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11 / 04 / 2025 | 775 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Visio conférence Miroir Social, Axa, Filib

Comment corriger les inégalités que révèle l'épargne collective ?

Connaissances financières, genre, salaire, taille de l'entreprise sont autant d'inégalités que révèle l'épargne collective. En être conscient permet de se donner les moyens de les corriger. Le direct organisé par Miroir Social en partenariat avec Axa Santé et collectives le 25 mars dans le cadre de la semaine de l'épargne salariale a été l'occasion de mettre en avant les leviers pour agir.




L'épargne salariale est le 1er thème de la négociation d’entreprise. Il représente rien de moins que 40 % des accords. Signer est une chose, reste ensuite à faire en sorte que les salariés s'approprient les dispositifs aux salariés. "C'est un sujet qui draine beaucoup de questions. Les représentants des salariés sont des relais d'information clés pour aider les salariés à faire des choix en connaissance de cause. Nous les aidons à expliquer simplement des dispositifs qui peuvent sembler complexes tant les possibilités de choix sont nombreuses", souligne Sophie Mandelbaum, chargée des relations extérieures et partenaires sociaux d'Axa Santé et Collectives. Cela passe notamment par l'organisation de réunions avec les salariés et par la mise à disposition de guides.


Libre choix


"Nous pouvons agir sur l'inégalité des connaissances par l'éducation financière avec l'objectif de rendre les salariés acteurs de leur épargne salariale. C'est l'absence de choix qui est le premier facteur d'inégalité puisque 50 % des placements sont fait par défaut, or ce sont les placements les plus sécurisés et donc les moins performants", considère Virginie Singer, directrice du développement commercial de l'épargne retraite entreprise chez Axa qui a noué un partenariat avec Filib, une société spécialisée dans le coaching financier en épargne collective.


En épargne salariale, la différence de rendement de l'épargne peut être d'environ 4 % entre un salarié passif et celui qui va faire des choix. "Il est indispensable de mettre une dose de risque sans que ce soit un danger à partir du moment ou l'on raisonne sur du temps longs. C'est typiquement le message que nos coach font passer aux femmes qui prennent en moyenne 30 % de risques en moins que les hommes pour des raisons qui sont parfaitement documentées. C'est ce que nous constatons sur les 25 000 coaching que nous avons déjà réalisés", souligne Paul Younes, associé chez Filib.  La différence salariale générale de 25% entre les femmes et les hommes pèse déjà foncièrement sur la capacité d'épargne. Un écart augmenté par le fait que les femmes font des placements moins risqués que les hommes. 


En matière d'épargne retraite collective, la loi impose depuis le début de l'année d'appliquer des tables de mortalité mixtes qui favorisent, pour une fois, les femmes par rapport aux hommes sur les sorties en rentes. Les hommes y perdent environ 5 %. "Nous avons informé nos épargnants en leur proposant de sortir en rente avant la mise en application de cette règle. Très peu l'ont fait", note Virginie Singer. Toujours en matière d'épargne retraite, dans un couple, les plafonds d'exonération fiscale peuvent se cumuler au profit d'un seul, souvent l'homme. Et Sophie Mandelbaum d'alerter : "c'est en cas de séparation que l'on se rend compte que d'autres choix moins pénalisants pour la femme auraient pu être fait".

Stratégies d'abondement

En 2021, Orange a versé un abondement unilatéral de 400 € en actions gratuites. "Cela a eu un effet d'entrainement avec une augmentation importante du taux de souscription des femmes et des non cadres. Cet abondement efface le risque pris en le complétant", témoigne Hélène Marcy, élue au Conseil de surveillance Orange Actions chez Orange et vice-présidente de la CFE-CGC Orange. Le syndicat est allé à cette occasion à la rencontre des salariés. "Nous n'avons jamais eu autant de participants et de questions dans toute la série de webinaires que nous avons organisé. L'épargne salariale est un levier fort d'interaction avec les salariés", confirme Hélène Marcy.


A défaut d'un abonnement unilatéral qui est loin d'être une disposition courante, les entreprises qui proposent un abondement font en sorte de se montrer les plus généreuses sur le premier palier de versement. A la FDJ, une société cliente de Filib, on facilite au maximum l'accès à l'épargne salariale en proposant un abonnement de 300 % sur les 300 premiers euros de versement libre. Les salariés ont la possibilité de verser chaque mois 25 euros pour obtenir cet abondement. Selon Virginie Singer, "ne plus avoir de plancher sur les versements libres est une très bonne chose. Programmer des versements réguliers de petites sommes est la meilleure façon d'aborder l'épargne salariale".

Objectif TPE

Si 1 salarié sur 2 bénéficie d'un accès à l'épargne salariale, ils sont 1 sur 4 dans les TPE. "Les responsables de TPE-PME ont une crainte, c'est celle de ne pas avoir la maîtrise de règles qui peuvent évoluer subitement. Or c'est typiquement le cas avec l'épargne salariale, surtout dans le contexte politique actuel. Il y a un besoin de confiance et de simplicité pour que l'épargne salariale se développe dans les TPE et les PME", fait remarquer Eric Scherrer, président du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie (SECI). Mais les choses bougent. "Nous observons une dynamique intéressante sur les TPE-PME dont de plus en plus de responsables comprennent l'intérêt de proposer un package rémunération qui intègre une dimension épargne salariale. L'abondement est très présent et il est souvent à son niveau maximum", souligne Virginie Singer. A noter que tous les salariés des TPE clientes d’AXA bénéficient d'un accompagnement gratuit de Filib, sans aucun coût supplémentaire pour l’entreprise. L'offre de coaching est directement intégrée dans les produits d'épargne salariale ».