Organisations
BNF : un syndicaliste tente de se suicider pour dénoncer ses conditions de travail
Le secrétaire du CHSCT de la BNF accuse la direction de le « placardiser » depuis deux ans.
Un syndicaliste, par ailleurs secrétaire du comité d'hygiène, sécurité et des conditions de travail (CHS-CT) de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) a tenté de se suicider pour protester contre ses conditions de travail, a-t-on appris par un communiqué publié par le site Bibliothèque en lutte.
Dans une lettre envoyée le matin même, le syndicaliste accuse la direction « de (le) laisser mourir à petit feu, sans jamais le dire, en (le) laissant depuis deux ans dans un placard à ne rien faire ».
«J’accuse la BNF, quoiqu’elle puisse s’en défendre, d’avoir sans jamais le dire fait en sorte de me pousser dans une impasse, pas en prétexte des mes (in-)capacités professionnelles, mais en raison de mon engagement syndical et activités au CHSCT », attaque le syndicaliste.
Les faits se sont déroulés il y trois semaines sur le toit du site de Richelieu (IVème).
« Alertés, les pompiers parviennent, avant qu’il ne commette son geste, à entrer en contact avec lui, à discuter et parlementer une heure durant et l’un d’eux, que nous ne finirons jamais de remercier, le rattrapera in extremis alors qu’il basculait dans le vide », précise le site Bibliothèque en lutte.
Dans sa lettre à la direction, le syndicaliste affilié à la FSU, précise que « depuis 2005 et l’affaire de l’amiante à Versailles/Tolbiac, puis du pyralène à Richelieu, des incidents à répétition sur le chantier de rénovation, jusqu’à aujourd’hui avec la pollution au plomb (y compris dans la zone 2 en activité), mon action semble avoir été trop dérangeante, jusqu’à avoir suscité une prise à partie en séance par la présidente du CHS-CT ».
De son côté, la section FSU de la BNF dénonce l’attitude de la direction. « Nous ferons tout pour que jamais plus une telle chose n’arrive. Ce n’a apparemment pas été la voie empruntée par la direction actuelle de la BNF. Deux jours après le drame et alors qu’aucune mesure, contrairement à ce qu’exige la loi, n’avait été prise pour accompagner psychologiquement les acteurs et spectateurs de la scène ».
- Surtout le syndicat pointe la communication de la direction. « Elle a publié sur l’intranet de la BNF, un communiqué d’une langue de bois que n’auraient certes pas reniée les plus zélés parmi les bureaucrates de feu la RDA ».
Une communication pour le moins maladroite qui n’aurait pas eu l’effet espéré selon le personnel. « Écoeurés autant qu’indignés par cette prose orwellienne, les membres de la section FSU, appuyés par l’entièreté des organisations syndicales de l’établissement et de très nombreux agents scandalisés, ont aussitôt exigé que soit publié un nouveau communiqué ». Ce qui, devant l’émotion suscitée, a été fait sans délai par le président de la BNF, Bruno Racine.
« En présence de la directrice générale, j’ai confirmé l’engagement pris par celle-ci d’ouvrir très rapidement un chantier sur la prévention, l’identification, le traitement et le suivi des situations de souffrance », affirme dans un communiqué, Bruno Racine, recadrant ainsi une direction visiblement défaillante dans le domaine de la santé au travail
Mais pour les syndicats « c’est bien tout un univers délibéré de manque de travail (ou de trop-plein de travail), d’instabilité, d’absence totale de perspective professionnelle, de déconsidération, de passe-droit et d’oubli permanent du sens des missions et de la fonction publique que l’on a vu se mettre en place depuis une dizaine d’années » qui amène à ce genre de situation.
« L’omniprésence de la communication et de l’argent (création de la filiale) et les réductions d’effectifs à marche forcée instituées par les différents pouvoirs,, tout cela ressort en creux dans le geste d’Olivier V. », conclut amèrement Bibliothèque en lutte.
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