Mieux comprendre les jeux d'influence...
Pour « L’inFO militante », Corinne Kefes nous invite à lire et faire lire cet été deux ouvrages particulièrement intéressants compte tenu de l'influence grandissante des réseaux sociaux et des fake news véhiculées par les manipulateurs d'opinion.
- "Comment faire changer d’avis n’importe qui ? "de Jonah Berger. Éditions Clés des champs
Les sciences du comportement, aidées par les progrès des neurosciences, ont permis de mettre en évidence des mécanismes dans notre cerveau qui entrent en jeu au moment de la prise de décision ou en réaction à une émotion. Ainsi, il devient possible de savoir comment influencer l’autre, convaincre sa tête ou persuader son cœur.
À l’aide de nombreux exemples concrets, l’auteur nous présente les différents freins qu’il faut surmonter pour faire changer d’avis quelqu’un.
Contre la réactance (le fait de refuser un avis ou un conseil qui semble entraver une liberté d’action), il faut proposer des choix, questionner, mettre le doigt sur une contradiction pour que l’autre se persuade lui-même.
Contre l’attachement au statu quo (la résistance au changement), il faut montrer les effets négatifs de l’inaction.
Contre la distance (l’inclination à choisir quelque chose qui va dans notre sens), il faut nuancer son propos, avancer par palier.
Contre l’incertitude (la peur du risque), il faut faire tester, créer un lien émotionnel, rendre le choix réversible.
Contre le biais d’interprétation (ce qui est bon pour l’un n’est pas toujours bon pour l’autre), il faut apporter la preuve adéquate qui crée une concordance entre le propos et la personne, trouver le bon moment.
Pour résumer, faire changer d’avis quelqu’un, c’est d’abord se mettre à sa place pour mieux le comprendre et créer un lien de confiance, par l’écoute, le dialogue, l’empathie.
Vous voici armé pour influencer ou… éviter d’être influencé.
A LIRE EGALEMENT........
- "Toxic data – Comment les réseaux manipulent nos opinions "de David Chavalarias. Aux éditions Champs actuel
Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, force est de constater l’irruption et la contagion des écrans dans nos vies. Il suffit de prendre les transports en commun le matin : têtes courbées sur nos smartphones, nous semblons déconnectés du monde qui nous entoure. Il apparaît pourtant que nous avons une part d’excuse : certains s’évertuent à nous maintenir dans cette position.
C’est tout le propos de cet ouvrage : montrer l’envers du décor. Nous pensons être informés, avertis, nous sommes en fait influencés, manipulés.
À l’ère du numérique, l’explosion des réseaux sociaux met en lumière le nouvel or binaire : la data. À l’aide de l’algorithme, nous sommes étudiés, disséqués et nos pensées sont ainsi orientées.
L’auteur évoque la façon dont sont utilisés certains biais psychologiques qui sont renforcés pour nous ôter tout sens critique : une information reçue, si elle va dans notre sens, si elle a un côté négatif ou effrayant, suscite une émotion ; si elle est envoyée par quelqu’un qu’on connaît ou qu’on reconnaît, elle sera crue et partagée sans jamais être remise en question.
Ceci fait le jeu de certains : en déformant notre perception de la réalité, en nous enfermant dans des boucles, ils fabriquent des mensonges crédibles qui se diffusent.
Cette stratégie de la désinformation divise le tissu social, le polarise et déchire sa cohésion, ce qui finit par mettre en péril la démocratie.
Aussi, il est important de savoir se prémunir de ces influences néfastes pour éviter l’intoxication numérique : vérifier les informations qu’on relaie et exercer son esprit critique, savoir prendre ses distances et analyser le contexte. Il est sans doute nécessaire aussi d’établir des lois pour encadrer les pratiques.
Voici aussi un livre à mettre entre toutes les mains : quand apprendre de l’autre est un bien.
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Etre un bon patron...
Patron de Michel Offerlé aux Éditions Anamosa – A lire également
La figure du patron donne lieu à bien des images d’Épinal : en costume et haut de forme, ventripotent et fumant le cigare, assis sur un tas d’or ou d’ouvriers, il est souvent perçu comme un profiteur, un dominateur, vorace et sans cœur.
De l’autre côté, le patron se considère souvent comme un entrepreneur, un créateur de richesses et d’innovations, un exemple de réussite.
C’est par l’histoire et la sociologie que l’auteur tente de montrer ce qu’est un patron, à travers l’évolution de la signification du mot, son engagement, ses goûts, ses valeurs, ses répulsions
Quelques lectures également
- L’envers du travail – Le loup dans la bergerie de Michel Trotta. aux Éditions Le lys bleu
Ce premier roman nous plonge dans l’univers des grands magasins, un univers qui symbolise « luxe, calme et volupté », mais qui peut cacher une réalité tout autre. C’est par les yeux de Battisti Fabiola, le détective privé engagé par le directeur d’un grand magasin de province, qu’on découvre l’envers du décor, derrière les belles devantures et les apparences.
L’enquête sur la disparition de trois employées permet de dresser les portraits types des différents personnage du magasin : un directeur qui semble investi mais dépassé, un directeur des ressources humaines rigide, une responsable de service toxique, un conseiller du DRH fraîchement sorti d’une grande école, un employé avec une grande ancienneté…
À travers leurs entretiens se dessine le tableau de leur quotidien : méthodes de management sauvages, intérêt financier passant avant celui des salariés, conditions de travail dégradées, remontées des salariés non prises en compte, rumeurs, mal-être…
Par le truchement de ses personnages, l’auteur nous transmet un véritable plaidoyer pour un monde du travail plus juste et plus humain.
- Rebelle ? – Le libertaire indigné de Oscar Brenifier aux Éditions Ancrages
Devant le monde complexe qui nous entoure, il est parfois difficile de percevoir la vérité des choses, de savoir prendre du recul afin de mieux interpréter ce que nous vivons. L’objectif de cette nouvelle collection est donc de proposer des outils pour aborder des notions essentielles, saisir leur sens premier et en mesurer les enjeux psychiques pour avoir la possibilité de s’en affranchir.
Dans cet ouvrage, c’est le concept de « rebelle » qui est présenté : entre refus d’une autorité et expression d’une liberté, c’est aussi voir la part du subjectif qui se cache derrière. À travers ses multiples facettes se dresse ainsi le portrait clair-obscur du libertaire indigné.
Grâce à une écriture accessible et une bonne dose d’humour, les idées sont abordées de façon simple, en donnant des pistes de lecture pour comprendre et ainsi développer son esprit critique.