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17 / 05 / 2017 | 282 vues
Marie-Jeanne Fouqué / Membre
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Inscrit(e) le 17 / 05 / 2017

Le travail en 2022 : l'insertion des jeunes des milieux défavorisés

Le travail en 2022

Une série de chroniques à suivre sur Miroir Social
- Marie-Jeanne Fouqué, présidente déléguée de la mission locale de Toulouse

À venir :
- Jean-Claude Delgenes, directeur général de Technologia


Retrouvez les chroniques de :
- Michel Debout, psychiatre et professeur de médecine > Une source de bien-être psychologique et un facteur de souffrance
- Anne-Julienne Tillay, secrétaire générale de l'UNSA Paris > Perspectives critiques
Françoise Maréchal-Thieullent, avocate médiatrice chez Lawcean Selarl Interbarreaux > Retrouver la sérénité par les modes de règlement amiable des conflits
- Brigitte Dumont, directrice RSE d'Orange > Comment les grandes entreprises se mobilisent pour répondre aux mutations de l’économie et pour la qualité du travail ?

Commençons par poser le contexte avec des chiffres : aujourd’hui, près de 1,7 million de jeunes, entre 15 et 29 ans, sont sans emploi et sans formation. Chaque année, 140 000 jeunes décrochent du système scolaire. Selon un rapport d’octobre 2016 de l’OCDE, un jeune qui décroche coûtera tout au long de sa vie 230 000 euros à la société.  

Refonder nos pratiques d’accompagnement

N’est-il pas temps de nous interroger, de refonder nos pratiques d’accompagnement et d’enfin oser et innover ? Sur quoi repose notre valeur ? Assurément sur notre existence sur Terre. Cependant, être élevé dans un milieu défavorisé, c’est vivre modestement ; c’est apprendre insidieusement que la valeur dépend des diplômes, du milieu social et des biens matériels.

N’oublions pas que « 9 millions » de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ces gens ne résident pas uniquement dans les quartiers dits prioritaires mais également, dans la ruralité, ce que le sociologue Christophe Guilly, appelle « la France périphérique ».

Vivre dans un milieu défavorisé, c’est être conditionné à rester modeste ou se diminuer et souvent, hélas, se victimiser.

La pensée crée notre destin.Tout se manifeste en premier lieu dans la pensée. La pensée crée notre destin. Or, la pensée d’être coincé dans son milieu produit le manque de confiance en soi, la répétition de problèmes familiaux et sociaux et, forcément, génère l’échec.

Convaincus qu’ils n’ont aucun potentiel, ils alignent leur vie sur leurs limites subjectives, persuadés que leur « boîte à outils » de développement personnel et professionnel est vide.
Actuellement, ces jeunes ont un problème vis-à-vis de l’emploi, avec « l’idée reçue » que le chemin traditionnel, passe obligatoirement par le cursus habituel du « parcours du combattant » du marché du travail, pour accéder au graal, c’est-à-dire l’obtention d’un CDI.

Cependant, le piège du travail à tout prix ne les motive pas et à la moindre occasion, ils s’en échappent. Il est aisé de constater que le succès ne peut survenir dans un emploi précaire, peu rémunéré, que l’on n’aime pas et que l’on subit.

Depuis 35 ans, se succèdent des mesures publiques, très dispendieuses, sans parvenir à résoudre le problème majeur, de l’insertion des jeunes défavorisés.

Les voies de garage sont donc nombreuses, à savoir les dispositifs masquant les statistiques, stages et formations éphémères et peu efficaces, ou encore les CDD précaires… Nous ne pouvons que constater que ces diverses politiques ont échoué.

Si nous inversions le processus ? Comme l’a écrit Guillaume Appolinaire, « il est grand temps de rallumer les étoiles ». Aidons ces jeunes à abattre ces murs élevés autour d’eux et donnons-leur les moyens de construire ce qu’ils veulent être. C’est-à-dire de prendre le déraisonnable et de le rendre possible. La persévérance scolaire ne s’édicte pas, alors que la passion est un catalyseur de réussite. La passion ajoute à la vie l’élément d’enthousiasme, qui met continuellement en action et permet d’avancer, sans baisser les bras.

« La zone de génie »

Apprenons-leur à croire en leur valeur, en identifiant : « leur zone de génie ».

La « zone de génie » se situe là où nous activons pleinement nos talents, notre passion et exprimons qui nous sommes, au plus profond de nous. Un talent, c’est quelque chose que l’on sait bien faire et facilement, avec plaisir et mieux que les autres. Une passion, c’est ce que l’on peut faire pendant des heures, sans se préoccuper du temps qui passe. Ces jeunes ont tous des talents et des passions. C’est donc grâce à leurs talents et leurs passions que ces jeunes pourront mobiliser l’énergie du désir, face à la sidération sociale.

Ils remplaceront ainsi la recherche d’emploi traditionnelle par une stratégie fondée sur ce qui les passionne et les pousse au dépassement de soi. Non, ce n’est pas un doux rêve que de penser que conjuguer passions et talents permet de trouver sa voie professionnelle.

Certains anciens décrocheurs sont devenus de célèbres capitaines d’entreprises. Thierry Marx, cuisinier de renom, élevé dans une cité à Champigny-sur-Marne, a échoué dès la 3ème dans ses études. Benjamin Erisogli, après une enfance très pauvre dans une cité choletaise, a connu les petits boulots pour aider ses parents, a fini par arrêter ses études ; il est à présent,  le dirigeant d’une entreprise de 700 personnes. Jean-Claude Aubry détient des centaines de salons de coiffure dans le monde et David Lefrançois est l’un des spécialistes mondiaux en neurosciences…

Revenons à nos jeunes d’aujourd’hui : Léa, en décrochage scolaire depuis ses 14 ans, est suivie par la Protection judiciaire de la jeunesse, après divers délits. Elle s'est avérée être passionnée par le domaine équestre. Nous l’avons aidée à suivre des stages dans un hippodrome, au sein d’une brigade équestre, une clinique vétérinaire et un haras. À présent, son décrochage est derrière elle. Elle a trouvé sa « zone de génie ». Léa est en 2nde générale et va s’orienter vers un CAPA de « soigneur équidés ». Alors oui, osons le déraisonnable et rendons-le possible.

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