Organisations
Quelle place pour l’extra-professionnel dans la QVT ?
La carte ou le chèque pour la pause déjeuner, faire garder son enfant, accomplir des tâches domestiques et se rendre au travail de façon écologique constituent bien des leviers financiers mais pas seulement. En quoi ceux-ci doivent-ils s’intégrer dans le diagnostic global de la QVT sous l’angle notamment de la conciliation des temps personnels et professionnels ? Un débat en ligne organisé par Up, le 18 mai dernier.
La QVT ne saurait se réduire au cliché tenace du babyfoot d’entreprise. Pour lui tordre le coup, les partisans d'une QVT non cosmétique s’emploient à se focaliser sur le travail pour éviter tout risque de dispersion sur les volets d’actions extra-professionnelle. Agir sur l’organisation du travail passe par l’expression directe. « Il faut donner les moyens aux salariés de pouvoir améliorer la qualité du travail par eux-mêmes sans avoir besoin de passer par la hiérarchie », considère Mathilde Icard, présidente de l’association des DRH des grandes collectivités territoriales. Une expression collective des salariés sur leur travail qu’accompagne aussi le réseau des agences régionales pour l’amélioration des conditions de travail (ARACT). « Nous insistons sur le besoin de poser un diagnostic, en particulier sur les charges de travail, dans le cadre d’un accord de méthode avant de débuter les négociations sur la QVT », souligne Yves-Michel Nalbandian, directeur de l’ARACT de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui reconnaît que cette approche organisationnelle met du temps à se mettre en place.
Peser sur l’organisation du travail ne se décrète pas. « Les employeurs n’hésitent pas à unilatéralement imposer des cycles de 12 heures, comme les ordonnances le prévoyaient bien que les décrets n'ont jamais été publiés », souligne Frédéric Fischbach, secrétaire général de la fédération CFTC santé sociale qui considère lui aussi que l’ingrédient principal de la QVT doit porter sur la concertation en matière d’organisation du travail.
Une priorité au seul travail qui laisse de côté l’articulation entre les temps personnels et les temps professionnels alors qu’elle se trouve pourtant être une voie d’action inscrite dans la loi sur la QVT de 2016.
Des besoins à évaluer et des effets à mesurer
« Quelle place aux leviers financiers de la QVT dans la rémunération globale ? » était le titre du débat en ligne organisé par Up, le 18 mai dernier. Distribuer des cartes ou des chèques pour financer une partie de la pause déjeuner, de la garde des enfants, des tâches domestiques pour soi ou pour des proches que l’on aide ou encore des moyens de transports écologiques est certes du pouvoir d’achat en plus mais cela ne peut remplacer les augmentations de salaire. « Mettre des CESU dédiés à la garde des enfants en place peut par exemple viser à faciliter l’accès des femmes aux formations », note Mathilde Icard.
« Pour que nos solutions ne soient pas uniquement perçues comme du pouvoir d’achat mais comme du pouvoir de vivre mieux, elles doivent s’intégrer pleinement dans les négociations QVT en apportant des réponses à des besoins sociaux bien identifiés dans les diagnostics QVT sur des sujets comme la conciliation des temps, l’égalité professionnelle ou le handicap », explique Frédéric Villeret, responsable régional des partenariats du groupe Up en Auvergne-Rhône-Alpes. À Pôle Emploi, Sylvie Szeferowicz, déléguée syndicale centrale FO, regrette en effet que « les CESU soient instrumentalisés par l'employeur, notamment dans le cadre des négociations salariales ».
« En matière de QVT, on voit trop souvent arriver des solutions avant même que le problème ne soit encore posé », remarque Éric Barthel, élu CFE-CGC au CSE de Setia (une entité d’Arkema) et spécialiste de la prévention des risques psycho-sociaux. Et Sylvain Van Braekel, responsable des partenariats du groupe Up en région Nord de conclure : « Il faut se donner les moyens de suivre les usages de nos solutions en fonction des besoins évalués et des objectifs concrets fixés par la QVT ».
- Organisation du travail
- Santé au travail parrainé par Groupe Technologia