EasyJet embauche 330 pilotes qui travaillaient déjà pour la compagnie
Le secteur aérien européen a de ces petits paradoxes charmants. Par exemple, quand il s’agit de demander aux dirigeants de compagnies leurs opinions sur le marché, tout va toujours de mal en pis, les consommateurs voyagent moins, dépensent moins, le carburant est trop cher etc. Mais qu’une compagnie ait une nouvelle à annoncer la concernant et elle se débrouillera toujours pour le faire de la manière la plus positive possible.
Ainsi, il y a quelques jours, easyJet s’est fait une belle publicité en annonçant que la compagnie allait embaucher 330 pilotes. En s’arrêtant aux gros titres on pourrait croire que la compagnie fait face à une croissance fulgurante de ses opérations et embauche à tour de bras. Il ne serait pas totalement déplacé de le penser d’ailleurs, EasyJet se porte plutôt bien et envisage effectivement l’achat de nouveaux appareils. Mais la réalité derrière son annonce est pourtant tout autre.
C’est le syndicat britannique BALPA (British Airlines Pilots Association) qui s’est chargé de reprendre la compagnie sur son annonce. Celui-ci dénonce non seulement la tournure employé par EasyJet mais surtout le fait que la compagnie ne créée pas 330 emplois de pilotes. À l’inverse, elle se contente d’offrir de nouveaux contrats (fruit du lobbying du syndicat) à des pilotes qu’elle emploie déjà en tant que contractuels. EasyJet, comme sa concurrente Ryanair, fait régulièrement appel à des pilotes sous contrat pour ajuster rapidement sa masse salariale (quand il ne s’agit pas carrément de s’en servir pour briser toutes velléités de syndication, comme s’en vante Michael O’Leary).
Quand bien même, il est tentant de voir dans l’initiative d’EasyJet un signe d’amélioration. Après tout, si la compagnie embauche des pilotes jusque-là sous contrat, est-ce un progrès ? Pas suffisant selon le BALPA qui dénonce les salaires proposés (45 600 € pour un cadet) à de jeunes pilotes qui se sont généralement endettés à hauteur de plus de 100 000 € et se retrouverons au bout du compte à gagner « moins d’argent qu’un employé de McDonald’s ». Que les pilotes d’EasyJet se rassurent, ils ont au moins un syndicat pour les défendre…