Organisations
Appel à la grève historique à la Saur
« Faire grève, ce n’est pas dans nos gènes mais, là, les gens sont choqués. C’est la première fois qu’un appel est lancé par tous les syndicats sur l’ensemble des sites, on attend une mobilisation très forte », explique Frédéric Buenafortuna, délégrué central FO à la Saut, numéro trois de l'eau en France, employant 12 000 salariés.
Le mot d’ordre de ce mouvement illimité à compter du 3 avril porte sur la réouverture des négociations salariales.
Alors que les syndicats se sont vu imposer une hausse de seulement 1% pour 2013 en raison des difficultés financières de l’entreprise, la direction a reconnu qu’un bonus de 200 000 euros avait été versé pour l’exercice 2012 au président, Olivier Brousse. « C’est resté en travers de la gorge de tout le monde », ajoute le délégué FO.
- La Saur appartenait historiquement à Bouygues, qui l’a revendue au consortium PAI Partners en 2005. Ce dernier l’a cédée à son tour en 2007 par « leverage buy out » (LBO) à un consortium (Hime) constitué de la Caisse des Dépôts (38 %), de l’industriel Séché (33 %), d’AXA (17 %) et du fonds belge Cube (12 %).
Depuis, c’est la descente aux enfers
« PAI a revendu la Saur 2,4 milliards d’euros et depuis, le groupe est plombé par une dette énorme. Avec la crise et la baisse de financement des collectivités locales, la Saur ne parvient plus à verser de dividendes à la holding Hime sans se mettre en difficulté », poursuit Frédéric Buenafortuna.
Le CCE a déposé un droit d’alerte le 7 mars dernier sur la situation financière du groupe. « Nous avons toujours un trou de trésorerie au printemps. Vu le contexte, nous n’avons même pas la garantie que les salaires d’avril seront payés », s’inquiète le délégué FO.
Hime et Saur ont été placées sous mandat had hoc jusqu’à fin juin.
Cette période de conciliation doit aboutir à l’abandon d’une partie de la dette et à l’injection d’argent frais par les actionnaires.
Sinon, le groupe pourrait bien être placé en redressement judiciaire...