !
Vous comprenez, il y a une baisse de flux et il faut bien les occuper, les conseillers ! C’est vrai, il ne faudrait surtout pas que la Macif paie ses salariés à glander au bureau ! Pour qui prenez-vous vos salariés ? Eux qui se démènent tous les jours pour faire prospérer la Macif, sans en voir la couleur sur leur fiche de salaire depuis plusieurs années (absence d'augmentation générale) et, de ce fait, participent plus que nécessaire à l’évolution des salaires des hors statuts. La direction se permet en plus de brandir la menace de la fermeture ou de regroupement d’agences dès que les chiffres ne sont pas aux attendus ou dès qu’un salarié se plaint de la charge de travail. C’est honteux et cela doit cesser !
Résultat : la CGT rencontre des collègues désespérés de devenir les souffre-douleurs des sociétaires. Ils sont désespérés de ne plus avoir la main sur rien, de ne plus avoir de manager ou de collègue disponible parce que tout le monde est ultra-occupé.
Ils sont désespérés de ne pas être considérés et respectés par la Macif qui les maltraite via leurs conditions de travail déplorables. Nous n’avons jamais eu affaire à un tel déferlement de haine de la part des sociétaires. Jamais ! La preuve : regardez combien de fois la police a été contactée ? Combien de fois avez-vous fait appel à un agent de sécurité ? Combien de fois l’intégrité des collègues à été mise à mal ? Combien de menaces de représailles ? Combien de menaces de tout faire sauter ou brûler ? Combien d'atteintes physiques et morales ? Combien d’estime de soi piétinée ? Combien de salariés chez le psy ? Combien de nuits blanches à essayer de prendre des médicaments quels qu'ils soient pour oublier mais c’est toujours là ? Combien de familles derrière tout ça où les enfants demandent : « Il a quoi papa ? Pourquoi elle pleure maman ? » ?
Et vous, qu’avez vous fait ? Trop peu de résiliations, trop peu de dépôts de plainte, trop peu de formations, trop peu de prises en charge de frais de psy, trop peu de déclarations en accident du travail, trop peu de renforcement d’effectif, trop de banalisation de la violence etc.
- La CGT demande que la direction respecte l’article L411-1 du code de la sécurité sociale en déclarant toutes les agressions en accident du travail.
- Elle demande que la direction respecte l’article R4543-19 au sujet de la sécurité des travailleurs isolés, afin que ceux-ci puissent être secourus.
- Elle demande que la direction respecte l’article L4121-1 sur ses obligations de résultat sur la santé et la sécurité des salariés. Cela devra nécessairement passer par des mesures organisationnelles. Mais êtes-vous prêt à l’entendre ?
- Elle demande que la direction lui transmette les déclarations d’accident du travail sous les 48h et convoque le CSE chaque fois qu’un accident du travail se produit en lien avec les agressions en PAP.
- La CGT souhaite qu’un point soit fait sur l'absentéisme lié à ses agressions, y compris les arrêts qui n’ont pas lieu tout de suite après. La mise en place d’un outil permettant ce suivi doit être mis en place.
- Nous souhaitons une information plus fine sur le devenir des déclarations d’accident qui sont effectuées.
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