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24 / 10 / 2018 | 7 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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« Il ne s’agit pas de servir de passe-plats à tel ou tel projet de l’exécutif mais d’agir dans l’intérêt de nos mutuelle » - Thierry Beaudet, Mutualité Française

Interview de Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, qui revient sur le congrès de juin dernier et sur l'assemblée générale du 4 octobre. Continuer de développer la capacité à proposer et à agir s'impose pour les mutuelles tandis que les annonces du gouvernement seront jugées « sur pièces ».

Quatre mois après votre congrès, quels enseignements tirez-vous de ce dernier ?

Une fois encore, notre 42e congrès s’est imposé comme un rendez-vous important dans l’agenda social. Tous les acteurs du monde de la santé et de la protection sociale s'y sont retrouvés, à commencer par la Ministre des Solidarités et de la Santé.

Nous avons ouvert un dialogue inédit (et qu'il faut poursuivre) avec l’ensemble des organisations syndicales et patronales, représentées au plus haut niveau. Nous avons entendu le Président de la République, qui a choisi de s’exprimer devant nous, non par tradition mais parce qu’il a perçu que la mutualité est un grand mouvement.

Des genss, de toutes les sensibilités politiques, aux parcours les plus divers, issus de tous les territoires, engagés, forces de proposition et utiles au pays. Des gens qui tissent et retissent le lien social et le lien humain au quotidien, dans notre société plurielle, trop souvent éclatée et fragmentée.

Votre assemblée générale a été l’occasion de revenir sur plusieurs sujets d’actualité ; pouvez-vous nous nous en dire plus ?
Je veux commencer par la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté. L’accueil dans les crèches va être renforcé, dans une logique de mixité sociale accrue, les enfants pauvres aujourd’hui ayant un accès trop limité à ces modes d’accueil. Nous sommes déjà présents sur ce terrain.

Nous avons l’occasion d’amplifier nos initiatives. Le projet de création de 100 centres et maisons de santé dans les quartiers prioritaires, mesure fortement poussée par la Mutualité Française, invite à l'action. Mais, comme nous le répétons sans cesse aux pouvoirs publics, s’il faut créer d’indispensables structures de soins dans les quartiers difficiles, il faut aussi veiller à la pérennisation de celles qui existent déjà mais connaissent des difficultés. J’aime prendre l’exemple du centre de santé mutualiste de Basso Cambo. C’est la dernière offre de soins de premier recours dans le quartier du Mirail, à Toulouse. Comme d’autres établissements, Basso Cambo est emblématique de la raison d’être de la mutualité. Le centre accueille 24 000 patients et 60 000 passages, dont 30 % relèvent de la CMU-C et de l’aide médicale d’État. Pour autant, les financements pour la précarité demeurent bien en deçà des coûts réels et sont même complètement déconnectés des économies permises par le centre, ce qui permet d’éviter des passages injustifiés aux urgences, par exemple.

Sur ce sujet, comme sur tous les autres, c’est donc sur pièces que nous jugerons les annonces du gouvernement.

Vous êtes également revenu sur les effets du plan santé présenté par le gouvernement…
Tout à fait. Pour notre mouvement, beaucoup d'effets très concrets à apprécier et probablement des opportunités. J’en citerai deux.

Comme pour l’ensemble des établissements de séjour court, nos hôpitaux et cliniques devront évoluer pour s’inscrire dans ce nouveau schéma. C’est le renforcement des prises en charge techniques spécialisées (chirurgie et maternité), voire ultraspécialisées (greffes et maladies rares), qui fera l’avenir des uns. C’est l’accent mis sur les soins de proximité (médecine, gériatrie et réadaptation), à destination des personnes âgées et des patients atteints de maladies chroniques, qui fera l’avenir des autres, EHPAD inclus. Nos établissements devront adapter leurs organisations en fonction du type de soins délivrés, en lien avec l’offre de soins de ville.

S’agissant précisément de l’offre de soins de ville (c’est mon second point), les coopérations seront encouragées à travers de nouveaux espaces d’organisation et de coordination des professionnels de santé ; ce que l’on appelle les communautés professionnelles territoriales de santé, les CPTS.

La mutualité, partenaire des collectivités et du territoire, au plus près des besoins de la population, pourra et devra s’y inscrire, en s’appuyant sur la convention conclue avec l’association des maires de France lors de notre congrès. De belles réflexions et de beaux chantiers en perspective, à partager au sein du mouvement mutualiste mais aussi avec nos partenaires, sur toute l’année à venir.

La Mutualité Française vient de lancer des travaux sur la perte d’autonomie, avec l’ambition de porter des propositions d’ici la fin de l’année. Serez-vous entendus ?
Il faut continuer à être acteurs de ce qui nous concerne. Comme lors de la réforme du « reste à charge zéro », même si les arbitrages finaux ne nous appartiennent bien sûr pas et peuvent laisser quelques fois un peu d’amertume.

Il ne s’agit pas de servir de passe-plats à tel ou tel projet de l’exécutif mais d’agir dans l’intérêt de nos mutuelles. Ni défiance fermée, ni confiance béate, nous allons persévérer, parce qu’il le faut !

Après le « reste à charge zéro », la perte d’autonomie : un sujet déjà au cœur des activités mutualistes. Maintenir le capital d'autonomie, soutenir les aidants et permettre d’exercer une liberté de choix des gens en perte d’autonomie le plus longtemps possible font partie des engagements historiques des mutuelles, en complément des interventions et financements publics.

Toutes s’efforcent déjà à jouer leur rôle de compagnon de vie des adhérents et aussi de leurs familles, descendants et ascendants. Toutes sont déjà contributrices pour développer des solutions concrètes en matière de conditions de vie, de lien social, d’hébergement et de soins.

À nous de démontrer une nouvelle fois notre capacité à proposer et à agir !

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