Canal+ : dumping social sur la production des émissions
Flab Prod, cette entreprise de production audiovisuelle produit aujourd'hui des émissions comme L'Édition Spéciale, diffusée du lundi au vendredi sur Canal+, deux émissions hebdomadaires diffusées le dimanche : Pop Com et Canal Football Club, entre autres.
D'autres projets sont dans les cartons, notamment à l'occasion de la diffusion de la prochaine coupe du monde de football.
Cette société réalise la quasi-totalité de son chiffre d'affaires avec Canal+. Pourtant Canal+ n'en possède que 48 %, laissant aux deux fondateurs les 52 % restants.
Par deux fois, nous avons posé des questions au comité d'entreprise, sans obtenir de réponse claire sur le niveau de dépendance économique de cette société vis-à-vis de Canal+ et sur les choix de ce producteur, alors qu'existe en interne NPA Prod, une société totalement contrôlée par la groupe et qui réalise le même travail.
- Ainsi, on déshabille NPA Prod en permettant à Flab de produire des émissions phares de notre chaîne, essentielles pour Canal+, d'abord pour le clair, puis pour le crypté.
Pourquoi ? Respecte-t-on les règles commerciales, la bonne éthique dont on nous rabat les oreilles à longueur d'année ?
Pas de réponse au CE. Pas de réponse non plus aux courriers qui ont suivis !
Deux courriers expédiés au secrétariat général de Canal+, gardien de la charte éthique, sont eux aussi restés sans réponse !
Serait-il si compliqué d'aborder cette question ?
Touche-t-on à des secrets d'État ? Ou plus simplement, n’est-on pas sur la limite en matière de respect des règles commerciales et éthiques en vigueur ?
Et le social ?
Là aussi, le bât blesse. Combien de salariés en CDI chez Flab ? Un, peut-être deux. Pas plus.
Le reste : des intermittents, des CDDU bien comme il faut.
- Économiquement, c'est une évidence, le coût de la masse salariale de ces salariés doit être bien plus réduit que celle des salariés de NPA Prod !
Pas de syndicat, aucun représentant du personnel élu aux dernières élections voulues par la direction de la société. Un no man's land social !
Les émissions s’arrêtent, pas de plan social, on arrête le contrat de prod, ni vu ni connu ! Tout le monde est content... Presque tout le monde !
Nous considérons toutefois qu’une grande entreprise comme Canal+ doit assumer ses responsabilités sociales. Intermittents ou pas, il faudra bien un jour se pencher sur l’avenir de ces centaines de salariés aux contrats de travail précaires, sans sécurité d’avenir, sans gestion de carrière, pouvant être rejetés du jour au lendemain sur la marché du travail. Est-ce l'avenir de la production pour les émissions de Canal+ ?
Est-ce là le modèle que Canal+ veut porter et développer dans ce domaine ? Précarité, contraintes sociales, modèle jetable, rien n'est engageant dans cette affaire, sauf peut-être pour quelques uns.
Canal+ doit être une entreprise portée vers le progrès social, vers un modèle respectueux de tous dans son domaine d’activité, la production et la diffusion audiovisuelle. Nous en sortirions grandis.
Malheureusement, aujourd'hui, nous constatons tous les jours cette volonté de tirer vers le bas notre modèle social ! La négociation sur une convention collective de branche imposée par le STP, le syndicat des télévisions privées, présidé cette année par Canal+, en est un bon exemple. Mais inutile d'aller chercher à l'extérieur, la panne sociale à Canal+ est bien réelle. Nous aurons l'occasion d'y revenir.