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Optimiser l’équation entre les heures travaillées et celles réellement payées pour asseoir un modèle économique
Début septembre, Accenture a été condamnée pour infractions à la durée légale du temps de travail. Son dirigeant a lui aussi été condamné à régler une amende de 23.800 €. Les deux ont fait appel.
Pour la CFDT, seul le haut de l'iceberg reste visible dans cette procédure tout simplement parce qu’elle s’appuie en grande partie sur des relevés de badge réalisés au siège qui concentre une grande partie de salariés affectés aux fonctions de support alors que l'essentiel des consultants se trouve en mission chez les clients.
Selon le syndicat, la direction s’est appuyée sur le forfait jours, notamment la déclaration du temps de travail pour « optimiser l’équation » entre les heures travaillées et celles réellement payées.
Si les procédures judiciaires poussent l'entreprise à faire des ajustements, les représentants de la CFDT considèrent que « cette gestion des dépassements reste habilement encadrée »...
Un avenant au contrat de travail sera proposé à partir de janvier 2018 pour basculer les consultants au forfait-hebdomadaire. Mais sera-t-il réellement applicable, compte tenu du modèle économique d'Accenture ? « Il faut en référer à son manager avant de déclarer des heures supplémentaires dans l'outil interne MyT&E, ce qui n'est déjà pas une démarche facile. Quant aux consultants et analystes qui passent ce premier filtre du manager, ils sont systématiquement appelés par un responsable des RH. Objectif officiel : clarifier la situation. Mais l'objectif sous-jacent de ce contact est évident : il s'agit de culpabiliser le salarié pour lui faire mesurer que déclarer un dépassement doit rester... exceptionnel ! », lâche la CFDT.
Retrouvez les interviews croisées de Pascal Abenza (délégué syndical du groupe chez Accenture) et Stéphane Roy (secrétaire du comité d'entreprise) qui considèrent que le modèle économique d’Accenture repose sur des consultants juniors exposés aux dépassements des horaires, avec un taux de remplacement de 20 % par an, et l’off-shorisation de 60 % des prestations. De quoi pouvoir proposer une rémunération motivante aux salariés qui restent plus longtemps dans l’entreprise.