Economie sociale: vers un renouvellement du concept de gouvernance ?
Comment redonner de la vitalité au mode de gouvernance démocratique de l’économie sociale ? La question se pose car, depuis quelques années, les entreprises de cet univers ont été contraintes de s’adapter à l’économie mondialisée, ce qui a pu passer par la création de filiales, par des fusions et plus généralement par un phénomène de concentration. Dans ce contexte, le système original de gouvernance qui caractérise l’économie sociale est devenu parfois difficile à mettre en œuvre et a même pu finir par n’être que purement formel.
Le sujet est aujourd’hui brûlant après la crise financière dans laquelle se sont laissées entraîner certaines banques coopératives françaises. « On aboutit facilement, comme dans l’affaire Natixis, à la disparition totale de la gouvernance démocratique et donc à la banalisation de ces entreprises » note Danièle Demoustier. nseignante-chercheur à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble.
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Quelles pistes pour un renouvellement du concept ? II semble essentiel de repenser la place des sociétaires face aux managers qui parfois ne font plus que faire entériner leurs décisions. Des réflexions sur ce thème ont lieu au sein de l’économie sociale comme dans le GIE européen de mutuelles d’assurances, Euresa, où un « groupe-projet gouvernance » a été mis en place il y a un an. « Notre axe de travail est d’établir un meilleur équilibre entre les représentants des usagers et la direction opérationnelle, même au cas où l’entreprise est une société anonyme » explique le directeur général d’Euresa, Thierry Jeantet. C’est sur cette voie de la proximité que s’est d’ailleurs engagée la Macif depuis plus de dix ans, en développant la régionalisation. Ainsi, les sociétaires élisent des administrateurs dans des conseils régionaux qui eux-mêmes élisent leurs représentants au conseil national. Pour aller plus loin et renouer avec la base, la Macif réfléchit actuellement à la mise en place d’un sociétariat de groupe, qui permettrait d’inclure les usagers de toutes les filiales, qu’elles relèvent de l’économie sociale ou pas.