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30 / 09 / 2015
Jacky Lesueur / Abonné
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Le message de la CES aux dirigeants : « les mots ne suffisent pas, il faut des actes »

La dimension sociale de l’Europe et le dialogue social… De Jean-Claude Junker (président de la Commission européenne) à François Hollande (Président de la République française, qui a déclaré vouloir une nouvelle directive sur la portabilité des droits pour les travailleurs détachés, en passant par Anne Hidalgo (maire de Paris) et Martin Schulz (président du Parlement européen), toutes les grandes personnalités invitées à l’ouverture du XIIIème congrès de la CES ce 29 septembre ont insisté sur l’importance des droits sociaux et sur la nécessité de renforcer le dialogue social à l’échelle européenne.

La question reste : quel dialogue social ? Dans quel but et avec quelle valeur contraignante ?

« L’état de l’Union européenne n’est pas bon (…) Nous disons que nous sommes la commission de la dernière chance car nous observons avec inquiétude le fossé qui se creuse entre les peuples et nos politiques. Les citoyens se sont éloignés de l’Europe car l’Europe s’est éloignée d’eux », a notamment souligné, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, rappelant notamment son engagement à proposer dès 2016 un « socle de droits sociaux, un cordon sanitaire » en matière sociale. « Cela ne peut se faire sansque le dialogue social ne se renforce. Il faut absolument le relancer à tous les niveaux. La Commission européenne doit renforcer son rôle dans le dialogue social ».

Les représentants des 90 organisations syndicales venus de 39 pays (1 400 participants, dont 500 délégués votants) attendent de voir comment ces paroles vont se concrétiser. « Nous saluons l’engagement de Jean-Claude Junker d’un pilier de droits sociaux. Nous l’attendons avec impatience, parce que les mots ne suffisent pas, il faut que les choses se mettent en place concrètement », a notamment déclaré Bernadette Ségol, secrétaire générale sortante de la CES, lors du point de presse de la mi-journée.
« Aucune des personnalités présentes n’a fait référence au dumping social »

« Aucune des personnalités qui ont pris la parole ce matin n’a fait référence au dumping social, à la précarité, ni aux défis de travail de la digitalisation », a-t-elle relevé. L’expérience du plan dit « plan Juncker », plan de 315 millions d’euros d’investissements pour la relance, pèse encore sur les esprits. Un plan « que nous savons encore insuffisant pour répondre à nos besoins » a rappelé Bernadette Ségol et dont les syndicalistes n’ont pas encore vu la couleur en réalité.

« Où sont les 315 millions annoncés ? » a interrogé la secrétaire générale de la CES lors de la présentation du rapport d’activité (adopté moins sept abstentions), après s’être toutefois déclarée « convaincue que notre campagne pour un contrat social lancée en 2011 a contribué à cette initiative ».

Mettre le social au cœur du projet européen, a également rappelé le secrétaire général de FO dans son discours d’ouverture prononcé au nom des cinq organisations françaises membres de la CES exige l’adoption d’un protocole social de droit primaire, c’est-à-dire avec une valeur toute aussi contraignante que les traités, de réviser ces derniers et d’instaurer un « réel » dialogue macroéconomique et social au niveau de la zone euro.

La question des réfugiés qui affluent en Europe a été très présente dans les débats dès cette première journée. « Pour la CES, il s’agit d’avoir une attitude d’abord humanitaire et solidaire. Il est plus que jamais indispensable d’appliquer concrètement le principe « à travail égal, salaire égal et protection sociale égale » car nous allons avoir davantage de gens sur le marché du travail et ceux en position de faiblesse pourraient être exploités par des employeurs peu scrupuleux », a déclaré Bernadette Ségol.

Les travaux de la journée ont aussi été largement consacrés à la jeunesse, avec une table ronde intitulée « des emplois de qualité pour la jeunesse : au-delà de la garantie pour la jeunesse ? [1] » et un vote sur un changement de statuts destiné à augmenter le droit de vote des jeunes dans les instances de la CES et dont les résultats seront connus demain.

[1] La « garantie pour la jeunesse » est une initiative de l’Union européenne, déclinée à l’échelon national, qui vise à proposer à tous les jeunes de moins de 25 ans, qu’ils soient inscrits au chômage ou non, une « offre de qualité » (emploi, apprentissage, stage ou formation continue), dans les 4 mois suivant la fin de leur scolarité ou la perte de leur emploi. Le coût total est évalué par l’Organisation internationale du travail à 21 milliards d’euros par an. Pour l’instant, 6 milliards seulement ont été alloués par le Fonds social européen.
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