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23 / 09 / 2021 | 448 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Observatoire de la confiance

Un observatoire pour mettre la confiance en débat dans les entreprises

Si on parlait de la confiance au sein des entreprises ? C’est plus que jamais le moment pour repartir du bon pied et telle est l’ambition de l’observatoire de la confiance en entreprise mis sur les rails par l’UNSA et la CFDT d’Orange, avec la volonté d’en faire un espace ouvert d’actions en mode inter-syndicales et inter-entreprises. Retour sur le débat en ligne organisé par Miroir Social le 10 septembre avec les initiateurs de cette démarche qui défriche.

 


La confiance n’a jamais été autant interrogée en ces temps accélérés de transformation économique, écologique, sociale et sociétale. A fortiori sur fond de gestion de crise pandémique, la question de la confiance des citoyens dans les représentants politiques et autres autorités compétentes se pose plus que jamais. Sans surprise, les directions générales des entreprises n’hésitent pas à jouer sur ce registre pour rassurer l’effectif mais aucune n’expose en revanche le sujet explicitement. « La question de la confiance est totalement diluée dans les baromètres de climat social. Or nous considérons au contraire qu’elle devrait être un préalable. C’est donc le sens de notre démarche que d’ouvrir la porte à un travail collectif pour appréhender la notion de confiance, avec d’autres syndicats dans un maximum d’entreprises. Nous ne nous opposons pas aux directions et la porte leur est tout aussi ouverte », explique Pierre Vars, secrétaire général de l’UNSA Orange, le syndicat à l’initiative de la création de l’Observatoire de la confiance en entreprise.
 

Le déficit de confiance transpire déjà dans le baromètre de climat social d’Orange. Si 91 % des salariés sont fiers de travailler dans le groupe, seuls 17 % considèrent en revanche que l’entreprise reconnaît la contribution de chacun. « Cet indicateur est en baisse de 6,5 % par rapport à 2020. Il illustre un profond déficit de confiance car l’accord  sur la reconnaissance des compétences et des qualifications que nous avons signé en 2017 ne se traduit pas sur les salaires. L’engagement n’est pas réciproque. Or c’est l’une des conditions de la confiance. La direction ferait bien de prêter plus d’attention à ce déficit de reconnaissance », prévient Régine Kurek, déléguée syndicale de la CFDT Orange, alors que l’inter-syndicale appelait à un mouvement de grève le 21 septembre dernier, justement sur le niveau des salaires. Et celle-ci d’ajouter : « La confiance s’oppose à la notion de contrat. C’est un engagement réciproque tacite qui met du temps à s’installer et qui peut disparaître immédiatement ». « Notre objectif n’est pas de mesurer la confiance mais d’être capables d’en appréhender le positionnement des salariés sur toutes ses dimensions que sont le rapport à la marque, l’organisation du travail, le management, les représentants du personnel et sa propre capacité à assurer son parcours professionnel. La confiance est multidimensionnelle et c’est justement ce qui fait tout son intérêt avec des phénomènes de compensation », explique Jean-Michel Camin, ingénieur de recherche, spécialiste chez Orange de l’analyse des états de confiance des clients qui préside l'Observatoire de la confiance en entreprise. Pour le moment, le questionnaire repose sur une grille volontairement réduite à 25 questions.

Un centre de ressources partagées

Toujours plus de processus, de contrôle et de suivi avec des compétences que l’on identifie : tout cela ne plaide pas pour la confiance. On se borde avant d’agir. Pour Laurent Bandelier, délégué syndical central adjoint de la CFDT Orange qui animait les riches échanges du chat : « Dans les entreprises et administrations, on retrouve une rigidité qui pousse davantage vers l’obéissance que vers la confiance ». Salim Mounir Alaoui témoigne : « J’ai commencé ma carrière professionnelle aux États-Unis. Là-bas, on fait a priori totalement confiance et on perd la confiance s’il y a faute. En France, c’est l’inverse. On commence par ne pas faire confiance et on demande à ce qu’elle se mérite. N’est-ce pas une perte de temps et d’opportunités ? ». La confiance est porteuse. À ce sujet, Bernard Salengro, président CFE-CGC de l'INRS, rappelle que « le taux de chômage et les principaux défauts de l’économie française ont le manque de confiance entre les employeurs et les salariés comme facteur principal ».
 

Toujours dans le chat, Anne-Claire Chêne, professeure en sciences de gestion sur la confiance organisationnelle à l’Université Gustave Eiffel, souligne : « La confiance est compatible avec la vigilance (ça évite la naïveté et l’aveuglement) mais pas avec la méfiance (qui consiste à a priori octroyer des intentions négatives) ». La confiance est-elle compatible avec le lien de subordination du contrat de travail ? « Il convient de faire attention aux risques d’instrumentalisation qu’il peut y avoir dès lors que la confiance devient un objet. Il s’agit donc de se montrer très précis dans la nature des questions posées », considère Florent Jonery, délégué CFTC de Worldline, qui plaide pour une plus forte capacité des syndicats à travailler ensemble pour trouver les leviers de nature à contrebalancer la communication des directions. « La marque employeur est mise en avant chez nous alors que seulement 10 % des salariés sont satisfaits des modalités du partage de la richesse », précise le syndicaliste de Worldline.  Observer la confiance est une chose, agir en est une autre. « Il faut contextualiser le questionnaire en apportant des éléments factuels pour alimenter les capacités d’analyse des répondants et des échanges que cela doit susciter. Il y a une responsabilité partagée entre les directions et les élus sur la capacité à mettre en place et à suivre les actions favorables à un climat de confiance », souligne François Geuze, auditeur social et intervenant au master GRH de l’IAE de Lille. L’observatoire de la confiance en entreprise se positionne avant tout comme un centre de ressources partagées. « Notre démarche est itérative. La confiance est avant tout une occasion d’échanger pour mieux comprendre ses ressorts et agir dessus », assure Pierre Vars qui annonce un premier questionnaire spécial sur la confiance adressé aux salariés d’Orange pour l’automne.