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26 / 04 / 2022 | 513 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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NAO

Quelles données recueillir pour préparer les NAO ?

La NAO sur les salaires se prépare à l'avance et c'est en permanence que les élus doivent être en veille pour recueillir les informations susceptibles de donner des points de repères sur tous les éléments qui composent une rémunération.  Avoir une vision globale est essentiel. C'est l'un des principaux retours du direct organisé le 18 mars avec Tandem Expertise où les représentants syndicaux de Michelin, Leroy Merlin et TotalEnergies ont partagé leur approche des NAO.


La NAO ressemble à un combat permanent pour obtenir un maximum d'informations. "Autant qu'elles soient pertinentes. Et pour cela, mieux avoir une double grille de lecture pour distinguer les éléments individuels et collectifs, de même que ceux qui sont soumis à cotisation ou non. Laisser circonscrire le champ des informations au strict salaire est une erreur car la négociation annuelle qui s'impose porte sur la rémunération, le temps de travail et le partage de la valeur ajoutée", explique Julien Sportes, le président du cabinet Tandem Expertise.


Une partie de ces informations pertinentes peuvent être obtenues dans le cadre de la consultation annuelle sur la politique sociale, une autre tient dans la capacité des syndicats à faire remonter l'information des salariés pour mieux cerner à quoi ressemble l'individualisation. Deux approches qui en se complétant peuvent s'avérer très efficaces. En complément, des informations sont spécifiquement demandées dans le cadre de la négociation.


"La négociation doit concerner l'ensemble des salariés pour construire un rapport de force. Pas seulement les non cadres pour une augmentation générale. Il ne faut ainsi pas hésiter à questionner la direction sur le fonctionnement détaillé des dispositifs de pilotage individualisé des rémunérations qui sont de plus en plus poussés à l'extrême. Au point que de nombreux managers sont les premiers à ne pas comprendre leur mode de rémunération", souligne Nathalie Nagel, responsable de mission chez Tandem Expertise qui considère comme essentiel d'être en capacité de calculer les impacts des revendications sur la masse salariale, car "c'est la grille de lecture d'une direction". "Il est donc indispensable de bien intégrer dans les réflexions ce que représentent allégements des cotisations patronales sur les bas salaires", poursuit Nathalie Nagel.

Michelin : le pouvoir de l'enquête salaire de la CFE-CGC


Depuis 10 ans, la CFE-CGC de Michelin conduit une enquête salariale annuelle à laquelle 400 salarié.es répondent en moyenne. L'occasion pour eux de mieux se repérer et une indéniable source d'adhésion pour le syndicat.


"C'est un travail sur la durée qui sous-entend un fort investissement de l'équipe syndicale mais cela paye. C'est ce qui nous a permis d'obtenir une enveloppe de 3,85 % de la masse salariale pour rattraper en deux fois les médianes salariales du marché", explique Laure Trincal, déléguée syndicale CFE-CGC. Le syndicat n'a pas manqué de mener une "enquête flash" pour sonder la mise en œuvre. Si 50 % des cadres ont obtenu entre 2 à 12 % de plus, l'autre moitié n'a en revanche rien eu...


A noter que la seconde enveloppe de rattrapage a été négociée en amont de la NAO. Reste que la direction ne s'est pas privée d'intégrer les 0,85 % dans ses propositions d'augmentation des salaires. Face à un PV désaccord, la CFE-CGC (majoritaire) demande la réouverture d'une négociation.

Leroy Merlin : les limites de la rémunération à la performance


En novembre 2021, le premier mouvement intersyndical s'est déclenché dans le cadre de la NAO sur les rémunérations débutée en octobre. Les entrepôts ont été bloqués et les débrayages se sont multipliés dans les 140 magasins. La situation illustre l'équilibre entre les mesures salariales et non salariales.
 

"Avec la prime trimestrielle d'intéressement et la participation, nous pouvions atteindre 18 mois de salaire. Cela compensait le faible niveau des salaires directs. Sauf que ce modèle ne tenait plus du fait de la baisse des primes. Alors que beaucoup de salariés ne sont plus en mesure de verser l'intéressement et la participation dans le plan d'épargne car ils se sont appauvris. C'est pour cela que nous demandions une augmentation du salaire direct", explique Stéphane Baron, le délégué syndical FO qui souligne l'importance du front syndical pour obtenir au final une augmentation de 3,9% pour les non cadres. A cela s'ajoute 35 € par mois obtenus en avril pour intégrer l'inflation.


A noter que le syndicats regrettent que le CSEC ne soit pas en capacité de voter une expertise sur la politique sociale par exemple car il n'y pas de consensus entre les élus syndiqués et ceux qui ne le sont pas…


TotatEnergies : un périmètre réduit pour négocier


La NAO couvre le périmètre du socle social du groupe en France qui représente 17 000 des 37 000 salariés du groupe TotalEnergies en France. Une filiale à 100 % comme Hutchinson se trouve par exemple exclue du "socle social". De quoi réduire les leviers de négociation. D'autant que la NAO est circonscrite au salaire direct.
 

"Nous ne pouvons que regretter que l'accord sur le dialogue social, dont nous n’étions pas signataire, réduise la NAO au seul salaire car cela ne permet pas une approche globale qui puisse par exemple intégrer les attributions d'actions gratuites qui peuvent représenter une part importante de la rémunération globale. Nous n'avons pas les informations sur les taux de distribution d'une année sur l'autre qui nous permettrait de mieux cerner les bénéficiaires", explique Bruno Henri, délégué général du Sictame UNSA.