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26 / 08 / 2014 | 4 vues
Denis Garnier / Membre
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Le gouvernement choisit les dividendes. Moi, je préfère l’emploi et les salaires.

Cet article a été rédigé avant l'annonce de la démission du gouvernement Valls 1. Peut-on espérer du prochain gouvernement Valls le choix de l'emploi et des salaires au détriment des dividendes ?

S'il suffisait de changer les hommes...« Les firmes françaises détiennent la palme mondiale de la rémunération des actionnaires au deuxième trimestre », titre Libération quand Le Figaro confirme « La France championne des versements de dividendes en Europe ».

Records battus

Les entreprises françaises ont accordé 31,4 milliards d'euros à leurs actionnaires au cours du deuxième trimestre 2014.

Les rémunérations des actionnaires ont ainsi augmenté de 30,3 % en France, contre 3,9% en Allemagne et 9,7 % en Angleterre. C’est la France qui fait les plus gros cadeaux aux actionnaires, en offrant aux entreprises des milliards d’euros d’exonération pour soi-disant relancer l’emploi.

Toujours selon Le Figaro (un journal pas franchement de gauche) en 2013, « les 6 000 aides aux entreprises forment un maquis illisible pour les chefs d'entreprise, coûtent 110 milliards par an et ne sont pas toujours efficaces ».[1]

À en croire Christian de Boissieu, au cours d’une émission sur France Inter[2], les entreprises françaises bénéficient aujourd’hui de 270 milliards d’aides publiques (niches fiscales comprises).

Le secrétaire confédéral FO Pascal Pavageau faisait ressortir dans cette même émission que les 20 000 suppressions d’emplois dans les services fiscaux en 7 ans (et 50 000 en 20 ans) empêchaient quasiment tout contrôle efficace.

Si l’on déduit les aides qualifiées d’utiles, il resterait encore près de 200 milliards d’exonérations diverses accordées aux entreprises sans pouvoir en contrôler l’efficacité. C’est en quelque sorte un chèque en blanc : cadeau.

Dans le même temps, l’État doit réduire les dépenses publiques de 50 milliards qui supprimeront d’autant les commandes qui permettent à de nombreuses entreprises de travailler. Ce doit être la première fois dans l’histoire que la rémunération des fonctionnaires sera bloquée pendant 7 ans (de Sarkozy 2010 à Hollande 2017).

Résultat : échec total, sinistre et faillite d’un système.

« Mon ennemi c’est la finance »  (Hollande)

Comme une plaie béante sur un ventre de promesses, ce slogan lancé par François Hollande avant son élection suppure d’infections.

Notre président et ses ministres marchent sur la tête et le moment est venu d’arrêter de leur tenir la jambe.

La priorité serait l’emploi ? Foutaise éhontée. Observons, comptons et nous constaterons.

 

Ci-dessus, l’évolution du taux de chômage en France (source INSEE)

 

Toujours selon l’INSEE, la pauvreté continue d'augmenter, mais plus modérément qu'en 2010. Elle concerne 8,7 millions de personnes, soit 14,3 % de la population, contre 14,0 % en 2010.

 

Mon ami, c’est l’emploi !

 

Un milliard, c’est quoi ?

 

Un salaire annuel au SMIC représente 20 000 euros (charges comprises).

  • 1 milliard, c’est 50 000 années de SMIC,
  • 50 000 personnes pouvant percevoir le salaire minimum,
  • et 50 000 emplois sur un an.

Lorsque du Figaro à Libération, en passant par des économistes de toutes confessions, il ressort que près de 200 milliards sont accordés aux entreprises sans contrôle, on est alors en droit de compter :

200 000 000 000 divisés par 20 000 = 10 millions d’emplois !

Les aides accordées aux entreprises sans contrôle représentent 10 millions d’emplois.

Que deviennent alors tous les slogans qui nous sont assénés à longueur d’année sur l’impossibilité d’une autre politique ? Oui, il existe une marge de manœuvre de 200 milliards annuels correspondant exactement d’ailleurs aux 10 % que le capital a pris aux salariés ces trente ernières années.[3]

Les richesses produites en France représentent 2 000 milliards chaque année. La part des salaires représentait 75 % en 1960 (1 500 milliards) et ne représente plus aujourd’hui que 65 % (1 300 milliards), soit une perte de 200 milliards au profit des actionnaires, comme nous l'avons vu en introduction de cet article.

 

 

Le gouvernement enfonce le clou pour détruire encore davantage d’emplois.

Selon le propre outil de simulation économique de Bercy, l’ensemble des mesures d’économies proposées par le gouvernement pour répondre aux injonctions européennes de réduction des dépenses publiques pourrait entraîner la suppression de 60 000 emplois d’ici 2017[4].

Mais au nom de la sainte réduction des déficits, on ne change évidemment pas une politique qui perd. Alors oui, une autre politique économique est possible.

Pour Jean-Claude Mailly (FO), « c’est bien de dire la vérité, elle est dure etc., mais il faut en tirer les conséquences. Cela veut dire que ce qui a été entrepris ne marche pas et que le pacte de responsabilité, c’est beaucoup d’argent jeté par les fenêtres ; c’est 41 milliards sur trois ans qui vont peser sur le budget de l’État, qui conduisent aux 50 milliards de réduction de dépenses, qui pénalisent les salariés. Donc, il faut savoir rectifier les choses ».

Pour lui, une augmentation minimum du SMIC de 5 % est un minimum indispensable.

Pour les 3 millions de personnes au SMIC, cela ne représente que 3 milliards d’euros sur un an et, compte tenu des effets sur les autres rémunérations, admettons que ce total soit porté à 6 milliards. Ce sont 6 milliards injectés directement dans la consommation et non dans les dividendes.

Une augmentation générale des salaires de 10 % en France ne consommerait pas la totalité des aides accordées aux entreprises.

Le gouvernement choisit les dividendes. Moi, je préfère l’emploi et les salaires.


[1] Le Figaro : « Les aides aux entreprises, coûteuses et peu efficaces », publié le 18 juin 2013.

[2] Émission de France Inter, Le téléphone sonne du mercredi 20 août 2014. Professeur d’économie à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Professeur au College d’Europe à Bruges. Membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers.

[3] Selon le Bureau International du Travail,(BIT) « Dans 16 économies développées, la part moyenne du travail est tombée de 75 % du revenu national au milieu des années 1970 à 65 % dans les années qui ont précédé la crise. Elle a ensuite quelque peu rebondi pour décliner à nouveau après 2009 » (rapport mondial sur les salaires 2012/2013).

[4] La rapporteur générale du budget, la députée du Tarn-et-Garonne Valérie Rabault, indique donc dans son rapport que « selon les prévisions établies par le ministère des Finances et des Comptes publics [...], le plan d’économies de 50 milliards d’euros proposé par le gouvernement pour la période 2015 à 2017, soit une réduction des dépenses de plus de 2 points de PIB, aurait ainsi un impact négatif sur la croissance de 0,7 % par an en moyenne entre 2015 et 2017, et pourrait entraîner la suppression de 250 000 emplois à horizon 2017 ». Le même logiciel estime également, selon son rapport, que « l’impact récessif du plan d’économies sera contrebalancé par les effets positifs des mesures de relance programmées dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité et du CICE. [...] Ce pacte aurait pour effet, hors financement, de rehausser l’activité de 0,6 point à horizon 2017 et de créer 190 000 emplois ».

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