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Concessions hydrauliques : Ségolène Royal tente un passage en force
Avec la nouvelle ministre de l’Énergie, Ségolène Royal, le changement n’est décidément pas maintenant !
Alors que le 29 avril, la ministre présidait un conseil national de la transition écologique, au cours duquel a été abordé le calendrier de la loi sur la transition énergétique, la ministre de l’Énergie n’a rien dit sur la décision lourde de conséquences sur les concessions hydrauliques qu’elle a annoncé l’après-midi via un communiqué de presse.
Cette annonce, faite en catimini et sans aucune concertation, en dit long sur la conception du dialogue que la ministre compte faire prévaloir lors du débat sur la transition énergétique.
La décision est grave. Elle vise à démanteler EDF en sortant l’hydraulique gérée par cette entreprise et en plaçant ces activités dans des sociétés d’économies mixtes (SEM), ce qui revient à dire que dans l’état actuel du droit, 49,9 % des capitaux pourront être privés.
En outre, le texte indique bien que « le principe communautaire de concurrence sera appliqué aux entreprises de production d’électricité, partenaires des SEM ». Bref, avec cela, on a la concurrence plus le démantèlement d’EDF. Il fallait le faire !
Intérêts bradés
Ce projet funeste s’inscrit dans la volonté de certains de casser le modèle du service public national et républicain et de revenir à des modèles d’organisation locaux d’avant-guerre. Drôle de modernité !
Alors que la question qui est aujourd’hui posée, dans cette période d’élections européennes, est bien celle de savoir si notre pays a encore une indépendance notamment en matière d’organisation de ses services publics, le gouvernement brade les intérêts nationaux sur l’autel de l’Europe. Pourtant, aucun texte n’impose la mise en concurrence de l’hydraulique et des pays comme l’Allemagne ont su, eux, protéger efficacement leurs intérêts nationaux.
Avec ce système, la France va être quasiment le seul pays à ouvrir son système aux sociétés étrangères.
Notre fédération combat avec détermination cette offensive menée contre le service public national, facteur de l’égalité entre les territoires. Nous militons en faveur de la prolongation des concessions existantes. Mais nous demandons à être immédiatement reçus par la ministre sur ce sujet central par une lettre ouverte. Le personnel a le droit à autre chose que le mépris dont il vient d’être l’objet de la part de ce gouvernement.
Rappelons que l’énergie hydraulique est la première énergie renouvelable : 150 concessions hydrauliques arrivent à échéance avant 2023, représentant 25 % de la production d’hydroélectricité en France. Une décision maintes fois retardée doit être prise, d’autant qu’un rapport parlementaire a été rendu sur cette question en octobre 2013.