Airbus : l'épreuve de force est engagée
Les syndicats français de l’avionneur européen ont engagé une épreuve de force pour arracher des augmentations de salaires à la hauteur des résultats de l’entreprise.
Salaires, emplois, conditions de travail : le conflit se durcit à Airbus. L’ensemble des syndicats de l’avionneur européen a appelé hier les salariés à des grèves reconductibles et tournantes, avec blocage de production sur l’ensemble des sites français.
Remettre en question le dumping social
Dans le cadre des négociations salariales annuelles, ils exigent 3,5 % d'augmentation générale des salaires, comme en 2009, alors que la direction leur a proposé jusque-là 1,9 %, dont 0,9 % de hausse individuelle.
En termes d’emplois, ils revendiquent des embauches à la hauteur de celles envisagées chez leurs collègues allemands (environ un milliers de personnes). « Il est temps d’exiger le respect des salariés et de remettre en question les délocalisations de nos charges de travail, la mise en concurrence déloyale et le dumping social organisé par nos dirigeants sur le dos des salariés français et européens », écrivent les syndicats français dans un communiqué.
Demande d'égalité de traitement au sein d'EADS
« La pression est grande sur les salariés alors que les cadences de production augmentent », souligne Jean-François Knepper (FO), avant de rappeler que le groupe avait livré près de 498 avions l'an dernier. Un record.
Pour lui, il s’agit simplement d’obtenir l'égalité de traitement avec les autres branches d'EADS (maison-mère d’Airbus) : « Chez nous, la participation va être de zéro euro et l'intéressement de 557 euros chez Airbus, alors que chez Astrium (satellites) la participation sera de 2 700 euros et l'intéressement de 1 000 euros ».
« Le problème, c’est que la direction d’Airbus a la tentation de faire prendre un virage à 180 degrés à la politique sociale de l’entreprise, après avoir cassé l’organisation et les processus industriels avec le plan de restructuration Power 8 amorcé en 200 », explique-t-il.
"La direction d’Airbus a la tentation de faire prendre un virage à 180 degrés à la politique sociale de l’entreprise" - Jean-François Knepper (FO)
Mais « c’est sans compter avec la détermination et la résistance des salariés », prévient Yvonnick Dreno, délégué FO sur le site d’Airbus-Saint-Nazaire. Après la grève d’avertissement de plusieurs milliers de salariés vendredi 23 avril dans les usines d'assemblage de Toulouse et dans la fabrication de fuselages et de cockpits à Nantes et Saint-Nazaire, les syndicats sont décidés aujourd’hui à engager l’épreuve de force.
Mais « c’est sans compter avec la détermination et la résistance des salariés », prévient Yvonnick Dreno, délégué FO sur le site d’Airbus-Saint-Nazaire. Après la grève d’avertissement de plusieurs milliers de salariés vendredi 23 avril dans les usines d'assemblage de Toulouse et dans la fabrication de fuselages et de cockpits à Nantes et Saint-Nazaire, les syndicats sont décidés aujourd’hui à engager l’épreuve de force.
Grèves tournantes au moins jusqu'au 30 avril
À Toulouse, le site d'assemblage français, qui emploie près de 12 000 salariés, ils ont appelé ainsi à bloquer le déchargement des avions cargos Beluga qui apportent les tronçons d'avions fabriqués dans les autres usines européennes. Depuis le début de semaine, ils ont commencé à organiser des grèves tournantes par secteur, qui ont affecté notamment l'assemblage des longs courriers A330 et A340. Le 27 avril, le mouvement a touché l'assemblage des A320, le lendemain celui l'A380.
La grève continue aujourd'hui, jeudi 29 avril, et perturbe l'activité d'une usine de pièces détachées et le 30 avril, c'est le bureau d'études et le siège qui sont appelés à cesser le travail.
De Toulouse à Saint-Nazaire, en passant par Nantes, leur objectif est de bloquer progressivement la chaîne de production « pour ramener à la raison » une direction qui campe pour l’heure sur ses positions.
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