Organisations
Ces marques coopératives fidèles à leur histoire
Savoir évoluer au sein d’un monde en accélération constante et traversé de crises multiples, sans se renier, ni mourir, tel est le défi que relèvent de nombreuses entreprises françaises issues du modèle coopératif. Une fidélité qui peut en effet s’avérer payante ; quelques exemples en font foi…
Mais ce genre de trajectoire, si elle peut paraître sans doute plus évidente dans un domaine comme celui de l’agriculture biologique et la philosophie que l’on lui imagine associée, s’observe pourtant dans des secteurs très différents. Intersport, par exemple, numéro 2 français dans la distribution d’articles de sport derrière Décathlon, a fait perdurer son modèle de coopérative, comme Biocoop. La dimension solidaire, consubstantielle à celui-ci, a mené dans ce cas précis à faire d’Intersport un membre du BSCI (business social compliance initiative), un engagement pour la responsabilité sociale de l’entreprise. Or, à l’origine de cette fédération de groupements d’achats de divers pays réalisée en 1968, se trouve, pour la France, La Hutte, créée en 1924 par l’association des scouts de France afin de diffuser des uniformes et du matériel de scoutisme… Cet esprit originel a donc su traverser les décennies, l’internationalisation et les évolutions du marché, sans se trahir et tout en continuant de porter ses fruits. Car les coopératives ne sont pas cantonnées à la seconde division : certains rivalisent avec les plus grandes sociétés cotées.
Qui dit « fidélité » dit « cohérence » et, comme on le constate à travers ces quelques exemples, il s’agit également d’une vertu qui exige paradoxalement davantage de capacités d’adaptation que le réflexe du zapping ou de la table-rase inhérents à une économie parfois trop financiarisée. Or, nous le savons au moins depuis Darwin, ce sont les mieux adaptés qui peuvent le mieux survivre.
La coopérative, un modèle d’adaptation
« Si l'entreprise moderne était une coopérative ? En décidant de mettre en avant le modèle économique et social des coopératives, l'ONU souligne le poids du secteur coopératif dans l'économie mondiale et encourage le développement de celui-ci... », pouvions-nous lire dans L’Express en 2012, année où l’organisation internationale célébrait la pertinence d’un pareil modèle. Pourquoi un tel constat ? C’est que les dimensions démocratiques du modèle coopératif et sa logique de proximité se trouvent appropriées aux situations économiques globalisées et hyper-concurrentielles qui sont actuellement les nôtres. En effet, elles offrent aux entreprises un potentiel de réactivité et d’adaptation précieux pour survivre et progresser dans un tel contexte. D’où cet apparent paradoxe : c’est en demeurant fidèles à des formes d’organisation et de fonctionnement que l’on pourrait croire « artisanales » (ou en tout cas désuètes et surannées) que certaines de ces entreprises sont parvenues à se positionner en pointe de leur secteur ou à progresser dans un environnement pourtant défavorable.Le sens de l’histoire
En plus d’une organisation se révélant étonnamment efficiente, les coopératives ayant su perpétuer leur modèle bénéficient d’un autre avantage : une aventure économique à raconter. Prenons l’exemple du premier réseau de magasins bio en France : Biocoop. À l’origine, dans les années 1970, il s’agissait d’un rassemblement de consommateurs se fédérant avec l’objectif de promouvoir et rendre accessible l’agriculture biologique. Cet objectif et la manière de l’atteindre se sont confirmés par une charte en 1986, un cahier des charges en 1993 et aujourd’hui : « leader sur un marché de niche en pleine expansion, Biocoop représente un modèle unique en son genre : magasins, producteurs, salariés et associations de consommateurs siègent au conseil d'administration ». Charte éthique, valorisation des petits producteurs et approvisionnements locaux, toutes ces pratiques s’inscrivent naturellement à la suite de la démarche initiale et accompagnent le succès actuel.Mais ce genre de trajectoire, si elle peut paraître sans doute plus évidente dans un domaine comme celui de l’agriculture biologique et la philosophie que l’on lui imagine associée, s’observe pourtant dans des secteurs très différents. Intersport, par exemple, numéro 2 français dans la distribution d’articles de sport derrière Décathlon, a fait perdurer son modèle de coopérative, comme Biocoop. La dimension solidaire, consubstantielle à celui-ci, a mené dans ce cas précis à faire d’Intersport un membre du BSCI (business social compliance initiative), un engagement pour la responsabilité sociale de l’entreprise. Or, à l’origine de cette fédération de groupements d’achats de divers pays réalisée en 1968, se trouve, pour la France, La Hutte, créée en 1924 par l’association des scouts de France afin de diffuser des uniformes et du matériel de scoutisme… Cet esprit originel a donc su traverser les décennies, l’internationalisation et les évolutions du marché, sans se trahir et tout en continuant de porter ses fruits. Car les coopératives ne sont pas cantonnées à la seconde division : certains rivalisent avec les plus grandes sociétés cotées.
Des géants coopératifs
Première enseigne de distribution non-alimentaire de France, la chaîne d’opticiens Optic 2000 hérite également d’un historique puisque la société, baptisée GADOL à sa création, en 1962, se trouvait alors être un groupement d’achat des opticiens lunetiers (GADOL). La fidélité à cet ADN est ici aussi revendiquée par l’entreprise. Ainsi, le secrétaire général d’Optic 2000, Yves Guénin, explique-t-il : « Cela signifie que le groupe est constitué d’un réseau d’opticiens dont la gouvernance est entièrement régie par un mode de fonctionnement démocratique. Ce qui suppose évidemment la capacité de ses participants à dégager un consensus. Je pense donc que, dès le départ, les valeurs de dialogue et de respect mutuel ont été ancrées dans les gènes de l’entreprise ». Un mode de fonctionnement qui continue de démontrer son efficacité, comme le prouvent les résultats de 2014 traduisant une progression de l’enseigne sur un marché pourtant particulièrement difficile. Avec près de 2 300 points de vente et 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2014, le groupe Optic 2000 joue dans la cour des grands mais sans renier pour autant son appartenance au monde coopératif et une histoire qui l’a porté de coopérative locale au statut de géant économique de l’économie sociale et solidaire que nous connaissons aujourd’hui. Une fidélité aux origines payantes face à des consommateurs en quête d’un peu de sens et de profondeur dans leurs actes d’achat.Qui dit « fidélité » dit « cohérence » et, comme on le constate à travers ces quelques exemples, il s’agit également d’une vertu qui exige paradoxalement davantage de capacités d’adaptation que le réflexe du zapping ou de la table-rase inhérents à une économie parfois trop financiarisée. Or, nous le savons au moins depuis Darwin, ce sont les mieux adaptés qui peuvent le mieux survivre.
Pas encore de commentaires